Ce que l’Ukraine dit de l’Afrique

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Le vote à l’Assemble Générale des Nations Unies intervenu le 2 mars 2022 exigeant le retrait des troupes russes de l’Ukraine revêt une importance particulière pour le continent africain, car il souligne les contradictions entre l’aspiration des pays africains à une autonomie stratégique et l’empathie avec un pays européen agressé que réclame le camp Occidental. 

Cette résolution avait été adoptée à une très large majorité : 141 pays ont voté en sa faveur et seulement 5 pays contre – la Corée du Nord, la Syrie, l’Érythrée, la Biélorussie et bien évidemment la Russie. Mais dans ce contexte, ce sont les abstentions qui retiennent encore l’attention. 34 pays se sont abstenus, dont 16 pays africains.

« Le vote de certains pays africains est une réminiscence des vieilles loyautés de l’époque de la guerre froide et de la décolonisation. Le souvenir du soutien soviétique à la décolonisation, l’alignement prosoviétique de certains pays africains (Angola, Algérie, Éthiopie, etc.) et l’avènement au pouvoir d’anciens mouvements de libération soutenus par l’URSS (Mozambique, Namibie, Afrique du Sud, Zimbabwe) font partie de l’héritage historique des relations russo-africaines », commente  le journaliste Thierry  Vircoulon dans Le Point et Theconversation.com

« L’Afrique n’est pas contre l’Ukraine, il ne faut pas qu’on ait l’impression que les Africains sont insensibles à la situation de l’Ukraine. Ce n’est pas ça du tout », avait assuré, le chef de l’État sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA). « Mais les Africains disent qu’au même moment où l’Ukraine est en guerre, est envahie, est agressée, l’Afrique est “permanemment” agressée par le terrorisme », a-t-il argué. Il avait aussi déploré le manque de solidarité internationale avec le continent face à la crise économique et aux maladies.

« Ça choque les Africains de voir les milliards qui pleuvent sur l’Ukraine alors que les regards sont détournés de la situation au Sahel », avait déclaré l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou. Il avait relevé chemin faisant le contraste avec les difficultés rencontrées pour boucler les quelque 400 millions d’euros de budget de la force conjointe antijihadiste lancée en 2017 par l’organisation régionale G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad).

S’agissant de sécurité, on s’interrogera sur le point de savoir pourquoi les préoccupations africaines seraient-elles systématiquement moins légitimes que celles de l’Occident ? 

Pour l’heure, les Africains n’ont-ils sûrement pas oublié comment l’Occident a chassé du pouvoir le colonel Kadhafi en 2011, et le chaos en Libye qui s’en est suivi.

La Russie, la Chine, l’Inde et la Turquie veulent rompre avec l’unilatéralisme imposé par Washington

Mais il y a plus, la Russie, la Chine, l’Inde, la Turquie militent pour le multilatéralisme et pour la promotion d’un nouvel ordre mondial. Ces États veulent ainsi rompre avec l’unilatéralisme imposé par Washington. Or, force est de constater que les pays africains n’y sont pas insensibles, mieux ils font mouche à l’instar de l’Afrique du Sud ou de l’Algérie. 

Qu’on se le dise, plus que jamais l’Afrique est devenue un véritable enjeu de géopolitique !

Aujourd’hui la Russie a le vent en poupe en Afrique. Ce regain d’influence est sans doute à attribuer à l’héritage de l’Histoire et à la nouvelle politique africaine de Moscou. Et si la diplomatie russe avait oublié l’Afrique depuis la fin de l’URSS, la crise ukrainienne de 2014 et les premières sanctions occidentales lui ont fait retrouver la mémoire.  L’avenir n’appartient-il pas aux non- alignés tels que la Turquie et les BRICS qui regroupent le Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, et bientôt l’Égypte et l’Arabie Saoudite qui représentent plus de 40% de la population mondiale et plus de 20% du PIB ?

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