Élections américaines – Journal de campagne 

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Moyen-Orient : un exercice d’équilibriste sous haute-tension pour l’administration Biden-Harris

Élections américaines 2024
Ilustration LeLab Picto Le Diplomate

Par Angélique Bouchard

Outre l’économie et l’immigration, deux grandes inconnues pourraient brouiller la course à la présidentielle américaine de 2024.

La politique internationale, « les événements » restent le plus grand défi auquel une campagne présidentielle est confrontée. L’Ukraine, le Proche-Orient, sont les principaux déterminants de cette campagne présidentielle américaine en 2024.

Commençons par une analyse détaillée du Proche-Orient et de ses répercussions pour les deux candidats Kamala Harris/ Donald Trump.

Malgré la réorientation stratégique des Démocrates, le double-échec de résolution américaine à l’ONU est lourd de conséquences….

La guerre sur plusieurs fronts, menée par Israël va certainement s’intensifier jusqu’au prochain scrutin du 5 novembre. La question principale est la suivante : fera-t-elle passer l’administration Biden-Harris pour irresponsable ?

Après le massacre de 1 200 israéliens le 07 octobre, l’administration Biden a cherché à faciliter un accord visant la libération des otages toujours détenus à Gaza et à empêcher que le conflit ne s’étende aux civils libanais pris en otage par le Hezbollah. L’administration Biden est en discussion avec Israël pour obtenir un cessez-le feu temporaire entre l’État juif et le Hezbollah, dans un contexte de craintes d’une guerre plus large dans la région.

« Nous savons que les tensions sont élevées, mais nous voyons également qu’il existe une voie à suivre pour la diplomatie et c’est pourquoi cette administration fait tant d’efforts pour y parvenir » a déclaré, mercredi 25 septembre dernier, l’attachée de presse adjointe du Pentagone, Sabrina Singh (Source : US in talks with Israel, other nations to secure temporary ceasefire with Hezbollah amid fear of wider war, par Louis Casiano et Jacqui Heinrich, Fox News, 25 septembre 2024).

Le plan prévoyait un cessez-le feu temporaire de quelques semaines, dans l’espoir qu’il puisse déboucher sur un accord permanent. Un appel téléphonique, lundi 24 septembre, entre le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et le ministre israélien des affaires stratégiques, Ron Dermer, a été la première étape de la stratégie de l’administration Biden-Harris.

La France a participé aux discussions, tout comme d’autres pays arabes avec lesquels les États-Unis collaborent régulièrement. Le secrétaire d’État, Antony Blinken et d’autres conseillers du président Biden ont passé trois jours entiers à l’Assemblée générale des Nations Unies à New-York, à faire pression sur d’autres pays afin qu’ils soutiennent cette stratégie.

Les efforts américains pour garantir le cessez-le-feu ne sont pas liés aux efforts visant à garantir une trêve entre Israël et le Hamas, ainsi que la libération des otages à Gaza.

« Ce que nous disons à nos homologues israéliens, c’est que nous voulons nous assurer que vous pouvez vous protéger, protéger vos citoyens. Nous voulons que ces familles rentrent chez elles, là d’où elles viennent. Et nous ne pensons pas qu’une guerre totale soit la meilleure voie à suivre pour y parvenir » a déclaré le 25 septembre le porte-parole de la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.

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Si l’assassinat du chef du Hezbollah, décédé vendredi 27 septembre, dans une frappe de l’armée israélienne près de Beyrouth, a été reconnue comme “une mesure de justice”, par le président américain Joe Biden, ce dernier n’a cessé d’appeler à un “cessez-le-feu”. Hassan Nasrallah était un “terroriste avec du sang américain sur les mains”, a aussi déclaré le 28 septembre Kamala Harris.

Malgré cette déclaration de façade, l’administration démocrate perd la face et ne pèse plus dans le processus décisionnel. Biden s’efforce depuis un an, avec la guerre à Gaza d’apaiser les tensions sur les deux fronts, et ce, également pour ménager son socle électoral le plus à gauche, mais c’est bien Netanyahou et non Biden qui décide de l’ordre du jour au Proche-Orient.

Les autorités libanaises ont annoncé un bilan de 560 victimes des frappes israéliennes massives, le 23 septembre dernier, poussant des milliers d’autres à fuir vers le sud Liban. L’objectif est clair pour l’État juif : repousser le mandataire iranien de sa frontière nord.

Le Pentagone a annoncé le déploiement supplémentaire d’un petit nombre de troupes américaines au Moyen-Orient. Les troupes ont été déplacées à Chypre, alors que la possibilité d’une opération d’évacuation est de plus en plus probable.

Une fin négociée de la guerre actuelle aurait pu aider Kamala Harris, mais cela semble très peu probable à ce stade. A l’inverse, si le conflit s’étendait jusqu’à une guerre à grande échelle avec le Hezbollah, cela donnerait à Donald Trump l’occasion de souligner l’incapacité de l’administration démocrate à contrôler la situation.

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« Presque plus personne en Israël ne fait confiance à l’ONU »

Depuis 2006, les États-Unis et les autres puissances mondiales se cachent derrière la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies pour tenter d’empêcher une troisième guerre entre Israël et le Hezbollah, organisation terroriste désignée par les Américains. Or, deux éléments clés de cette même résolution se sont révélés largement inefficaces.

Le premier concerne la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), forte de 10 000 hommes, élargie en 2006, pour aider les Forces armées libanaises à prendre le contrôle militaire de la région, en remplacement du Hezbollah, entre le fleuve Litani et la frontière du Liban. Cependant, les relations symbiotiques croissantes entre le Hezbollah et l’État libanais, a fait de cette organisation un État dans l’État.

Le second élément déterminant de la résolution 1701 a été le désarmement présupposé du Hezbollah. Or, l’entité terroriste libanaise s’est réarmée massivement au point de disposer à l’heure actuelle de 150 000 missiles et roquettes pointés vers l’État juif. Certes, beaucoup d’observateurs s’accordent à dire qu’il s’agit d’un échec bipartisan américain, autant qu’un échec de l’ONU, puisque l’administration Bush a signé la résolution 1701. Les Américains ont injecté des centaines de millions de dollars dans la FINUL et les Forces armées libanaises, ils avaient les cartes en main depuis 18 ans et ironie de l’histoire, c’est l’Iran qui a pleinement profité de la situation. En effet, la FINUL ne pouvait agir sur le terrain qu’à la demande des Forces armées libanaises, aucune demande n’est jamais remontée, aucune mesure d’application n’a été prise.

Le chef de la minorité au sénat, Mitch McConnell, Républicain du Kentucky, a pointé l’inertie du système : la force de maintien de la paix de l’ONU au Liban, a permis au Hezbollah, d’accumuler des stocks massifs à la frontière d’Israël, dans le cadre d’une préparation claire et nette à la guerre. Pourquoi l’ONU a-t-elle fermé les yeux alors que le Hezbollah étendait son influence corrosive sur les institutions du gouvernement libanais ? » a -t-il poursuivi.

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« En laissant de côté les échecs de la soi-disant communauté internationale, le week-end dernier a une fois de plus mis en lumière la naïveté de l’Amérique face aux faits flagrants de la guerre soutenue par l’Iran contre notre ami, Israël » (Source : How a US-backed UN resolution failed to stop Hezbollah terror takeover : « Bipartisan failure », par Benjamin Weinthal, Fox News, 25 septembre 2024).

L’analyste et expert du Moyen-Orient, Tom Gross, a déclaré à Fox News Digital : « On pourrait pardonner à Israël de ne plus jamais faire confiance à l’ONU. Sa partialité totale pendant ce conflit, son empressement à croire toutes les interventions que le Hamas et le Hezbollah lui racontent, y compris les statistiques de décès de civils extrêmement peu fiables et les fausses informations sur la famine à Gaza, ainsi que son échec lamentable à faire respecter les résolutions précédentes (y compris la 1701), conçues pour arrêter les tirs de roquette sur Israël, signifient que presque personne en Israël ne fait confiance à l’ONU ».

Pour Biden, ce moment équivaut à un nouvel exercice d’équilibriste sous haute tension et ce, seulement six semaines avant l’élection présidentielle de novembre prochain. Ces nouveaux troubles régionaux sont le fuel qui alimente les critiques exponentielles de l’ultra- gauche et des conservateurs américains.

Pour le New York Times, « certains vétérans de l’équipe Biden se demandent même si M. Netanyahou n’essaierait pas intentionnellement d’aider M. Trump à remporter les élections du 5 novembre compte tenu de leur alignement passé – une théorie qui, vraie ou non, met en évidence la profonde méfiance et la suspicion qui se sont développées ces derniers mois entre Washington et Jérusalem ». (Source : How Netanyahu Is Trying to Save Himself, Elect Trump and Defeat Harris, par Thomas L. Friedman, 3 septembre 2024).

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Et si les Israéliens pouvaient voter aux élections américaines ?. …

La politique au Proche-Orient de l’administration Biden- Harris est une hydre à plusieurs têtes.

« Nous devons parvenir à un accord ! » a déclaré la VP Harris, à propose d’Israël et du Hamas.

Pour Trump, la réponse est claire : Israël doit gagner et vite, qu’il s’agisse de l’ennemi qu’est le Hamas ou le Hezbollah libanais. Dans ce contexte explosif, pour qui les Israéliens voteraient-ils, s’ils pouvaient voter aux élections présidentielles américaines de novembre 2024 ?

Le Jewish People Policy Institute a mené une enquête auprès des Juifs israéliens en juillet dernier, avant que le président Biden ne se retire de la course. 51% des sondés préfèrent Donald Trump, contre 35% contre Biden. 14% déclarent n’avoir aucune opinion.  Une actualisation des données le 22 juillet dernier démontrent que la candidate Harris est considérée comme nettement moins pro-israélienne par les juifs américains que Biden. Les positions des participants à l’enquête sont à nuancer en fonction de leur engagement politique. Ainsi les juifs libéraux et conservateurs estiment que les positions de Harris à l’égard d’Israël sont considérablement moins favorables que son prédécesseur. Seuls les répondants qui s’identifient comme « très libéraux », considèrent Harris comme pro-israélienne. (Source :https://jppi.org.il/en/%D7%A1%D7%A7%D7%A8-%D7%91%D7%A7%D7%A8%D7%91- )

Israël est un pays profondément divisé sur le plan politique, mais uni par la seule nécessité de vaincre l’ennemi pour sa sécurité. Gagner la guerre contre le Hamas et contre le Hezbollah libanais sont les déterminants fondamentaux dans l’unité de la nation israélienne.

L’administration Biden- Harris a joué au yo-yo depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, pour apaiser son socle électoral identitaire et d’ultra-gauche, notamment après les émeutes universitaires. Ses hésitations et rétropédalages se sont poursuivis avec la question de la livraison d’armes à l’État juif tout en tentant de contenir les forces de défense israéliennes. De nombreux Israéliens attendent le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025.

En revanche, l’Iran a pris pour cible la campagne de l’ancien président. Il est fort à parier que les mollahs préfèrent une victoire du duo démocrate Harris-Waltz à une victoire de Trump-Vance. Donald Trump a en effet mené une campagne de « pression maximale » contre Téhéran, qui avait presque ruiné le régime de Téhéran, jusqu’à l’arrivée de Joe Biden qui a pris des mesures d’assouplissement des sanctions. Dès lors, des milliards d’actifs iraniens ont été dégelés afin d’obtenir la libération d’otages.

Quant aux électeurs américains, ils ne se soucient guère dans la grande majorité d’Israël ou de l’Iran. Ils s’inquiètent de l’inflation, de la sécurité, de l’immigration, des droits reproductifs, en conclusion des problématiques internes. Le moyen d’y parvenir est de libérer l’appareil productif américain et de soutenir pleinement la production nationale d’énergie américaine. De ce point de vue, Trump a la majorité des électeurs qui se préoccupent de juguler l’inflation. Tout comme Harris, qui garde la majorité chez les électrices féministes pro-avortement et les électeurs pro-LGBTQ+.

Pour les quelques pour cent d’Américains, qui votent pour la sécurité nationale et la « paix par la force », et surtout pour ceux qui prient pour la paix à Jérusalem et dans la région, y compris pour la paix du peuple iranien, le choix est clair : Donald Trump !

(Source : Morning Glory : What if Isarelis could vote in US elections ?, par Hugh Hewitt, Fox News, le 24 septembre 2024)

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