Par Olivier d’Auzon
La prise de Pokrovsk par la Russie, pourrait redéfinir la dynamique du conflit en raison de l’importance stratégique de cette ville pour la logistique militaire ukrainienne
Au-delà de Pokrovsk, il n’y a que quelques villes faiblement défendues, suivies de vastes étendues de prairies. Ces zones pourraient devenir le théâtre de la guerre de manœuvre jusqu’à ce que la Russie atteigne les prochaines localités lourdement défendues.
Du reste, les responsables militaires ukrainiens ont exhorté les habitants de la ville de Pokrovsk et de ses environs à évacuer dans les deux prochaines semaines, car les forces russes approchent rapidement de ce hub logistique militaire crucial. Le chef de l’administration militaire de la ville voisine de Mirnograd a déclaré sans détour : « Ne tardez pas. Cela ne va pas s’améliorer, cela ne fera qu’empirer. Partez ! ». Avant d’admettre que « L’ennemi avance plus vite que prévu ». L’Associated Press a cité des commandants locaux qui ont attribué les gains rapides de la Russie à leurs conscrits mal entraînés.
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L’un d’eux a affirmé que « Certaines personnes ne veulent pas tirer. Elles voient l’ennemi en position de tir dans les tranchées mais n’ouvrent pas le feu. … C’est pourquoi nos hommes meurent… Ils ne reçoivent même pas le niveau de formation le plus bas requis pour nos (actions de combat) ». Un soldat a également déploré que « Le principal problème est l’instinct de survie des nouveaux venus. Avant, les gens pouvaient tenir jusqu’au dernier moment pour défendre la position. Maintenant, même lorsqu’il y a un léger bombardement des positions de tir, ils battent en retraite ».
La mauvaise qualité des recrues ukrainiennes jette un doute sur le fait que les 120 000 troupes que le président biélorusse Loukachenko a affirmé avoir déployées le long de sa frontière pourraient faire une grande différence si certaines d’entre elles sont envoyées dans le Donbass par désespoir pour arrêter l’avancée russe.
La prise de Pokrovsk par la Russie, pourrait redéfinir la dynamique du conflit en raison de l’importance stratégique de cette ville pour la logistique militaire ukrainienne.
L’invasion soutenue par les États-Unis de l’Ukraine à Kursk a rappelé aux observateurs que la guerre de manœuvre n’est pas morte comme certains l’avaient affirmé auparavant, et elle pourrait bientôt faire un retour majeur dans les champs au-delà de Pokrovsk.
Les succès de l’Ukraine à Kharkov, Kherson et plus récemment à Kursk au cours des deux dernières années et demie ont été le résultat de faux pas de la part de la Russie, et non des exemples de « génie militaire » ukrainien comme ses partisans dans les médias les ont dépeints.
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L’Ukraine a soit exploité des chaînes d’approvisionnement sur-étendues et sous-dotées dans les deux premiers cas, soit profité d’une frontière mal défendue dans le troisième. Aucun de ces trois précédents ne suggère que l’Ukraine est capable de battre la Russie tête à tête dans la guerre de manœuvre.
Il est donc possible que la Russie capture rapidement de vastes étendues du Donbass une fois que la guerre de manœuvre commencera à être menée le long de ce front après sa prise de Pokrovsk, ce qui pourrait alors améliorer sa position pour assaillir l’agglomération lourdement défendue de Kramatorsk-Slavyansk dans le nord du Donbass.
Dans ce cas, la Russie pourrait également tirer parti de ses succès en matière de guerre de manœuvre post-Pokrovsk (en supposant qu’ils soient réalisés comme prévu) pour se déployer dans d’autres directions.
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La prise de Pokrovsk permettrait à la Russie de se déplacer vers le nord dans le sud de Kharkov, vers l’ouest dans l’est de Dnipro (dont elle ne revendique aucun territoire), et vers le sud-ouest dans Zaporozhye (dont elle revendique tous les territoires).
En somme, l’ouverture d’un troisième front à Kharkov pour compléter les fronts nord et est de Belgorod et Lugansk n’est pas à exclure . Il pourrait être vue comme une revanche pour Kursk, tout comme l’ouverture d’un front à Dnipro.
Le vecteur Kharkov pourrait également aider à couper les lignes d’approvisionnement vers Kramatorsk-Slavyansk et ainsi faciliter la capture complète du Donbass.
Le déplacement vers le sud-est de Dnipro pourrait être un raccourci pour lancer des opérations dans le nord de Zaporozhye.
Dans ce contexte, les conscrits mal entraînés de l’Ukraine et ses villes légèrement défendues au-delà de Pokrovsk augmentent les chances d’une percée militaire partielle de la Russie jusqu’aux prochaines localités lourdement défendues plus loin, et cela pourrait entraîner des changements sérieux dans la manière dont l’Ukraine mène ce conflit.
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Elle pourrait redoubler d’efforts à Kursk (et potentiellement en ouvrant de nouveaux fronts en Biélorussie et/ou dans d’autres régions frontalières de la Russie) au détriment du Donbass.
On l’aura compris, dans tous les cas, elle sera confrontée à un dilemme, surtout si la Russie ouvre de nouveaux fronts à Kharkov et/ou Dnipro parallèlement à la mise de la pression maximale sur le Donbass de Kramatorsk-Slovyansk.
L’Ukraine risque donc de perdre plus de terrain. Pour autant, il n’est pas à exclure que l’Ukraine soit déterminée et contrainte de franchir les lignes rouges qui s’avéreraient non négociables de la Russie….
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