ANALYSE – Alaska 2025 : Le tête-à-tête qui pourrait redessiner la carte de l’Europe

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Donald Trump et Vladimir Poutine face-à-face sur fond de carte de l’Europe fracturée : une confrontation symbolique entre États-Unis et Russie, avec l’avenir stratégique du continent européen en jeu.
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

Dans l’air glacé d’Anchorage, au bord de l’immensité pacifique et sous le regard des montagnes enneigées de l’Alaska, se jouera demain une scène digne d’un roman d’espionnage de la Guerre froide. À la Joint Base Elmendorf-Richardson, Donald Trump et Vladimir Poutine s’assiéront face à face pour la première rencontre, depuis 1988, entre un président américain et un président russe sur le sol des États-Unis.

Ce choix géographique n’est pas innocent. L’Alaska, ancien territoire russe vendu à Washington en 1867 pour 7,2 millions de dollars, garde dans ses toponymes et ses mémoires les traces de l’Empire des tsars. Ici, le décor parle à l’inconscient collectif russe. Ici, le Kremlin sait que l’histoire affleure.

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Un galop d’essai… ou un coup d’avance ?

Officiellement, il ne s’agit que d’une « session d’écoute ». Donald Trump a tenu à tempérer les attentes, qualifiant ce sommet de « test run » – un galop d’essai pour mesurer l’homme et sonder ses lignes rouges. Mais dans les coulisses, chacun vient avec son calcul.

Trump, auréolé de sa posture de négociateur, veut incarner le faiseur de paix. Il a consulté Berlin, Paris, Varsovie et Kiev. Il a pris la température de Volodymyr Zelensky. Il rêve de décrocher un cessez-le-feu, peut-être même de tracer les contours d’un règlement global. Mais l’ancien magnat de l’immobilier raisonne en termes de « deals » : ses allusions passées à des ajustements territoriaux en Ukraine laissent planer l’idée de concessions « raisonnables » pour éviter une guerre interminable.

Poutine, lui, n’est pas pressé. Il avance comme un joueur d’échecs sûr de sa position, ayant pris plusieurs pièces majeures. Fort de gains militaires récents, il vient non pas pour céder, mais pour imposer ses termes, tout en offrant le visage du pacificateur « réaliste …La paix, oui… mais la paix selon Moscou », confie volontiers Djoomart Otorbaev, ancien Premier Ministre de la République du Kirghizistan.

L’Europe mise à l’écart

C’est là que le bât blesse. Le huis clos d’Anchorage se tiendra sans Ukrainiens et sans Européens. Ni Bruxelles, ni Berlin, ni Paris, ni Kiev ne seront autour de la table. Une absence lourde de sens. Les décisions qui pourraient façonner l’avenir du continent risquent d’être prises à plusieurs fuseaux horaires des capitales concernées.

Cette exclusion n’est pas un accident, mais une méthode. Ni Trump ni Poutine n’ont intérêt à voir émerger une Europe géopolitiquement autonome. Tous deux, à leur manière, préfèrent un Vieux Continent divisé, économiquement dépendant et stratégiquement timoré.

Les risques d’un marchandage inégal

Si compromis il y a, il pourrait ressembler moins à une paix qu’à un marchandage asymétrique. L’Ukraine, affaiblie par la guerre, risquerait d’y laisser des territoires et une partie de sa population. L’Europe, elle, paierait le prix d’un affaiblissement structurel : stagnation économique due aux sanctions et au coût de l’énergie, fractures politiques internes et perte d’autonomie stratégique.

Pire encore : un précédent dangereux s’installerait. Si la frontière ukrainienne peut être redessinée au gré des offensives et des tractations, qu’en sera-t-il demain des autres lignes rouges européennes ?

L’acte I d’un drame en plusieurs scènes

Le sommet d’Alaska pourrait bien n’être que le premier acte. Un second rendez-vous est déjà annoncé à Moscou. Dans ce laps de temps, Poutine espère engranger de nouvelles victoires militaires, afin d’arriver en position de force. Kiev, affaiblie, et les capitales européennes, épuisées, verraient alors leur marge de manœuvre se réduire à peau de chagrin.

Ce n’est pas sur les bords de la Meuse, de la Seine ou de la Spree que se dessinera la nouvelle carte de sécurité de l’Europe, mais bien dans les neiges d’Alaska et dans les dorures du Kremlin.

En vérité, l’enseignement majeur de ce sommet pourrait être celui-ci : l’Europe est absente de son propre destin. L’initiative est ailleurs. Le tempo des événements, les lieux où ils se décident, et même les récits qui en sortiront, échappent à Bruxelles comme à Kiev.

L’histoire, écrivait Thucydide, est cruelle pour les faibles. Demain, dans la lumière blanche de l’Alaska, deux hommes vont parler de paix. Mais c’est peut-être une paix qui ne sauvera ni l’Ukraine, ni l’Europe — seulement l’influence des deux négociateurs.

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