Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie). Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R.
L’Europe traverse une phase de transition délicate après avoir réduit de manière drastique sa dépendance énergétique à la Russie, conséquence de la guerre en Ukraine et des pressions géopolitiques subies ces dernières années. Les nouvelles dynamiques d’approvisionnement ont poussé le continent à diversifier ses sources, mais cette diversification n’équivaut pas à une réelle indépendance énergétique. Elle se traduit plutôt par une nouvelle forme de dépendance envers des acteurs globaux émergents qui occupent rapidement une position stratégique sur le marché européen.
Les États-Unis sont devenus le principal fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’Europe, compensant le vide laissé par la Russie avec des exportations en forte croissance qui ont fait du Vieux Continent le marché de référence pour les producteurs américains. Ce flux de GNL renforce non seulement la présence des États-Unis en Europe, mais consolide également un lien stratégique qui s’entrelace avec les dynamiques politiques et militaires transatlantiques.
Le Qatar joue un rôle crucial avec sa capacité d’exportation de GNL. La signature de nombreux accords à long terme avec des pays comme l’Allemagne et l’Italie assure une stabilité apparente, mais non exempte d’implications politiques. La proximité géographique et des infrastructures avancées font du Qatar un partenaire indispensable pour l’Europe, tout en ancrant cette dépendance dans un contexte géopolitique fragile.
La Norvège représente un pilier essentiel pour les approvisionnements européens, ayant augmenté sa production de gaz pour répondre à la demande croissante du continent. Ses gazoducs garantissent un flux stable et continu, faisant de ce pays un partenaire fiable, notamment pour les nations d’Europe du Nord.
L’Algérie a renforcé sa position sur le marché énergétique européen, devenant un fournisseur stratégique en particulier pour les pays méditerranéens comme l’Italie et l’Espagne, grâce à un réseau de gazoducs existants et à de nouveaux accords qui ont élargi les volumes d’exportation. La proximité avec l’Europe fait de l’Algérie un choix naturel pour le sud du continent, bien que cette relation soit complexe en raison de l’instabilité interne du pays.
L’Azerbaïdjan, via le gazoduc TAP, a intensifié ses exportations vers l’Europe, consolidant son rôle de partenaire stratégique pour l’Europe du Sud. Ce flux énergétique représente une opportunité pour cette région, qui doit néanmoins faire face aux complexités géopolitiques du Caucase.
Bien que l’Europe ait diversifié ses sources d’approvisionnement énergétique, elle reste piégée dans une nouvelle forme de dépendance. Passer de la Russie à des acteurs comme les États-Unis et le Qatar ne supprime pas les risques, mais les déplace sur un plan différent, lié aux dynamiques de marché et à la stabilité politique des nouveaux fournisseurs. L’autosuffisance énergétique demeure un objectif lointain, et la transition vers les énergies renouvelables nécessitera des années pour garantir une véritable indépendance énergétique. Entre-temps, la capacité de l’Europe à gérer cette nouvelle dépendance dépendra de la solidité de ses contrats et de la stabilité géopolitique de ses fournisseurs, sans laquelle le continent reste vulnérable aux fluctuations mondiales et aux tensions internationales.
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Giuseppe Gagliano a fondé en 2011 le réseau international Cestudec (Centre d’études stratégiques Carlo de Cristoforis), basé à Côme (Italie), dans le but d’étudier, dans une perspective réaliste, les dynamiques conflictuelles des relations internationales. Ce réseau met l’accent sur la dimension de l’intelligence et de la géopolitique, en s’inspirant des réflexions de Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’École de Guerre Économique (EGE)
Il collabore avec le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) (Lien),https://cf2r.org/le-cf2r/gouvernance-du-cf2r/
avec l’Université de Calabre dans le cadre du Master en Intelligence, et avec l’Iassp de Milan (Lien).https://www.iassp.org/team_master/giuseppe-gagliano/
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