Par Olivier d’Auzon
La stratégie économique et diplomatique de Donald Trump se précise et menace de redistribuer les cartes en Asie, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la région énonce William Pesek dans son article publié dans Asia Times, intitulé : « Trump vs China is about to rock Asia’s world ».
Depuis sa victoire à l’élection présidentielle américaine le 5 novembre 2024, Donald Trump a multiplié les annonces et nominations qui illustrent une approche résolument dure envers la Chine. Parmi ses promesses, l’imposition de tarifs douaniers allant jusqu’à 60 % sur les produits fabriqués en Chine, un changement radical qui pourrait bouleverser les relations commerciales mondiales et exacerber les tensions en Asie.
Un cabinet résolument anti-Chine
Les récentes nominations de Trump à des postes stratégiques témoignent d’une orientation claire. Marco Rubio, sénateur de Floride et critique féroce de Pékin, devrait devenir le prochain secrétaire d’État américain. Rubio est déjà sanctionné par la Chine, ce qui lui interdirait même de s’y rendre. “Sa nomination est un cauchemar pour Pékin”, affirme Zhu Junwei, directeur du Grandview Institution à Pékin.
D’autres figures clefs viennent renforcer cette ligne dure à l’instar de Robert Lighthizer, ancien représentant au commerce sous Trump, devrait retrouver son poste pour piloter la stratégie tarifaire. En janvier 2024, il avait évoqué des mesures radicales, dont une dévaluation du dollar pour stimuler les exportations américaines (The Washington Post). De son côté, Mike Waltz, connu pour ses attaques acerbes contre la Chine, est pressenti comme conseiller à la sécurité nationale.
Une stratégie économique controversée
La vision économique de Donald Trump, forgée dans les années 1980, mise sur des tarifs douaniers élevés et des politiques protectionnistes. “Les tarifs de 60 % envisagés sur les produits chinois pourraient facilement grimper à 100 % ou plus”, rapporte The Washington Post.
Les économistes, cependant, sont sceptiques quant à l’efficacité de cette approche. “Les taxes de l’ère Trump 1.0 n’ont pas renforcé la compétitivité américaine. Les nouvelles ne le feront pas non plus”, affirme Andrew Tilton, économiste en chef Asie-Pacifique chez Goldman Sachs (Bloomberg).
Des répercussions pour l’Asie
La région Asie-Pacifique pourrait se retrouver en première ligne si Trump met en œuvre sa stratégie. Les déficits commerciaux croissants entre les États-Unis et plusieurs pays asiatiques, notamment le Vietnam, la Corée du Sud et Taïwan, les exposent à des sanctions similaires à celles prévues pour la Chine.
Selon des données de Bloomberg, l’excédent commercial du Vietnam avec les États-Unis a atteint 90 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de 2024. Pendant ce temps, la Corée du Sud a enregistré un excédent record de 44,4 milliards de dollars en 2024, dont 30 % proviennent des exportations de voitures.
“Une guerre commerciale élargie pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales et nuire à la croissance économique régionale”, prévient Tilton.
Une opportunité pour Pékin ?
Face à ces menaces, la Chine pourrait adopter une stratégie de résilience en recentrant son économie sur la demande intérieure. “La Chine a déjà utilisé cette approche pour atténuer les effets des précédentes sanctions américaines”, souligne le Financial Times.
Pékin pourrait également renforcer ses partenariats avec les pays émergents, notamment au sein des BRICS, ou envisager des représailles économiques contre des entreprises américaines comme Apple ou Tesla.
Finalement,pour les analystes, les mesures protectionnistes de Donald Trump, inspirées d’une époque révolue, risquent de nuire autant aux États-Unis qu’à leurs partenaires commerciaux. Comme le résume Zhu Junwei, “tenter de ressusciter un système commercial des années 1980 est non seulement irréaliste, mais dangereux pour la stabilité mondiale“
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