
Par Mohamed Ayachi Ajroudi
Une guerre a éclaté. Pas une guerre comme les autres.
Ce que nous vivons aujourd’hui entre Israël et l’Iran dépasse les missiles et les drones.
C’est une guerre de contrôle stratégique, une guerre silencieuse pour les routes commerciales, les ports logistiques et l’influence régionale.
Trois grands corridors redessinent la carte du monde
1. Le corridor Inde – Moyen-Orient – Europe (IMEC), soutenu par Israël, les Émirats, un acteur central de la péninsule, l’Inde et d’autres puissances occidentales.
2. Le corridor Nord–Sud (NSTC), entre l’Iran, la Russie et l’Inde, via la mer Caspienne.
3. Le corridor Sud (STC), une extension sino-russe à travers l’Asie et l’Afrique.
L’objectif est clair : contourner les anciennes routes contrôlées par les anciens empires et imposer de nouveaux circuits économiques où la logistique vaut désormais plus que le pétrole.
Pourquoi cela bouleverse le Golfe ?
Parce que les vraies batailles se jouent désormais dans les ports, les hubs, les câbles, les données.
Dans cette nouvelle carte :
• Israël devient un acteur logistique central, notamment via les ports de Haïfa et Ashdod.
• L’Iran oppose une stratégie de résistance, entre corridors terrestres et alliances navales.
• Les grandes capitales du Golfe, elles, hésitent : entre alignement stratégique et neutralité fragile.
Mais un autre facteur pourrait faire basculer l’équilibre de manière brutale : la disparition d’un dirigeant emblématique dans l’un des pays du Golfe.
Dans ce pays en particulier, toute la stabilité repose sur sa personne. Si ce pilier venait à disparaître, les conséquences internes pourraient être considérables, tant l’équilibre y est personnel et centralisé.
Une nouvelle forme de dépendance
Dans les coulisses, une réalité dérangeante s’impose : plusieurs États du Golfe, obsédés par la préservation de leur trône, ont cédé l’initiative stratégique à des acteurs extérieurs.
Sous couvert de partenariats sécuritaires ou économiques, c’est une tutelle déguisée qui s’installe.
Les décisions critiques — défense, technologie, cybersécurité — ne se prennent plus dans les palais, mais ailleurs.
Et dans certains cercles de pouvoir, le réflexe est désormais simple : faire allégeance pour rester en place.
C’est dans ce contexte que Israël a été envoyé en première ligne dans l’affrontement avec l’Iran.
Le monde entier l’a vu : alors que certains gouvernements du Golfe préféraient se taire pour préserver leurs intérêts, Israël portait seul l’escalade militaire.
Et pourtant, Israël n’a pas perdu. Mais le choc encaissé est lourd : missiles, représailles, isolement grandissant.
La guerre que d’autres ont voulu sans la mener, c’est Israël qui la subit.
Pendant ce temps, l’Iran démontre une cohésion inattendue. Organisé, stratégiquement stable, structuré malgré les pressions.
La comparaison est cruelle : ceux qui possèdent les moyens n’agissent pas. Et ceux qui agissent n’ont plus peur.
Un renversement s’opère : les dominants d’hier deviennent spectateurs.
Et ceux qui étaient dominés, désormais, fixent les règles du jeu.
Les fractures internes au sein du Golfe
La division est visible.
Certains dirigeants s’alignent avec les puissances occidentales et Israël, espérant une transformation économique rapide.
D’autres, plus prudents, préfèrent maintenir un lien discret avec le bloc Iran–Russie–Chine.
Et dans plusieurs États, les tensions internes s’aggravent : entre militaires, religieux, technocrates, chacun défend une vision.
Résultat : le Golfe n’est plus uni. Et le doute s’installe dans les sociétés.
Et les populations ?
Le fait le plus explosif est là : dans plusieurs États du Golfe, la population nationale est devenue minoritaire.
Dans certaines monarchies, ce sont désormais les travailleurs étrangers qui assurent le fonctionnement quotidien des ports, des hôpitaux, des écoles, des chantiers.
Et demain ?
Dans un monde post-pétrole, cette majorité silencieuse pourrait devenir électorale.
Le précédent de l’Île Maurice est là pour le rappeler.
Autrefois dominée par une élite créole, l’Île Maurice est aujourd’hui gouvernée par une population indo-mauricienne, devenue majoritaire par le jeu démocratique.
Ce scénario, jadis inimaginable dans le Golfe, n’est plus une fiction.
Un monde s’éteint, un autre s’éveille
Le Moyen-Orient entre dans une ère nouvelle :
• Ce n’est plus la richesse du sous-sol qui décide,
• mais la puissance des corridors.
• Ce ne sont plus les palais qui fixent les règles,
• mais les ports et les plateformes.
• Ce ne sont plus les accords secrets qui gouvernent,
• mais les données, la logistique et la connectivité.
Les familles qui n’ont pas d’enracinement réel dans leur peuple seront balayées.
Les peuples, eux, veulent comprendre. Voter. Choisir.
C’est la fin d’un cycle. Et le début d’un autre.
Le Golfe ne sera plus jamais comme avant. Il est temps d’ouvrir les yeux.
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