Le Niger annonce la fin de sa coopération militaire avec les États-Unis

*Des soldats nigériens à l’entrainement avec les instructeurs américains. Photo (c) DOD/Richard Bumgardner, US Army.

Le Niger a annoncé le 16 mars 2024 la cessation de sa coopération militaire avec les États-Unis, remettant en question leur présence jugée “illégale” par le régime en place à Niamey. Cette décision intervient après la dénonciation par le gouvernement des accords de coopération militaire avec la France, qui a conduit au départ des soldats français fin décembre 2023.

Suite au coup d’État de juillet 2023 ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum, les relations entre Niamey et Washington se sont détériorées, entraînant la suspension de la coopération militaire. 

Dans cette perspective, et quelle qu’en soit la décision, les États-Unis maintiennent environ 1 100 soldats engagés dans la lutte contre le djihadisme au Niger, ainsi qu’une base de drones importante à Agadez. En décembre 2023, ils avaient exprimé leur volonté de reprendre la coopération, sous certaines conditions.

Le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du régime, a déclaré le 16 mars 2024 que le gouvernement nigérien avait décidé de dénoncer immédiatement l’accord relatif au statut du personnel militaire et civil américain sur le territoire du Niger, en tenant compte des aspirations de son peuple. Selon Niamey, cet accord a été imposé de manière unilatérale par les États-Unis en 2012.

Pour le colonel-major Amadou Abdramane, l’accord de coopération serait « une simple note verbale », « unilatéralement imposée » par le Pentagone. Le document contraindrait le Niger à payer ses factures liées aux taxes des avions américains, ce qui coûterait plusieurs milliards, selon le porte-parole. 

Niamey peste notamment contre le manque d’information sur les opérations américaines, tout en ignorant leurs effectifs et matériels déployés. « Cet accord est, non seulement, profondément injuste dans son fond, mais également ne correspond pas aux aspirations et aux intérêts du peuple ».

Cette décision survient après la visite infructueuse d’une délégation américaine dirigée par la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, qui n’a pas réussi à rencontrer le chef de la junte militaire, Abdourahamane Tiani. Le porte-parole du régime a critiqué le manque de respect des usages diplomatiques par les États-Unis, affirmant que leur arrivée avait été communiquée de manière unilatérale.

Répondant aux critiques, le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré que les États-Unis étaient conscients des préoccupations du Niger et continuaient à dialoguer avec la junte, promettant de fournir des informations supplémentaires si nécessaire.

Le régime de Niamey issue du putsch de l’été 2023 a également réaffirmé son engagement envers un retour à la vie constitutionnelle normale. Du reste, cette promesse avait été faite par le président de la transition lors de son adresse à la nation en août 2023. 

Depuis le coup d’État, le Niger s’est rapproché de ses voisins gouvernés par des militaires, tels que le Burkina Faso et le Mali, ainsi que de pays comme l’Iran et la Russie.

Le porte-parole de la junte militaire a ainsi rappelé que les partenariats avec Moscou ou l’Iran respectaient le droit international, alors que, selon lui, des avions américains survolent illégalement le Niger depuis plusieurs semaines. Le colonel-major a ainsi dénoncé une « attitude condescendante et la menace de représailles » des Américains. De quoi « saper les relations » et « miner la confiance entre nos gouvernements », a-t-il dit.

En réponse aux menaces djihadistes qui pèsent sur la région, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont annoncé la création d’une force conjointe le 6 mars 2024 pour lutter contre ce fléau…

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