ANALYSE – Le Maroc au cÅ“ur des négociations secrètes pour la libération de Bazoum

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Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

Dans la plus grande discrétion, depuis le mois de septembre 2023, la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service du renseignement extérieur du Maroc, a mené des négociations secrètes avec la junte militaire du Niger dans le but de faciliter la libération de Mohamed Bazoum, l’ex-président du Niger, qui est détenu depuis près d’un an et demi après le coup d’État du 26 juillet 2023, révèle Africa Intelligence.

Le 26 juillet 2023, Mohamed Bazoum, élu démocratiquement président du Niger, a été renversé par le général Abdourahamane Tiani et une junte militaire qui a pris le pouvoir à Niamey. Depuis lors, Bazoum est enfermé par les putschistes dans des conditions strictes, tandis que la communauté internationale, y compris les nations africaines via la CEDEAO et des puissances occidentales, réclame sa libération. Cependant, malgré les pressions croissantes et les sanctions imposées par des entités régionales et internationales, Bazoum reste en détention.

Ce coup d’État a plongé le Niger dans une situation complexe, avec des répercussions importantes sur la stabilité du pays et de la région du Sahel, déjà marquée par des défis sécuritaires liés à la présence de groupes djihadistes. Les putschistes, bien qu’ayant consolidé leur pouvoir à travers des mesures fermes, se trouvent confrontés à une pression extérieure croissante, qui cherche à restaurer l’ordre constitutionnel et à libérer l’ex-président.

Les intérêts considérables en Afrique de l’Ouest et au Sahel du royaume marocain

Le Maroc, bien que non directement impliqué dans les événements internes du Niger, a vu dans cette crise une opportunité de jouer un rôle de médiateur et d’intervenant stratégique dans la région du Sahel. Loin d’être un acteur extérieur indifférent, le royaume a des intérêts considérables en Afrique de l’Ouest et au Sahel, notamment en raison de sa politique de coopération régionale et de ses liens économiques et sécuritaires avec plusieurs pays de cette zone.

En septembre 2023, laDGED, service de renseignement marocain, a pris l’initiative de mener des pourparlers discrets avec les autorités militaires du Niger, dans le but d’obtenir la libération de Mohamed Bazoum. Ces négociations, menées dans l’ombre et loin des regards extérieurs, montrent une volonté marocaine de maintenir de bonnes relations avec le Niger tout en s’affirmant comme un acteur clé de la diplomatie régionale.

Les objectifs stratégiques

Pour le Maroc, plusieurs facteurs motivent cette intervention. Tout d’abord, il s’agit de préserver ses relations diplomatiques avec le Niger, un pays avec lequel il entretient des liens historiques et politiques. En facilitant la libération de Mohamed Bazoum, le Maroc pourrait non seulement renforcer sa position de médiateur, mais aussi jouer un rôle crucial dans la préservation de la stabilité du Sahel, région stratégique pour la sécurité africaine et les intérêts économiques mondiaux.

En outre, ces négociations visent à éviter l’escalade de la crise, qui pourrait affecter la région dans son ensemble, et à prévenir l’isolement diplomatique du Niger. Le Maroc, tout en restant dans l’ombre de ces pourparlers, pourrait se positionner comme un acteur clé dans la résolution de cette crise, renforçant ainsi son influence politique en Afrique de l’Ouest et au Sahel.

Quid des implications diplomatiques ?

Si les négociations secrètes aboutissent à la libération de Mohamed Bazoum, cela pourrait avoir des répercussions considérables sur la scène diplomatique internationale. Le Maroc, en tant que médiateur efficace, verrait sa stature renforcée, et sa capacité à jouer un rôle central dans les affaires africaines serait mise en avant. Cependant, cette opération pourrait également déstabiliser la junte nigérienne, qui pourrait être perçue comme concédant trop de terrain aux pressions extérieures, surtout en cas de compromis sur la question de la libération de Bazoum.

La réussite de cette mission pourrait également offrir une opportunité à la communauté internationale de réévaluer ses relations avec la junte et de repenser les sanctions imposées au Niger.

Toutefois, l’issue des négociations demeure incertaine, car elle dépend de la volonté des putschistes à accepter une solution négociée, alors que la junte reste déterminée à maintenir son pouvoir.

Cette mission secrète menée par la DGED s’inscrit dans une dynamique complexe, où le Maroc, en agissant dans les coulisses, cherche à influer sur l’évolution de la situation politique au Niger. Au-delà de la libération de Mohamed Bazoum, cette démarche permet au royaume chérifien de se positionner comme un médiateur clé dans la crise du Sahel, tout en poursuivant des objectifs stratégiques à la fois diplomatiques et sécuritaires. Si ces négociations réussissent, le Maroc pourrait non seulement renforcer son rôle dans les affaires africaines, mais aussi redéfinir son influence au sein d’une région en pleine turbulence.

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