Comment associer les plus jeunes à la lutte contre le réchauffement climatique ?

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Sans avoir sensibilisé les plus jeunes à la cause climatique, il est impossible de gagner le combat contre le réchauffement climatique qui nécessite la mobilisation de toutes les classes d’âge. Or, les jeunes qui sont le segment le plus dynamique de la population devront jouer le rôle fondamental dans cette mobilisation. Cette prise de conscience au sujet de l’urgence de cette cause doit commencer assez tôt, à l’école secondaire.

L’histoire de cette initiative est toute simple. Dans une conférence pour Planète Positive avec l’ancien conseiller du président français François Miterrand, Jacques Attali, j’ai croisé le docteur Denis Mukwege qui a fait un discours sur ce que comment on fait « réparer » les femmes, les jeunes filles livrées à elles-mêmes, qui ont été victimes de prostitution ou autres. Je lui ai posé la question : “Une fois qu’elles sont réparées, que deviennent-elles ?” Il m’a répondu: “Eh bien, elles repartent à la rue.” Je dis : “On ne peut pas accepter ça. C’est une hérésie. Vous les réparez, vous les soignez, mais il faudrait qu’on trouve quelque chose pour leur redonner de la dignité.” 

C’est vrai que cela fait partie de mon combat pour les femmes mais il fallait trouver quelque chose. C’est vrai que j’ai eu la complicité de Myriam Maestroni, parce qu’elle m’a entendue et parce qu’elle était confiante par rapport à ce problème. Et j’ai surtout eu la confiance de Mariatou Koné, qui était précédemment ministre de la Solidarité en Côte d’Ivoire. Elle a été confrontée à ces jeunes filles livrées à la prostitution, à des grossesses non désirées, souvent par viol ou autres. Et on a travaillé ensemble pour trouver une solution. 

Et le jour où Mariatou Koné a été nommée ministre de l’Éducation nationale, on a trouvé le soutien. Il fallait trouver un site pilote, donc la Côte d’Ivoire, et Mariatou est maire d’une ville de 30 000 habitants. Alors j’ai appris, 30 000 électeurs, donc c’est très important aussi. Mais ces électeurs vont venir des jeunes électeurs et des jeunes électrices. Et on s’est dit qu’il faudrait qu’on forme des jeunes filles pour aller expliquer dans les maternelles, dans les primaires, ce qui se passe au niveau de la planète, ce qui est le changement climatique. 

Pourquoi on parle tant du changement climatique, mais on n’aide pas sur la pauvreté, sur ces populations qui traversent des territoires entiers à cause de la désertification, à cause de tous ces problèmes de guerre d’ailleurs. On pourrait former des filles, qui sont les plus sensibles, mais qui sont aussi malheureusement les plus violentées, à porter ce message. 

Puis, je me suis rendu compte, on parle français à Abidjan, et dans beaucoup de grandes villes de Côte d’Ivoire, mais il y a aussi des dialectes. Et ces jeunes filles qui sont en contact avec ces jeunes dans les écoles, pourront leur parler avec leur dialecte pour qu’ils comprennent ce qui se passe en matière du changement climatique. Et donc, nous avons été contactés par l’UNESCO pour pouvoir essayer de développer ce processus. Les Institutrices du climat, ce n’est plus un slogan, ce projet va être une réalité. Comme Myriam Maestroni l’a dit, on pourrait répliquer ce projet en France. On doit le faire pour former ces jeunes filles en Afrique, mais il y a aussi des écoles entières à former en France. 

On a lancé dans un premier temps, avec Myriam Maestroni et la fondation E5T un concours de dessins entre une école en France à Sartrouville et une école à Mayo, en Côte d’Ivoire. Ce concours de dessins s’adressait aux enfants. Et nous avons eu des choses merveilleuses. Au début, les enfants de Mayo copiaient les dessins des livres sans se poser de questions. Puis quand une ou deux jeunes filles sont arrivées pour leur dire : “On vous parle du changement climatique. Qu’est-ce que cela vous évoque ?”, on a vu des choses magnifiques. 

Il faut absolument continuer cette initiative car tous les travaux, que nous, les adultes, réalisons et qui sont essentiels pour le devenir de la planète, sont en alerte permanente vis-à-vis des populations. Il faut les expliquer aux enfants. On ne peut pas se limiter à dire : “Ils vont devenir adultes, ils comprendront.” Non. Dès le plus jeune âge, il faut expliquer pourquoi il faut faire attention à l’eau, pourquoi on installe des panneaux solaires, pourquoi les arbres brûlent très vite par la désertification. Il y a tellement de “Pourquoi ?” Mais il faut qu’on leur dise aussi : “Apportez vous-même les réponses.” Donc voilà, c’est notre petite histoire qui, j’espère, continuera longtemps.   

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