C’est avec la Turquie, il ne faut pas le nier, que la France a connu l’une des plus longues relations diplomatiques de son histoire. De 1536, date du traité d’alliance entre François Ier et Soliman le Magnifique à la Première Guerre Mondiale, les deux pays n’ont connu qu’une brève rupture de trois années (1798-1801 lors de l’Expédition d’Egypte). Cela laisse rêveur lorsqu’on regarde aujourd’hui les relations entre nos pays. Des relations qui ont pris un tournant pathétique depuis l’arrivée au pouvoir d’Erdogan et la mise en place par celui-ci d’une politique offensive tournée vers la France mais aussi certains autres pays comme la Grèce. Crise libyenne, crise syrienne, accrochage avec la Grèce ou bien encore soutien à un islam radical ou déstabilisation française en Afrique, la Turquie a le « chic » pour faire effet de repoussoir.
Mais en fait est-ce la Turquie le problème ou bien son dirigeant actuel qui a décidé d’avoir une politique extérieure très expressive afin de masquer les difficultés intérieures qu’il rencontre ? Difficultés que l’économiste Seyfettin Gürsel, dans un article du Nouvel Obs, présente comme une situation économique et sociale très assombrie par une inflation galopante, un chômage élevé, une perte de confiance totale des marchés internationaux … Réponse après les élections.
Quoi qu’il en soit il serait bon que la France n’oublie pas les différents points « d’affrontements » récents qui l’ont opposé à la Turquie avec au somment de ceux-ci l’incident gravissime du 10 juin 2020 qui a vu un navire de guerre turc « illuminer » la frégate Courbet en Méditerranée orientale. Un acte de guerre qui aurait dû voir notre président prendre son courage à deux mains en sanctionnant fortement la Turquie mais à la place la France a décidé de se retirer temporairement des opérations de l’OTAN en Méditerranée, afin de protester contre l’attitude de la Turquie … Voilà qui a dû fortement impressionner Erdogan.
Peut-être que le président Macron a eu peur de la forte communauté turque présente sur le territoire national, plus ou moins 800.000 personnes (si on parle des présences régulières), qui sous financement d’Ankara dispose de ses propres mosquées et ses 151 imams dont environ 65 % sont des fonctionnaires turcs, de ses associations et même de ses écoles, dispensant la « bonne parole » du gouvernement turc mais aussi des frères musulmans. La peur n’est pas la meilleure arme face à un adversaire qui a décidé d’utiliser sa force, présumée, pour imposer ses politiques. C’est par le mélange subtil de l’action/dissuasion qu’il faut agir. Actions ciblées sur le territoire national avec l’expulsion de certains ressortissants, avec la fermeture de certains établissements et l’interdiction de certaines associations. Dissuasion par une activité, militaire et/ou diplomatique, accrue en Méditerranée mais aussi dans le Caucase et en Afrique notamment en Arménie, en Lybie, au Liban, à Djibouti, en Egypte.
Quel que soit le vainqueur des élections du 14 mai, la France ne doit pas relâcher la garde.
David Saforcada, est un ancien militaire des Troupes de Marine, formateur dans les métiers de la sécurité privée et membre de plusieurs associations souverainistes et patriotes. Il est actuellement Secrétaire général du Centre d’Études et de Recherches sur le Bonapartisme et Président du mouvement, L’Appel au Peuple.