En septembre 2023, le premier Forum d’investissement italo-saoudien a eu lieu en Italie. Le plan d’investissement international saoudien prévoit 1000 milliards d’investissement, dont ¾ en Italie. Ces nouveaux investissements s’ajoutent aux investissements des Émirats arabes unis, qui sont en croissance et développement constant depuis de nombreuses années. À leur tour, les Émirats multiplient les investissements en Italie : un marché commun de 10 milliards d’euro est attendu.
Le ministre de l’Économie des Émirats, Andullah Bin Touq Al Marri, déclarait déjà en 2022, que le modèle financier industriel italien était utile pour promouvoir la transition écologique industrielle de son pays. Il a notamment évoqué les alliances entre industries et districts industriels. La synergie entre l’Italie et les Émirats s’en trouve donc renforcée (avec cet échange de 10 milliards de dollars).
Comme on le sait, cette collaboration et le dialogue entre l’Italie et les pays du Golfe existent depuis de nombreuses années notamment via le Centre Européen d’information du Golfe, EGIC. Les Émirats représentent déjà le plus grand marché arabe pour les productions italiennes.
Les investissements de haut niveau, en partenariat avec l’Italie, s’étendent parallèlement de l’autre côté de la Méditerranée.
ENI, la plus grande société italienne d’hydrocarbures, a annoncé le mois dernier des investissements en Égypte d’une valeur totale de 7 milliards d’euros qui seront activés progressivement dans les années à venir.
Le cas de la Sardaigne
Le cas de la région de Sardaigne est emblématique de l’évolution des investissements arabes en Italie, en particulier, sur la Costa Smeralda, la zone touristique haut de gamme de la l’île, où d’importants intérêts arabes se sont développés depuis de nombreuses années. Parmi ceux-ci, se distinguent ceux du nouveau front de mer de Porto Cervo, créés comme un investissement pilote expérimental. Puis le rachat à l’échelle nationale de la moitié du groupe Rocco Forte. Aujourd’hui, les investissements arabes sont relancés pleinement avec le transfert de 49% du groupe Rocco Forte en décembre 2023 au Fonds d’investissement public saoudien. Celui-là même qui réinvestit depuis de nombreuses décennies les revenus pétroliers dans des actifs agricoles, industriels, bancaires et financiers à travers le monde. Le Cheikh Ahmed Zaki Yamani, ministre saoudien du pétrole et président de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), a vécu longtemps en Sardaigne, dans une villa somptueuse à Romazzino. Faisant suite à d’autres demeures comme celle de l’Aga Khan, construite dès mars 1962 sur la Côte d’Émeraude, zone devenue depuis un lieu de vacances d’excellence.
Ces investissements arabes et égyptiens, puis des Émirats et de Bahreïn, sont positifs et constructifs pour les économies de la Sardaigne et plus globalement italienne.
Le Qatar aussi avait massivement investi en Italie.
Un temps, la connivence politique aux plus hauts niveaux et la volonté de favoriser le Qatar avaient pour objectif d’éviter les répercussions de l’islam politique et surtout du terrorisme extrémiste.
Entre 2012 et 2022, les Qataris s’étaient substitués à d’anciens investissements en provenance de Libye ou d’autre sources arabes : à partir de 2012, ils avaient acheté des actifs importants comme les hôtels de luxe sardes Romazzino, Pitrizza, Cervo, au manager américain Tom Barrack, et aussi en rachetant le Marina de Porto Cervo et le Pevero Golf Club. Mais le Qatar reste extrêmement ambigu, car considéré comme un financier indirect du terrorisme et désormais proche de Hamas, dont il est l’interlocuteur dans la crise de Gaza.
L’Hotel S.Regis à Rome, le Gritti à Venise, le Baglioni et le Four Seasons à Florence lui appartiennent également dans un mélange d’économie normale et d’intérêts internationaux secrets et occultes…
D’un autre côté, l’Arabie saoudite a non seulement repris d’importants actifs sardes comme l’ont fait les Émirats, tant au niveau public que privé, mais a également investi avec succès dans la relance touristique de la Sardaigne et de Port Cervo en investissant dans les industries locales tant dans la région de la côte que dans d’autres régions de la Sardaigne. Ainsi la petite place de Port Cervo qui imite celle de Capri, devient une place arabe comme elle le fut autrefois pour les Américains, les Européens et les Russes. Actuellement, la Chine, les pays arabes et l’Inde sont en plein développement dans les investissements industriels, touristiques et immobiliers en Sardaigne et dans les propriétés de luxe.
Le Qatar a également acheté « la forêt verticale », le gratte-ciel de Milan et le quartier de Porta Nuova (Nouvelle Porte) à Milan.
A Rome, toute la Rue Gregoriana et Sistina et leur voisinage sont riches en investissements arabes. Si la société immobilière Coima Res a créé un quartier à Milan, ce n’est rien comparé au montant des investissements arabes venus d’Arabie, du Maroc, des Émirats et du Bahreïn.
Par ailleurs, à la bourse de Milan, la plus grande d’Europe avec la bourse de la City de Londres, les investissements des pays arabes sont très diversifiés, de la haute couture italienne. Comme Roberto Cavalli, qui vient d’inaugurer un gratte-ciel a Dubaï, et son centre-ville, où le couturier italien a toujours exposé ses plus belles réalisations du style italien.
Souvenons-nous aussi de l’Exposition universelle de Dubaï avec le pavillon italien avec la copie du David de Michel-Ange…
Les Arabes savaient tout aussi bien interagir avec la politique italienne et la diplomatie économique du gouvernement de Enrico Letta au Koweït et de Matteo Renzi déjà à Riyad par le passé.
Pour revenir à la Sardaigne, à Port Cervo, la promenade du Port a été inaugurée en 2022 et possible grâce à des investissements issues d’un projet financier de l’Arabie saoudite et des Émirats. Et les giga-yachts de propriétaires saoudiens y ont toujours été présents…
À cet égard, en particulier, comme on le sait, le Qatar avait été puni en 2017 avec le boycott des hôtels et des sites sardes par les riches arabes. Les stations balnéaires et les jetées de la Côte d’Émeraude sont restées vides de la présence arabe en raison de la rivalité entre le Qatar et ses voisins du Golfe à l’époque.
Aujourd’hui, au contrarie, une liaison maritime directe entre Dubaï et les quais sardes arrive et les vols en avion privés arabes à destination et en provenance de la Sardaigne ont repris. On ne peut donc pas exclure que, de manière surprenante, les actifs retirés au Qatar, finissent par être achetés et repris par d’autres pays arabes modérés.
C’est la logique de l’économie qui le dit : ubi maior minor cessat, donc, dans les affaires.
La Sardaigne est donc emblématique du défi de « la conquête économique » de l’Italie, qui implique l’Arabie, les Émirats et d’autres pays arabes comme l’Égypte, le Maroc ou la Tunisie. La Sardaigne est la porte de la Méditerranée pour les Arabes. Des entreprises d’Arabie, des Émirats, de Tunisie, d’Égypte, du Maroc, d’Algérie et de Libye s’y sont déjà installées…
Concernant les synergies positives entre Arabes et Italiens, on peut citer l’exemple de la régate préliminaire de l’America’s Cup avec l’équipe de voile du légendaire bateau Luna Rossa en Arabie Saoudite, en 2023.
Un grand spectacle du sport international à Djeddah, en Arabie Saoudite, pendant deux jours.
L’exemple égyptien
Il existe en Italie de nombreuses entreprises égyptiennes créées par des immigrés. En Italie, un égyptien sur trois est un entrepreneur. La Lombardie, le Latium, le Piémont et l’Émilie accueillent près de 91% de ces entreprises. La communauté égyptienne d’Italie est la sixième parmi celles des pays tiers, en dehors de l’UE, avec 19 000 propriétaires d’entreprises égyptiens en Italie…