Moscou aurait la ferme intention d’élargir sa coopération avec le chef de l’armée nationale libyenne Khalifa Haftar. Dans cet esprit, les parties envisagent de conclure un accord de coopération, ce qui a le don d’irriter le Pentagone. Bloomberg révèle ainsi qu’une base navale russe pourrait apparaître dans la partie orientale de la Libye.
Washington est très préoccupé par les informations apparues sur la reprise des contacts entre l’armée russe et l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.
En effet, les parties envisageraient de conclure un accord de défense, qui pourrait conduire à la création d’une base navale russe sur la côte libyenne.
Il serait question pour Poutine et Haftar de nouer un « accord de défense » visant à protéger le « croissant pétrolier » situé dans l’est de la Libye en échange de facilités accordées à la marine russe dans les ports contrôlés par l’ANL. Et cette configuration est très loin d’enchanter les Américains.
La Libye est bel et bien le flan sud de l’Otan. Une base navale dans la région aurait pour effet d’exercer un contrôle significatif sur le sud de l’Europe.
Selon Bloomberg, Moscou et Tobrouk prépareraient donc cet accord sur les questions de défense. Le projet toujours à l’étude, découle de la réunion au combien stratégique qui s’est tenue à Moscou fin septembre 2023 entre le président russe Vladimir Poutine et le commandant des forces orientales de la Libye, Khalifa Haftar.
Pour la petite histoire, en août 2023, avant le décès « accidentel » d’Evguéni Prigojine, le chef de Wagner, une délégation emmenée par Iounous-Bek Ievkourov, le vice-ministre russe de la Défense, fut accueillie par le maréchal Haftar à Benghazi, pour évoquer la « coopération » et la « coordination » en matière de « formation et de maintenance des armes et équipements russes » en possession de l’armée nationale libyenne.
Puis, fin septembre 2023, le maréchal Haftar s’est rendu à son tour à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine. Objectif ? évoquer la situation en Libye… sans oublier la perspective de cette fameuse base militaire de Tobrouk.
Or la Libye est partagée entre des administrations rivales à l’est et à l’ouest, chacune ayant ses propres préférences en matière de politique étrangère. Haftar, qui contrôle d’importantes installations pétrolières et cherche des systèmes de défense aérienne, renforce désormais ses liens avec la Russie.
Par ailleurs, on ne saurait occulter le groupe Wagner qui a épaulé pendant plusieurs années, la Russie en Libye . Dans cette perspective, la récente disparition de son chef Prigogine a du reste permis au ministère russe de la Défense d’assurer un plus grand contrôle de ce groupe.
Dans ce contexte géopolitique, il va sans dire que la recherche de la Russie d’une base navale en mer Rouge, lui donnerait accès à des voies maritimes vitales. Elle témoigne par là même de ses objectifs à long terme en Méditerranée.
Et il y a plus, révèle Bloomberg, l’émergence d’une base navale de la marine russe au Soudan, n’est pas là pour apaiser Washington.
Jusqu’à présent, l’Oncle Sam a réussi à contenir la progression de Moscou au Soudan, mais pour combien de temps ? Or chacun sait que les accords pourraient être ratifiés incessamment par le pouvoir législatif de Khartoum.
Pour l’administration Biden, qui a toujours milité pour contenir l’influence de Moscou en Méditerranée, est-ce un aveu d’échec ?
Qu’on y songe, la base navale de Tobrouk en Méditerranée centrale, à seulement quelques centaines de kilomètres des côtes françaises, italiennes et grecques, serait susceptible de gêner les mouvements de l’Otan dans le secteur.
Étant entendu que la Russie peut déjà se targuer de disposer d’une base navale à Tartous, en Syrie. Et si celles de Tobrouk et du Soudan voyaient le jour, cela réhausserait très substantiellement les facultés de déploiement de la Russie au Moyen-Orient et en Méditerranée en général.