TotalEnergies est le chef d’orchestre du Projet pharaonique « Mozambique LNG », dont l’objectif est de produire 12,9 millions de tonnes de GNL via des trains de liquéfaction situés sur la péninsule d’Afungi. Or, les opérations avaient été suspendues, en décembre 2020, à la suite de la forte détérioration des conditions sécuritaires.
La province du Cabo Delgado est depuis fin 2017 en proie à une insurrection menée par le groupe djihadiste « Ahlu Sunna Wal Jamaa », désigné localement sous le nom des « Shebabs ». En avril 2021, TotalEnergies avait suspendu son projet d’exploitation de gaz naturel pesant 18 milliards d’euros (près de 20 milliards de dollars) après une attaque d’ Ahlu Sunna Wal Jamaa perpétrée à quelques kilomètres de son site dans la région.
La province de Cabo Delgado est située à la frontière avec la Tanzanie. Elle est en proie à des violences de groupes armés depuis fin 2017. Près de 4 700 personnes ont déjà été tuées, dont plus de 2 000 civils. Un million de personnes ont été forcées de quitter leur foyer.
Pour mémoire, la contre-offensive militaire, menée avec la participation décisive de troupes étrangères, avec un accent appuyé des troupes rwandaises, a permis la libération des villes occupées par les insurgés. La reprise en main des territoires s’est faite progressivement au second semestre 2021, et les combats qui ont accompagné ces opérations ont conduit à l’éclatement des groupes rebelles en plusieurs unités.
Dans cette perspective, TotalEnergies, est assurément redevable de la présence des forces armées rwandaises pour relancer son projet au Cabo Delgado, s’est aussi rapproché de certaines filiales du holding privé Crystal Ventures, propriété du parti de Paul Kagame.
Chacun sait que le Projet Mozambique LNG devait initialement livrer sa première cargaison en 2024, avec pour objectif de produire jusqu’à 43 millions de tonnes de gaz par an. Les partenaires de TotalEnergies dans le cadre de ce projet sont trois sociétés pétrolières indiennes (ONGC Videsh Ltd, Bharat Petroleum, Oil India Ltd), la société japonaise Mitsui, l’entreprise thaïlandaise PTTEP et l’État du Mozambique
Dans ce contexte, on indiquera volontiers que le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné, s’était rendu dans la Province de Cabo Delgado en février 2023 et s’était entretenu avec le président mozambicain, Filipe Nyusi.
Dans la même veine « La coopération et la coordination avec Total sont très favorables. L’environnement de travail est propice pour que l’entreprise reprenne ses activités à tout moment », avait déclaré Filipe Nyusi, lors d’une conférence sur l’exploitation minière et l’énergie à Maputo en avril 2023.
De plus, selon le rapport de l’Académicien Jean-Christophe Rufin publié le 23 mai 2023 sous l’égide du groupe pétrolier français, le « retour à de meilleures conditions de sécurité » et « l’amélioration de la situation humanitaire dans la zone » sont au rendez-vous, avec notamment le retour de populations déplacées par le conflit dans la ville de Palma, et dans une moindre mesure dans la ville de Mocimboa Da Praia
Ce rapport fait l’objet d’une évaluation indépendante quant à la situation socio-économique, sécuritaire et humanitaire au Mozambique. Cette dernière a été confiée par TotalEnergies à l’écrivain Jean-Christophe Rufin, ancien directeur de l’ONG Action contre la faim, et ancien ambassadeur de France à Dakar et à Banjul.
Le rapport Ruffin, ne manque pas, par ailleurs, de mettre l’accent sur l’impact positif des actions socio-économiques menées par TotalEnergies et ses partenaires à l’instar de l’équipement des pêcheurs en chaîne de froid, de la plantation de mangroves, de la création de fermes irriguées, la construction d’une usine de transformation de noix de cajou et la création de kiosques scolaires.
Chemin faisant, s’agissant des populations affectées par le développement du complexe de production de GNL, Jean-Christophe Ruffin recommande à ce titre plusieurs pistes d’amélioration afin d’achever dans les meilleures conditions « la mise en œuvre du plan de relocalisation et d’assurer les compensations selon les meilleures pratiques ».
Il en va de la mise à jour des inventaires des biens des personnes affectées, le raccourcissement du délai de paiement des compensations, la mise à disposition de terres agricoles et l’accès aux zones de pêche.
Enfin, une Fondation sera créée, elle agira sous la bannière « Pamoja Tunaweza » (« ensemble, nous pouvons » en Kiswahili). Elle aura pour objectif de pérenniser l’action du programme de développement socio-économique concernant l’ensemble du territoire de la Province du Cabo Delgado. La Fondation sera dotée d’un budget pluriannuel de 200 millions de dollars.
