Émeutes en France : Souvenons-nous d’Andrinople*

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Il y a quelques semaines la France a fait face à la plus importante et violente vague d’émeutes depuis celles de 2005. Elles ont fait suite à la mort de Nahel, altoséquanais de 17 ans, délinquant multirécidiviste, tué par un policier lors d’un refus d’obtempérer. Depuis, les analyses sur les origines de cet épisode, qui a causé en 6 jours près d’un milliard d’euros de dégâts, ont fusé de toutes parts. Le Dialogue a produit un dossier complet à ce sujet en donnant la parole à des élus et des spécialistes de la sécurité. Certes les raisons sont multiples à cet embrasement. Or, tous les observateurs les plus sérieux et réalistes s’accordent sur l’une des principales causes de cette violence, à savoir, l’immigration ! Il ne faut être qu’un élu ou militant LFI ou même un progressiste mondialiste pour nier et occulter ce point !

A cette occasion, j’ai décidé de republier une courte chronique* écrite le 25 septembre 2019 et extraite de mon ouvrage, Sommes-nous arrivés à la fin de l’histoire ? (VA Éditions, 2022)

Elle avait pour objectif, à l’époque, d’analyser les crises migratoires actuelles au prisme de l’histoire. Toujours d’actualité après les dernières émeutes en France et à méditer.

La date de la chute de l’Empire romain d’Occident est communément établie en 476 ap. J.C., lorsque l’armée romaine, majoritairement composée de soldats d’origine barbare, se mutine et dépose le dernier empereur, Romulus Augustule.

Sans entrer dans un énième débat d’historiens et les détails de l’histoire extrêmement complexe du lent déclin de Rome, nous pouvons affirmer qu’une des principales causes de l’écroulement de l’Empire trouve plutôt son origine un siècle auparavant, vers 376, du côté d’Andrinople (aujourd’hui Edirne en Turquie), du fait d’une « crise migratoire » !

Car c’est une « catastrophe humanitaire » qui déclenchera, en 378, la bataille du nom de cette bourgade proche de la Bulgarie et de la Grèce actuelles, et qui fut le plus grand désastre militaire pour les Romains.

En effet, à cette époque, les Goths vivent au-delà du Danube. Ils ont des relations et de nombreux échanges avec les Romains. Ils sont même devenus dépendants des subsides de l’empire. Certains servent dans les légions et adoptent la culture gréco-romaine (surtout les chefs). Chrétiens mais de l’hérésie arienne, d’autres sont quant à eux esclaves, et rares sont les villas qui n’ont pas de Goths à leurs services.

Or, derrière les Goths, surgissent les Huns. Face à la violence de ces cavaliers venus d’Asie, les tribus germaniques affluent par milliers sur les bords du Danube et le limes romain pour supplier Rome de les laisser entrer. L’empereur d’Orient, Valens, qui y voit un intérêt économique (déjà !), accepte alors l’accueil de ces populations. Cependant, l’administration romaine, minée par l’incompétence et la corruption, est très vite débordée par la masse trop grande des « réfugiés ». L’économie impériale, déjà précaire, ne permet plus de tenir les promesses de nourriture et d’installation. Ainsi, les Goths finissent par se révolter en mettant à feu et à sang toute la Thrace.

Sans attendre les renforts de son frère Gratien, l’empereur d’Occident, l’incapable Valens, à la tête d’une armée envoyée en catastrophe pour mater la révolte des Barbares, se jette hâtivement dans la mêlée. Il y perd toutes ses légions, la bataille et la vie.

Pour Rome, c’est le début de la fin.

Théodose, successeur de Valens, finira par entériner la présence des Goths, et par les intégrer à l’empire, leur concédant terres et autonomie politique. Le traité restera en vigueur jusqu’à sa mort en 395. Puis l’empire se scinde à nouveau entre les deux fils du défunt. La partie occidentale glisse alors dans le chaos avec d’autres peuples germaniques qui se rebellent ou franchissent le Rhin afin de marcher sur Rome, la Ville que l’on croyait pourtant éternelle…

Tout ceci ne vous rappelle rien ? Certes, comparaison n’est jamais raison. Surtout en histoire. Toutefois, la géographie et l’histoire sont les mères de la géopolitique.

Or, depuis 2015 et la folle décision d’Angela Merkel d’ouvrir les frontières de son pays à des millions de migrants, notre continent est en train de vivre la plus grande crise géopolitique de son histoire contemporaine (division de l’UE, montée des populismes et des communautarismes, tensions sociales, attentats, explosion de la délinquance…). Les craintes légitimes des Européens ne sont toujours pas entendues. Les alertes des services de sécurité et sanitaires sont encore occultées. Il est navrant que dans nos sociétés si aseptisées, le principe de précaution n’ait pas aussi prévalu sur ce sujet.

S’ils ne veulent pas être les « nouveaux Valens » des historiens du futur, nos « chefs » et nos technocrates devraient mettre de côté leurs petites manœuvres politiciennes ou leurs coups de com’ pour méditer ce truisme historique : les guerres civiles naissent toujours dans des pays où l’homogénéité ethnique, culturelle et religieuse n’existe plus !

Le 25 septembre 2019

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