Albert Séverin Roche : le poilu qui a capturé 1 200 allemands !

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Albert Séverin Roche est un soldat français de la Première Guerre mondiale. Blessé neuf fois, il est particulièrement célèbre pour avoir fait prisonnier près de 1 200 soldats allemands sur la totalité de la guerre*.

* Ce texte a été également publié sur le média Billet de France, dont Charles de Blondin est le fondateur et le rédacteur en chef.

C’est une histoire glorieuse malheureusement peu connue : celle d’un militaire français surnommé par le Maréchal Foch, le « premier soldat de France ». Blessé neuf fois, véritable tête brulée au front, l’Histoire ne retient que peu son nom.

Né le 5 mars 1895 à Réauville (Drôme), Albert Séverin Roche est le fils d’une famille de cultivateurs. Alors que la guerre éclate, son père souhaite garder son fils à la ferme car il a besoin de bras. Mais cela n’est pas du goût de ce dernier qui se sauve. Il s’engage en tant que simple soldat au 30ème bataillon de chasseurs. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les entraînements et la vie de caserne ne sont décidemment pas pour lui et le jeune soldat déserte pensant qu’une fois rattrapé, sa punition l’enverra au front. Mis d’abord en prison, il obtient gain de cause et se fait transférer en juillet 1915 dans l’Aisne, au 27ème bataillon de chasseurs alpins, surnommés par les Allemands, les « diables bleus » à cause de leur ténacité au combat et leur uniforme.

Des exploits extraordinaires

Très rapidement, le soldat de deuxième classe Roche va faire parler de lui. Alors qu’un nid de mitrailleuse allemande dans un blockhaus entrave l’avancée française, il se porte volontaire pour le détruire. Avec une petite équipe, il sort de sa tranchée silencieusement et se dirige de nuit en direction du camp allemand. Une partie d’entre eux se réchauffent près du poêle à bois. Il jette alors quelques grenades dans le conduit de ce dernier et tue plusieurs soldats allemands. Les autres, étonnés et pensant à une attaque massive, déposent leurs armes et se rendent aux quelques soldats français qui en profitent pour prendre les mitrailleuses ennemies. Particulièrement courageux, Roche va multiplier ce genre d’action, accumulant les victoires et… les prisonniers. Pour ses actions, il reçoit la distinction de soldat de 1ère classe le 15 octobre 1915.

Durant l’hiver 1915, sa tranchée en première ligne se fait pilonner par l’artillerie allemande. Tactique traditionnelle, à la fin du bombardement, un assaut allemand s’ensuit. Alors qu’ils croyaient tomber sur une tranchée vidée de ses occupants, refugiés en deuxième ligne le temps du bombardement, ou ravagée par les bombes, les Allemands sont pris à partie. Roche, seul survivant de sa tranchée, organise la résistance. Il dépose les fusils de ses camarades morts au combat, tir et recharge le long de sa ligne de défense. Le rythme est tenu à tel point que les Allemands, surpris, reculent. Un jour, alors qu’il est prisonnier avec son lieutenant blessé, il parvient à voler le pistolet de l’officier qui l’interrogeait, à s’évader avec son supérieur sur son dos et à emmener avec lui des prisonniers allemands.

En 1917, lors d’une offensive de la bataille du Chemin des Dames, sa compagnie doit se replier sous le feu allemand. D’abord considéré comme disparu, Roche découvre que celui-ci est blessé et se trouve entre les lignes. Il part le chercher et rampe dans le no man’s land. Après plusieurs heures de déplacement, il parvient à confier son capitaine à des brancardiers. Épuisé par tant d’effort, Roche s’endort dans un trou d’obus. Découvert par une patrouille, celle-ci le prend pour un déserteur. Alors que le front connaît une hausse des désertions et de mutineries, des soldats refusent de monter à l’assaut, la sanction est sans appel : il sera fusillé pour désertion face à l’ennemi. En prison, il écrit une lettre à son père dans laquelle il déclare être innocent de l’accusation qu’on lui impute. Au matin, alors que les hommes en chargent de l’exécution se préparent à faire leur triste besogne, l’officier commandant le peloton, reçoit un courrier : le capitaine, bien que blessé, apporte son témoignage, innocentant Roche et le proposant à la médaille militaire pour bravoure.

L’après-guerre

Le 8 septembre 1918, Roche est nommée Chevalier de la Légion d’honneur et reçoit sa décoration des mains du général de Maud’huy. Ses exploits remontent au général Foch, chef des armées françaises qui s’étonne du non-avancement de ce soldat malgré sa bravoure au combat. En novembre 1918, les troupes françaises pénètrent en Alsace, région pour laquelle ils se sont tant battus. La foule acclame ses libérateurs. Sur la place de l’hôtel de ville de Strasbourg, le général Foch, apparaît au balcon accompagné du soldat Roche et le montre à la foule en disant : « Alsaciens, je vous présente votre libérateur Albert Roche. C’est le premier soldat de France ! ».

Démobilisé, il retourne dans le sud de la France où il travaille comme cantonnier. Le 11 novembre 1920, il fait partie du groupe qui porte le cercueil du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Il accompagne une délégation française à Londres lors de l’enterrement du maréchal britannique French, et déjeune avec le roi George V. En avril 1939, il est renversé par une voiture. Conduit à l’hôpital, Albert Roche décède de ses blessures le 14 avril 1939. Lors de ses obsèques, les honneurs militaires lui seront rendus sur la demande du président du Conseil, Edouard Daladier.

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