
Par Ian Hamel, à Genève
Huit ans après la première plainte pour viol, Tariq Ramadan vient d’être condamné pour viol et contrainte sexuelle par le Tribunal fédéral en Suisse (l’équivalent de la Cour de cassation) à trois ans de prison, dont un an ferme. Maintenant que le prédicateur est à terre, demandons nous comment a-t-il pu trouver sur son chemin, pendant des décennies, autant d’« idiots utiles », d’Edgar Morin à Jean Ziegler, en passant par Edwy Plenel, toujours prompts à chanter ses louanges ? Tariq Ramadan n’a pourtant jamais cessé de revendiquer l’héritage doctrinal de son grand-père, Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens, dont l’objectif été d’établir « un pouvoir islamique sur toute la terre ».
Tariq Ramadan est l’auteur d’une bonne trentaine d’ouvrages. Dans l’introduction de son livre Islam. La réforme radicale, il écrit : « Il faut opérer un déplacement du centre de gravité de l’autorité dans l’univers de référence islamique en sériant plus nettement les compétences et les rôles respectifs des savants de différents domaines ». Et quelques lignes plus bas, il propose « un ensemble de finalités éthiques plus élaboré et une catégorisation (horizontale et verticale) originale des objectifs supérieurs ». Tous ceux qui osaient ne pas s’émerveiller devant de tels écrits lumineux, étaient traités d’« islamophobes », voire de « sionistes notoires ». Tariq Ramadan se qualifiait lui-même de « savant », et s’indignait de ne pas avoir encore été couronné par un prix Nobel. Quant à Edgar Morin, il ne s’est pas contenté de cosigner avec Tariq Ramadan deux ouvrages, Au péril des idées et L’urgence et l’essentiel. Sur les réseaux sociaux, le grand sociologue et philosophe français n’a cessé de répéter, depuis les premières plaintes pour viol déposées en octobre 2017, que Tariq Ramadan n’était pas un violeur, c’était en revanche ses accusatrices « qui violaient la vérité ».
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Il serait un peu trop simple de mettre ce soutien aveugle sur le compte de l’âge du capitaine (le théoricien de la pensée complexe vient d’avoir 104 ans). Pour cet homme de gauche, les musulmans ne peuvent être que des opprimés (alors que Ramadan était très généreusement subventionné par le Qatar). Edgar Morin estime que les musulmans doivent faire l’objet d’une compassion politique inconditionnelle. L’Occident étant la cause de tous les maux sur notre planète, la lutte contre l’islamisme, le foulard islamique, l’abaya, et pourquoi pas le burkini, ne sont que des marqueurs d’une résistance à la domination. Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, n’a pas l’excuse de l’âge. Il a pourtant proposé à Tariq ramadan de construire une « maison commune », alors que le prédicateur présentait en 2012 le terroriste Mohamed Merah, auteur de crimes horribles à Toulouse et à Montauban, « comme un grand adolescent, un enfant désœuvré, perdu, dont le cœur est, de l’avis de tous, affectueux ». En 2017, Tariq Ramadan estimait que l’excision faisait « partie de nos traditions » (1).
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Accusé de coucher avec ses élèves
Fils de la fille aînée d’Hassan al-Banna, et de Saïd Ramadan, le principal lieutenant du fondateur des Frères musulmans, Tariq Ramadan, né en 1962 à Genève, a très vite compris qu’il pouvait symboliser cette mauvaise conscience de l’Occident. Et que tout lui serait permis, sinon pardonné. Professeur de français dans un collège à Genève (de 1984 à 2004), il est accusé de coucher avec ses élèves, mais le Département de l’Instruction publique (l’Éducation nationale) préfère fermer les yeux. Les faits sont aujourd’hui prescrits. Tariq Ramadan n’a pas la barbe hirsute de certains imams, il s’exprime en français avec aisance. Seulement voilà, en Suisse, la majorité des musulmans ne sont pas des Arabes, mais des Turcs, des Kosovars, des Albanais, et vivent en Suisse alémanique. Or, Tariq Ramadan maîtrise mal l’allemand. Il comprend que pour partir à la conquête de l’Hexagone, il lui faut rejoindre l’univers des chercheurs, et obtenir un doctorat. Il propose à l’université de Genève une thèse sur son grand-père. Le problème, c’est qu’il truque les écrits de Hassan al-Banna, afin de le présenter comme un Gandhi musulman. Le directeur de thèse comme le jury refusent d’entrer dans cette mascarade, malgré les menaces proférées par Tariq Ramadan.
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Une collection de faux diplômes
Qu’à cela le tienne, le sociologue Jean Ziegler, député socialiste, va remuer ciel et terre : Tariq Ramadan serait victime d’islamophobie et les riches émirs du Golfe, très fâchés, risquent de déserter Genève et de ne plus y placer leurs économies. Dans le doute, la faculté de Genève préfère lui dénicher un nouveau jury plus “complaisant“. Comme aucun enseignant suisse ne souhaite diriger la thèse de Tariq Ramadan, on lui trouve un islamologue allemand comprenant le français. Ensuite, Tariq Ramadan obtient de l’université de Fribourg l’autorisation de présenter bénévolement, une heure par semaine, un exposé sur l’islam. Il n’est même pas assistant, mais il signe dans Le Monde « professeur de philosophie et d’islamologue de l’université de Fribourg ». Un seul appel téléphonique du quotidien parisien aurait pourtant permis de dénoncer l’imposture.
Cerise sur le gâteau, le petit-fils de Hassan al-Banna est recruté au St Antony’s College de l’université d’Oxford, l’un des deux temples avec Cambridge du savoir britannique, comme professeur d’études islamiques contemporaines. Il occupe la chaire Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, émir du Qatar de 1995 à 2013. Par le plus grand des hasards, l’émirat gazier vient d’investir 11 millions de livres sterling pour rénover l’un des bâtiments du St Antony’s College. Celui-ci est même inauguré par la cheikha Mozah, épouse de l’ancien émir du Qatar et mère de l’actuel émir. A côté du PSG, Doha vient de s’offrir le musulman le plus connu dans le monde francophone.
Est-il encore besoin d’en rajouter ? Le politologue Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe, s’est toujours étonné que Tariq Ramadan, qui se prétend islamologue, maîtrise aussi mal l’arabe. Selon lui, il n’aurait même pas été autorisé à étudier à Al Azhar, au Caire, l’un des plus anciens lieux d’enseignement islamiques au monde.
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Encadré
Le début de la fin
Le 25 octobre 2008, une musulmane est battue et violée par Tariq Ramadan dans un hôtel à Genève. Elle parle d’« une nuit de barbarie ». Lorsque des femmes en France fin 2017 dénoncent le prédicateur, la victime suisse dépose plainte à son tour en 2018 pour viol. Tariq Ramadan nie les faits et parle d’un complot destiné à le faire chuter. La victime, qui témoigne sous le pseudonyme de Brigitte, est harcelée, presque quotidiennement, menacée. Dans son livre Devoir de vérité, paru en 2019, Tariq Ramadan prétend même qu’elle a perçu une très grosse somme d’argent pour l’accuser.
En première instance à Genève, un tribunal acquis à la cause du Frère musulman l’acquitte. Les magistrats ont même convié “l’humoriste“ Dieudonné pour plaider la cause du petit-fils de Hassan al-Banna. Dans la salle, la famille Ramadan et ses supporters menacent les journalistes. En appel, dans une atmosphère beaucoup plus sereine, le prédicateur est condamné en août 2024 pour viol et contrainte sexuelle (ce qui correspond en Suisse à la sodomie) à trois ans de prison dont un an ferme. Le Tribunal pénal fédéral (la plus haute instance judiciaire en Suisse), dans un arrêt rendu public le 28 août 2025, a rejeté le recours formé par Tariq Ramadan contre sa condamnation. Celle-ci est donc définitive. Même si l’ancien enseignant d’Oxford veut saisir de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Tariq Ramadan, qui habite actuellement en France, ira-t-il en prison ou purgera-t-il sa peine sous bracelet électronique ? Dans l’Hexagone, il doit être jugé en mars 2026 pour trois viols par la cour criminelle de Paris. Le Nouvel Obs rappelle qu’en mai dernier, Tariq Ramadan a donné une conférence à Dakar sur « l’éthique et la déontologie dans la pensée religieuse ». Une manifestation perturbée par des militantes féministes (2)
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(1) Ian Hamel, Tariq Ramadan. Histoire d’une imposture, Flammarion, 2020.
(2) Cécile Deffontaines, « Condamné en Suisse, Tariq Ramadan peut-il échapper à la prison ? », 29 août 2025.
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