La ville kurde de Jendérès est sous le vent, sans aide pour sauver les victimes sous les décombres

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Un enfant blessé lors d’un tremblement de terre meurtrier se trouve dans un lit dans un hôpital d’Afrin, dans la partie rebelle de la province d’Alep en Syrie, le 9 février 2023.  (Photo de Bakr ALKASEM / AFP)

Nous n’avons jamais vu un tremblement de terre aussi violent  que celui qui a frappé la Syrie et la Turquie le 6 février 2023. Le nombre de victimes dans les deux pays voisins, jusqu’à présent, s’élève à 28 000 personnes. 

Nous essaierons, dans notre article, de nous concentrer sur les conséquences de ce séisme catastrophique sur la ville kurde de Jendérès, affiliée à la ville d’Afrin, située dans la campagne nord du gouvernorat d’Alep, au nord de la Syrie.  

Les effets de ce tremblement de terre dévastateur dans cette ville sont encore plus violents que dans les autres régions syriennes. Plus de 250 bâtiments ont été aplatis au sol. De plus, des centaines de personnes sont toujours coincées sous les décombres. Leurs chances de survie s’amenuisent de plus en plus. Parce que la plupart des équipes de secours ne sont pas formées et n’ont pas d’infrastructure compatible ni d’équipes appropriées. Par conséquent, lors des opérations de sauvetage des équipements légers primitifs sont utilisés pour creuser. Bien qu’un certain nombre de volontaires soient venus de différentes régions du nord, d’Idlib, de l’ouest et du nord d’Alep, pour aider. Cependant, l’horreur de la catastrophe reste ambiant. Après l’effondrement de nombreux bâtiments,  plus de 70% des maisons de la ville de Jendérès sont devenues inhabitables.

L’on peut dire que la ville de Jendérès est devenue complètement affligée en l’absence de toute équipe internationale. Les gens y sont abandonnés à leur sort pour mourir de froid sous les décombres. Les pays ne se sont pas mobilisés pour aider. La Turquie a même fermé les points de passage sous prétexte que les villes turques sont plus touchées. Le régime syrien n’a pas non plus pris l’initiative de fournir une quelconque aide. Sans parler de la Turquie non solidaire refusant  tout renfort de l’Administration autonome kurde. 

En raison de ce qui précède, la catastrophe de Jendérès est indicible. Depuis le terrible tremblement de terre, Les équipes de secours qui n’ont pas du matériel nécessaire n’arrivent pas à sauver les éventuels rescapés, ni à retirer les corps de sous les décombres. Jusqu’à présent, la Turquie n’ a envoyé aucune aide ou équipe de secours à Jendérès. Elle n’a pas ouvert  ses frontières pour permettre l’arrivée des secours aux zones sinistrées.

Du coup, des centaines d’âmes sont enterrées sous les décombres, y compris les survivants, attendant que quelqu’un les sauve. Les équipes de défense locales sont épuisées, si bien qu’elles continuent à travailler. Cela ne suffit pas du tout.

Le gouvernement turc et le gouvernement intérimaire syrien d’opposition ont empêché l’arrivée de secours dans le district de Jendérès, sous prétexte que tous les véhicules circulent dans les villes du sud de la Turquie et celle d’Idlib. De plus, les factions de l’opposition syrienne n’aident que les habitants d’Idlib, d’Ihtaimlat, d’al-Bab, de Marè’, de Jarablus et d’Izaz. Et ce malgré l’appel du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, pour une aide internationale, notant que des milliers de familles touchées par le tremblement de terre avaient déjà un besoin urgent d’aide humanitaire.

Malgré les promesses d’aide de nombreux pays, les efforts de secours sont toujours entravés par les intempéries en plus de la fermeture de trois grands aéroports de la région. Ce qui complique encore la situation est l’absence de toute organisation humanitaire (arabe ou internationale) actuellement dans le district de Jendérès en raison du refus du gouvernement turc d’ouvrir le point de passage de Bab al-Hawa ou le passage du village de Hammam à l’ouest de Jendérès.

En conséquence, les habitants de Jendérès sont descendus dans la rue. Ils ont besoin d’aide. Dans la ville de Chaya à Afrin, de nombreuses personnes sont mortes. La mosquée du village de Sinari s’est effondrée. Dans le quartier à majorité kurde de Sheikh Maqsoud à Alep, des dizaines de personnes sont également mortes. Des milliers de personnes des quartiers d’Achrafieh, Sheikh Maqsoud et d’autres zones endommagées par le tremblement de terre se sont rendues dans les camps du canton d’al-Shahba’, où l’administration autonome des cantons d’Afrin et d’al-Shahba’ a pu, grâce à ses moyens modestes, fournir des vivres et de la nourriture pour les arrivants de ces zones gravement endommagées malgré le siège qui leur a été imposé.

Ce qui est vraiment surprenant, c’est la diffusion d’informations à Jendérès selon lesquelles des membres des factions de l’opposition armée ont cambriolé les maisons dont les habitants ont fui vers les villages par crainte des répliques. Surtout après le meurtre de dizaines d’habitants de la ville. Un grand nombre reste sous les décombres, car la défense civile a lancé un appel à travers les haut-parleurs de la mosquée exhortant les gens à vider les maisons. Les factions armées ont tout pillé même les possessions des morts (bijoux en or).

Il y a aussi un grand danger qui menace cette ville déjà affligée. Des photos et des enregistrements vidéo diffusés par des militants montrent d’énormes fissures (longitudinales et transversales) dans le corps du barrage (Maidanki) dans la ville d’Afrin. Cela a été causé par les tremblements de terre produits dans la région. Les enregistrements en circulation ont montré aussi que de grandes fissures se sont produites dans le barrage, à la suite desquelles le passage à travers la zone a été interdit. Elle est complètement fermée. Des avertissements locaux du danger invitent les autorités compétentes à restaurer le barrage dès que possible.

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