Ukraine : bilan des attaques sur la frontière russe

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Il s’agit de la Légion « Liberté pour la Russie » de Maximillian Andronnikov « César » et du Corps des volontaires russes (RDK) de Denis Kapustin « Nikitine », qui ont revendiqué l’attaque.

Le 12 mars dernier, l’équivalent de trois gros bataillons composés, entre autres, de volontaires russes « anti-Poutine » armés, équipés et appuyés par l’armée ukrainienne et l’OTAN ont mené une série d’attaques le long de la frontière avec la Russie entre les villes de Soumy et Kharkiv. Après une semaine de combats intenses combinés à des attaques de drones contre plusieurs raffineries pétrolières russes, quel bilan peut-on dresser de cette opération ?

Une énième offensive médiatique

Tôt dans la matinée du 12 mars, les troupes ukrainiennes ont lancé des attaques sur différents point de la zone frontalière dans les régions de Belgorod et de Koursk, en déployant jusqu’à trois bataillons d’infanterie mécanisée, de l’artillerie et des chars. Les unités russes ont immédiatement engagé le combat depuis leurs positions défensives et ont immédiatement reçu le soutien d’hélicoptères pour stopper cette nouvelle offensive locale après celle lancée dans le même secteur fin mai 2023 pour faire « oublier » la chute de Bakhmout. Pour interdire toute progression sur le territoire russe, l’artillerie russe a mené une série de frappes sur les zones de pénétration des éléments ukrainiens mais aussi sur leurs zones de concentration sur le territoire ukrainien. Les drones ont également été engagés et, au cours de la matinée, les Russes annonçaient qu’ils avaient ainsi neutralisé plusieurs véhicules. De leur côté, les Ukrainiens ont également bombardé la zone frontalière avec leur artillerie mais aussi avec leurs drones. L’un d’entre eux a même frappé un bâtiment administratif dans le centre de Belgorod, situé à 40 km de la frontière. Les systèmes de défense aérienne russes sont cependant parvenus à intercepter la majorité des missiles Tochka-U et des drones lancés par les Ukrainiens au cours de la matinée. L’armée ukrainienne a également tenté un assaut vers Tetkino dans la région de Koursk, mais il a été repoussé. Simultanément, plusieurs raffineries pétrolières russes étaient elles aussi frappées par des drones provoquant des incendies. Cependant, 25 drones ukrainiens ont été abattus au-dessus des régions de Moscou, Belgorod, Koursk, Briansk, Toula et Oryol. A la fin de la journée, l’échec militaire de cette attaque est consommé tant les moyens engagés sont insuffisants sinon pour mener un raid de quelques heures, ce qui prouve que la seule motivation était donc, comme en mai 2023, médiatique à quelques jours de l’élection présidentielle russe afin de donner une image de fragilité du pouvoir russe.

Un entêtement absurde

Malgré tout, le 13 mars au matin, les Ukrainiens et leurs alliés « anti-Poutine » relancent leurs attaques sans aucun espoir raisonnable que d’entretenir la machine médiatique, notamment en Europe pour donner l’illusion d’une énième faiblesse russe. Jusqu’au 19 mars, les attaques, militairement inutiles, vont se poursuivre y compris dans le secteur de Tetkino, tout comme les frappes de drones sur les raffineries pétrolières et les tirs de lance-roquettes multiples de RM-70 Vampire, notamment sur Belgorod provoquant des morts et des blessés dans la population civile, sans que cet aspect soit mentionné dans la presse occidentale. Le week-end dernier, le ministère de 

  1. Il s’agit de la Légion « Liberté pour la Russie » de Maximillian Andronnikov « César » et du Corps des volontaires russes (RDK) de Denis Kapustin « Nikitine », qui ont revendiqué l’attaque.
  2. https://t.me/rybar/58086
  3. https://www.theguardian.com/world/2024/mar/12/russia-ukraine-war-fuel-refinery-fire-drone-strike-attack

la défense russe annonçait que les Ukrainiens avaient perdu au moins 1 500 hommes, tués, blessés, prisonniers ou disparus entre le 12 et le 16 mars ainsi que plusieurs dizaines de véhicules blindés dont des chars. Plusieurs hélicoptères ukrainiens ont également été détruits, certains par l’artillerie russe alors qu’ils venaient de déposer des troupes près de la frontière russe. Par ailleurs, cette offensive avant tout médiatique n’est pas parvenue à perturber le bon déroulement du vote comme l’espérait les chefs des unités « anti-Poutine ». Pire, suite à la victoire sans appel de Vladimir Poutine, celui-ci indiquait dès dimanche soir à l’occasion d’une conférence de presse que ces attaques rendaient de plus en plus probable une nouvelle opération russe d’envergure pour créer une zone tampon en territoire ukrainien pour protéger la Russie. Le 20 mars, alors que nous écrivons ces lignes, les accrochages sporadiques se déroulent encore dans la zone frontalière ainsi que les bombardements de part et d’autre, mais aucune action d’ampleur n’a été menée par les Ukrainiens pour tenter de reprendre pied sur le territoire russe à l’exception du village de Kozinka. Cette localité est située juste à la frontière ukrainienne. Les Ukrainiens tentent toujours de s’y infiltrer pour se cacher dans les maisons à la périphérie pour revendiquer ensuite leur présence en territoire russe sur les réseaux. Incapable de réaliser des gains sur le terrain, le régime terroriste de Kiev continue le bombardement intense des localités frontalières russes, tuant et blessant des civils.

Pendant ce temps

Dans l’indifférence des médias occidentaux qui se focalisent sur les annonces du président Macron, les combats se sont intensifiés le long de presque toute la ligne de front. Les villages situés à l’ouest d’Avdiivka sont toujours le théâtre d’âpres combats. Le 19 mars, le ministère russe de la Défense a officiellement revendiqué le contrôle total du village d’Orlivka. Dans le même temps, les forces ukrainiennes ont tenté plusieurs attaques près de Novokalinovo pour sonder les défenses russes sur le flanc nord, mais elles n’ont pas obtenu de gains significatifs. Face aux victoires russes dans la direction sud de Donetsk, le commandement militaire ukrainien a été contraint de transférer des réserves dans la région de Kurakhovo. De telles mesures sont particulièrement nécessaires car des unités ukrainiennes se rendent aux forces russes dans la région. Le 19 mars, de nouvelles vidéos partagées sur Telegram ont ainsi confirmé qu’un groupe de 18 militaires ukrainiens, y compris leur commandant, se sont rendus près de Georgievka. Alors que le printemps approche et que la météo va devenir de plus en plus favorable au déplacement de grandes unités blindées/mécanisées, on peut prévoir, en s’appuyant notamment sur les déclarations de Vladimir Poutine, que l’armée russe déclenchera avant la fin juin une offensive d’envergure pour sécuriser définitivement sa frontière dans cette zone. Très ironiquement, l’offensive « médiatique » ukrainienne n’aura finalement servi, à moyen terme, que cet objectif.

  1. https://t.me/rybar_in_english/12763
  2. https://southfront.press/putins-russia-keeps-calm-and-keeps-fighting/
  3. https://t.me/sitreports/24736

 

 

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