
Par Alain Dolium, CEO T4H Group et sa filiale T4H Sport
L’exclusion de l’AC Ajaccio et la revendication par le FC 93 Bobigny d’une place en National pourraient sembler n’être qu’un épisode de plus dans la vie parfois chaotique du football français. Pourtant, cet événement dépasse largement les frontières du sport : il incarne une bataille symbolique autour de la reconnaissance, de l’inclusion et du rôle du sport comme diplomatie sociale en France.
La banlieue parisienne : capitale planétaire de la formation pour une sur production de talents
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lors de l’Euro 2024, 13 des 25 Bleus venaient d’Île-de-France, principalement de Seine-Saint-Denis. En 2018, au Mondial, la région parisienne a produit plus de joueurs que n’importe quelle autre au monde. Aujourd’hui, près d’un tiers des joueurs de Ligue 1 sont nés en Île-de-France, et 33 Franciliens ont disputé la Ligue des Champions la saison dernière — presque deux fois plus que la Catalogne et c’est l’inconditionnel du Barca et de La Masia que je suis qui vous le dit !
Derrière ces statistiques se cachent Bondy, Sarcelles, Montreuil, Bobigny… Des terrains souvent dégradés, mais où naissent Mbappé, Kanté, Pogba, Coman, Rabiot ou Anelka. Des clubs de quartiers qui forment, éduquent et inspirent, sans lesquels le football français perdrait sa sève.
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Comparaisons internationales : Paris à l’échelle mondiale
Les grands foyers de talents ne sont pas l’apanage de la France. À São Paulo (14–18 millions d’habitants), le football est omniprésent : plus de 1 000 équipes amateurs, des terrains improvisés dans chaque parc, chaque rue, symbole vivant du “Jogo Bonito” aljazeera.com. Mais contrairement à cette effervescence spontanée, la France formalise cette richesse invisibilisée dans les institutions. C’était d’ailleurs tous le sens de mon propos dans mon premier opus ‘’Richesse des Cultures contre Culture de Riches , écrit en 2012.
Dans ce contexte, la banlieue parisienne rivalise mondialement avec des mégalopoles comme São Paulo : densité, passion, créativité, formation informelle – mais aussi formation institutionnelle — tout y est. Et pourtant, alors que des clubs issus de ces quartiers sont reconnus dans le monde, ils restent privés d’une reconnaissance institutionnelle simple et logique.
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Un paradoxe institutionnel insoutenable
Refuser au FC 93 Bobigny une accession légitime en National, compte tenu du vide laissé par Ajaccio, c’est détourner le regard d’une réalité que tous connaissent — et exploitent — mais que personne n’ose assumer : la Seine-Saint-Denis est l’épicentre de la vitalité du football français.
- Elle alimente les équipes nationales.
- Elle nourrit les académies d’élite — Clairefontaine en tête.
- Elle s’inscrit, dans son fonctionnement, au cœur de la diplomatie sociale du sport.
Ne pas reconnaître cette place, ce n’est pas une décision neutre : c’est une exclusion symbolique. Ça dit aux jeunes : “Tu peux être la force vive du football national, mais tu n’es pas assez légitime pour représenter ce système.”
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Un club, un territoire, une symbolique
Ayant eu la chance de voir de près le FC 93 Bobigny, avec son projet social inégalé dans le sport Français, ce club n’est pas seulement une équipe de football. Il est le reflet d’un territoire, la Seine-Saint-Denis, qui incarne à la fois la jeunesse, la diversité, mais aussi les fractures sociales françaises formidablement bien décrites par le mythique groupe de rap MTN. Ce département, souvent stigmatisé, est pourtant une formidable fabrique de talents : sur les terrains de sport, dans la culture, et dans l’entrepreneuriat.
La revendication du FC 93 d’intégrer le championnat National ne doit donc pas se lire uniquement comme une ambition sportive. Elle doit être comprise comme une demande de reconnaissance institutionnelle : celle d’un territoire et d’une jeunesse qui refusent d’être condamnés à rester dans les marges. Ne dit-on pas que l’on mesure le succès d’un modèle de société a la manière dont on traite sa jeunesse, n’importe soit elle !
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Le sport, levier d’inclusion et de cohésion
Dans un monde fracturé par les inégalités et les exclusions, le sport reste l’un des rares espaces capables de rassembler. En Seine-Saint-Denis, le football est bien plus qu’un loisir : il est une école de la vie, un vecteur d’émancipation et une alternative aux spirales de la précarité au cœur d’un département champion de la péréquation entre les plus aisés et les moins nantis
Mon parcours m’a permis de mesurer comment de Soweto à Rio, de Abidjan à Bobigny, le ballon rond a toujours été une arme silencieuse pour briser les murs invisibles. L’histoire récente de l’Afrique du Sud post-apartheid ou des favelas brésiliennes en témoigne : le sport peut ouvrir les portes que la société garde trop souvent fermées.
Une question de diplomatie interne
La question que pose le FC 93 est donc éminemment politique : comment la France gère-t-elle l’inclusion et la représentation de ses territoires populaires dans ses structures nationales ?
Si la Fédération Française de Football venait à ignorer cette revendication, ce ne serait pas seulement une décision administrative. Ce serait un message envoyé aux milliers de jeunes de banlieue : « Vous êtes bons pour nourrir le rêve français, mais pas assez légitimes pour l’incarner. » C’est une exclusion symbolique qui mine la cohésion nationale.
À l’inverse, reconnaître la légitimité du FC 93 Bobigny, ce serait faire un geste fort en matière de diplomatie interne : dire que la France plurielle a toute sa place, aussi bien dans ses stades que dans ses institutions.
Le sport comme diplomatie et soft power
À l’international, le sport est reconnu comme un outil de soft power. La Chine, le Qatar, ou encore le Maroc en ont fait des leviers stratégiques de rayonnement. La France, elle, dispose d’un trésor souvent sous-estimé : ses clubs de quartiers, ses associations, ses talents issus de l’immigration et de la diversité comme on aime à dire maladroitement.
La Seine-Saint-Denis, déjà au cœur des Jeux Olympiques de Paris 2024, est un laboratoire de cette diplomatie sociale. Le FC 93 Bobigny pourrait en devenir l’un des symboles les plus puissants : celui d’une France qui assume et sublime sa pluralité et la transforme en force.
Plus qu’un match, une bataille symbolique
La place laissée vacante par l’AC Ajaccio n’est pas qu’une ligne dans un tableau sportif. Elle est devenue un espace de débat sur ce que la France veut montrer d’elle-même : une République figée dans ses hiérarchies ou une nation capable de reconnaître la valeur et la dignité de ses territoires populaires.
Le FC 93 Bobigny joue aujourd’hui bien plus qu’une accession en championnat national. Il joue une partie d’échec symbolique pour l’égalité des chances pour tous, la cohésion sociale et la diplomatie des territoires.
Chez T4H Sport Ldt filiale de l’entreprise a mission qu’est T4H Group Ltd, fortement engagée sur le terrain du sport et l’inclusion, nous croyons que le sport est un langage universel. Il est temps que ce langage serve à écrire une histoire nouvelle : celle d’une France où Bobigny, comme Ajaccio ou Bordeaux, peut être un visage légitime de l’excellence nationale.
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