La Somaliland, le Yémen et l’Érythrée : des options de repli pour la Russie dans sa quête de présence militaire dans la mer Rouge

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Les forces russes débarquent au Mali, cette photo a été diffusée par le Ministère des armées français, elle a été prise à une date inconnue par un militaire français. La Russafrique se positionne tout le Continent depuis plus de 10 ans maintenant. Photo Ministère des Armées.

Par Olivier d’Auzon

Les États-Unis ont des intérêts stratégiques dans la région de la mer Rouge et du golfe d’Aden, et ils cherchent coûte que coûte à empêcher la Russie d’y établir une présence militaire.

Selon un rapport récent, “les États-Unis cherchent à faire pression sur le Soudan pour qu’il renonce à un accord avec la Russie sur l’établissement d’une base navale à Port Soudan, qui a été conclu en 2020 mais n’a pas encore été mis en œuvre en raison de l’instabilité politique dans le pays“.

 Pour autant, la situation au Soudan est bel et bien complexe et les États-Unis pourraient avoir du mal à y exercer une pression efficace.

Comme l’a expliqué un expert, “il est beaucoup plus facile de faire pression contre le Soudan dans ce domaine que contre la Somaliland et même le Yémen“. De plus, le Soudan a récemment été impliqué dans le conflit en Ukraine, ce qui pourrait avoir des répercussions sur ses relations avec la Russie.

Selon des informations récentes, “le Soudan aurait secrètement fourni des armes à l’Ukraine et aurait même accueilli des mercenaires ukrainiens qui auraient combattu des rebelles soutenus par la Russie”.

Ces allégations ont été démenties par le gouvernement soudanais, mais elles ont néanmoins suscité des inquiétudes quant à la fiabilité du Soudan en tant que partenaire militaire pour la Russie.

Malgré ces incertitudes, la Russie pourrait toujours chercher à établir une présence militaire dans la région. Comme l’a noté un analyste, “la Somaliland pourrait être une alternative plus appropriée au Soudan pour une base navale russe, tandis que le Yémen pourrait être encore mieux“.

Cependant, il est important de noter que “la Russie a récemment mené ses premiers exercices militaires conjoints avec l’Érythrée, ce qui a suscité des spéculations selon lesquelles elle pourrait chercher à établir une base navale dans ce pays voisin du Soudan”.

 A ce titre, le lieutenant-général Yasir al-Atta, membre du Conseil souverain dirigé par les militaires au Soudan, a récemment déclaré que “la Russie a proposé une coopération militaire par le biais d’un centre de soutien logistique, et non d’une base militaire complète, en échange de fournitures urgentes d’armes et de munitions. Nous avons accepté cela, mais nous avons suggéré d’élargir la coopération pour inclure des aspects économiques tels que des projets agricoles, des partenariats miniers et le développement portuaire. La Russie a accepté cette portée plus large“.

Quoi qu’il en soit, il demeure des obstacles à la mise en œuvre de cet accord. Comme l’a noté un expert, “l’absence continue d’un gouvernement civil [au Soudan] pourrait constituer un obstacle juridique à la ratification de l’accord“.

De plus, les États-Unis pourraient chercher à faire pression sur le gouvernement militaire soudanais pour qu’il renonce à l’accord ou en retarde indéfiniment la mise en œuvre.

 Dans ce contexte, Washington pourrait contraindre le gouvernement militaire soudanais à réévaluer cet accord ou à en suspendre indéfiniment l’application

Par ailleurs, des menaces de sanctions et un soutien hypothétique aux rebelles pourraient être envisagés, de même que des incitations telles que des arrangements douteux avec les dirigeants du pays.

Le Soudan pourrait potentiellement tenter de tirer parti de la compétition entre la Russie et les États-Unis pour obtenir des conditions plus avantageuses sur le plan économique dans le cadre de l’accord.

Selon un spécialiste, il n’est pas impossible que le Soudan espère que les États-Unis se livrent à une concurrence avec la Russie concernant l’éventuelle implantation d’une base navale lors de leurs prochains déplacements à Moscou.

Le Soudan cherche somme toute à adopter une approche d’alignement multiple dans le contexte de la nouvelle guerre froide, en misant notamment sur l’Entente Sino-Russe et le Sud Global.

En fin de compte, la situation au Soudan et dans la région de la mer Rouge et du golfe d’Aden demeure bien incertaine, et il est difficile de prédire comment les choses vont évoluer. Cependant, il est clair que les États-Unis et la Russie ont des intérêts stratégiques dans la région et qu’ils chercheront à les protéger et à les promouvoir.


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