[02:38, 06/07/2024] Noreen Shah:

Ami : est-ce la fin de l’Amérique ? 

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Trump déclare être condamné dans le cadre d’un procès politique sur fond de chasse aux sorcières

Donald Trump est le premier ancien et actuel président américain à être jugé dans une affaire pénale. Il est désormais devenu le premier candidat historique d’un grand parti à se présenter à la Maison Blanche en tant que « criminel reconnu coupable ».

La date de condamnation de Trump est fixée au 11 juillet 2024, soit 4 jours seulement avant la Convention nationale républicaine dans le Milwaukee, où il devrait être officiellement nommé candidat républicain à l’élection présidentielle de 2024.

Tout d’abord, revenons brièvement sur l’affaire Stormy Daniels qui a enflammé la toile, les médias et divers commentateurs politiques américains.

Il n’aura fallu que 11 heures au jury pour condamner l’ex-président sur les 34 chefs d’accusation après les 8 heures de plaidoiries finales et d’instructions confuses du procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg. Trump a été reconnu coupable d’avoir falsifié des documents commerciaux concernant des paiements effectués lors des élections de 2016 à Stormy Daniels, pour garder le silence sur sa prétendue liaison avec la performeuse de X, âgée de 45 ans. L’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a payé Stormy Daniels, de son vrai nom, moins « bling » Stéphanie Clifford, 130 000 dollars en échange de son silence sur les allégations d’une liaison avec l’ancien président. Les procureurs ont fait valoir que ce process revenait à « chercher à influencer illégalement les élections présidentielles de 2016 ». 

Le Juge a déclaré qu’il ne pouvait pas condamner l’accusé sur la base du seul témoignage de Michael Cohen, à moins de trouver des preuves corroborantes. Les jurés ont conclu que les témoignages de témoins tels que David Pecker et de Hope Hicks, ainsi qu’une pile de courriels, SMS, relevés bancaires constituaient un faisceau d’indices suffisants et concordants. La Défense de Trump a toujours refusé la recevabilité des traces écrites, y compris les 11 chèques qui auraient été signés de la main même de Donald Trump, parce qu’elle n’avait aucune autre version alternative à proposer.

Qui sont ces deux témoins qui ont fait basculer le juré ? Le premier, David Pecker, est un ami proche de Donald Trump depuis le milieu des années 1990. Cet homme de 73 ans a été à la tête d’un empire médiatique pendant plus de deux décennies et aurait étouffé de nombreuses affaires pendant la campagne présidentielle de Donald Trump, en 2016. Une technique surnommée le « Catch and Kill» . Quant au second témoin-clé de ce procès, Hope Hicks, la plus jeune directrice de la communication de la Maison-Blanche, qui fut aussi la confidente de l’ancien président, cette dernière a livré un témoignage accablant contre son ex-employeur, concernant le maquillage de ses comptes visant à cacher des paiements à l’actrice de porno Stormy Daniels

L’ancien président a nié à plusieurs reprises avoir falsifié des documents commerciaux ainsi que la réalité de cette prétendue liaison avec l’actrice de films pornographiques. Trump a été condamné également à plusieurs amendes et menacé de prison, par le juge dans cette affaire, pour violation d’une ordonnance de silence visant à protéger les témoins et les jurés de ses attaques ou ses menaces verbales.

Quel sera l’impact sur la trajectoire de la course à la présidentielle 2024 ?

Certains sondages en amont du procès suggéraient que près d’un tiers des Républicains seraient moins enclins à soutenir Donald Trump s’il était reconnu coupable des chefs d’accusation retenus à son encontre. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Compte-tenu de l’âpreté de la bataille électorale, notamment dans les swing-states, même si 2% des Républicains changent d’avis à propos de Trump, cela pourrait affecter le résultat. Pourtant, une majorité des Démocrates concluent, eux, que Biden, âgé de 81 ans, n’a plus l’acuité mentale ni l’endurance nécessaires pour servir le pays. Le pays reste donc plus divisé que jamais.

Trump détient actuellement un léger avantage à la fois dans les sondages nationaux et dans les enquêtes d’opinion, notamment dans les états cruciaux. Pour certains stratèges démocrates comme Chris Moyer « si Donald Trump est un criminel reconnu coupable à l’approche des élections de novembre, cela aura un impact auprès des électeurs indécis dans les 6 États qui seront décisifs dans la victoire finale ».  Vétéran chevronné de quelques campagnes présidentielles pour les Démocrates, Moyer poursuit « chaque petit développement dans cette course électorale pourrait influencer les électeurs d’une manière ou d’une autre. Personne ne veut d’un criminel reconnu coupable, comme nom que vous inscrivez sur le bulletin de vote ». (Source : 2024 Wildcard : Trump criminal trial verdict throws 2024 presidential election into uncharted waters, par Paul Steinhauser, Fox News, publié le 30 mai 2024).

De son côté, Colin Reed, consultant républicain de longue date reconnait que même s’il n’est jamais une bonne chose d’être reconnu coupable d’un crime dans la vie privée comme en Politique, « les anciennes règles et les vieilles conventions ne se sont jamais imposées à Donald Trump, tout au long de sa vie politique (…) Il s’agit de voir à présent s’il s’agit d’une enclume politique ou juste d’un autre chapitre d’une longue saga faite de hauts et de bas pour un gars qui a survécu à des obstacles politiques apparemment insurmontables auparavant ».

Certains sondeurs, eux, à l’instar de Daron Shaw, professeur de sciences politiques et président de l’Université du Texas, notent qu’avant 2020, personne n’aurait pensé qu’un candidat pourrait survivre à une condamnation pénale. Le verdict de culpabilité ne changerait fondamentalement pas la trajectoire de la course à la Présidentielle de novembre prochain.

« Les temps et les circonstances ont évolué ».

Biden évalue lui, la « menace Trump résistante ». Si un certain nombre de démocrates se sont inquiétés du résultat du procès, les dirigeants démocrates du sénat sont notamment restés silencieux.

Un écosystème favorable pour faire appel selon les avocats en droit constitutionnel

L’affaire n’est pas pour autant « pliée » pour le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg.

Si la condamnation de Donald Trump est prévue pour le 11 juillet prochain, retenons que chaque chef d’accusation est passible d’une peine maximale de quatre ans pour l’ancien président. Au total, Trump risque une peine maximale de 136 années de prison.

Toutefois, certains experts juridiques affirment que le procès constitue un écosystème favorable pour faire appel. L’avocat spécialisé en droit constitutionnel et collaborateur de Fox News, Jonathan Turley, pense que l’affaire risque de s’effilocher et sera certainement traitée au niveau fédéral.

Pour Grégory Germain, professeur de droit à l’université de Syracuse, de nombreuses questions n’ont pas été abordées : « Un bien meilleur argument aurait été d’avancer pourquoi les registres n’ont pas pu être falsifiés dans une perspective de fraude de l’élection de 2016, tout simplement parce que les registres ont été falsifiés en 2017, bien après l’élection et qu’ils n’étaient pas connus du public ». Il y a de nombreuses questions susceptibles de mener à l’appel selon lui. (Source : Legal experts say Trump conviction is a « target rich environment » for appeal, par Brianna Herlihy, Fox News, publié le 30 mai 2024).

De plus, le Juge Juan Merchan aurait considérablement favorisé l’accusation, notamment dans ses instructions données aux membres du jury. Les jurés se seraient vus dire que « même s’ils devaient conclure à l’unanimité que Trump avait provoqué une fausse entrée commerciale dans le but de dissimuler un autre crime, il n’était pas nécessaire qu’ils soient unanimes sur la nature de cet autre crime ». Cela sera certainement l’une des nombreuses questions que l’équipe juridique de Donald Trump soulèvera en appel. Dès lors, il ne serait pas surprenant que cette condamnation soit annulée, mais il est peu probable que cela se produise avant les élections.

« Nous allons nous battre dur »

Quelques heures seulement après avoir été reconnu des 34 chefs d’accusation lors de son procès pénal à New York, l’ancien président Donald Trump s’est rapidement remis jeudi soir à se concentrer sur la préparation de sa revanche électorale en vue des prochaines Présidentielles de novembre prochain.

« Nous sommes déjà de retour à la mission. Je ne laisserai pas cette imposture arrêter le mouvement de cette campagne pour sauver la nation ». L’équipe Trump a lancé un appel à ses partisans pour collecter des fonds. Winred, https://secure.winred.com/save-america-joint-fundraising-committee/,  la plateforme de collecte de fonds en ligne du Parti républicain, utilisée par la campagne Trump a brièvement fermé ses portes moins d’une heure après le verdict. Selon le porte-parole de la campagne de Trump, Brian Hughes, le trafic a été si important qu’il a provoqué des retards intermittents :

« Quelques minutes après le verdict, le système numérique de collecte de fonds a été frappé par un nombre record de partisans. L’équipe de campagne est reconnaissante pour cet afflux massif de soutien parce que cela montre que les Américains ont vu ce simulacre de procès comme une ingérence politique dans les élections que Biden et les démocrates ont toujours souhaitée ».

Le site web de la campagne de Trump a également dirigé ses donateurs vers Anedot, une autre plateforme de collecte de fonds utilisée par diverses équipes de campagne républicaine. (https://secure.anedot.com/trump-national-committee-inc/donate ).

Les principaux instituts d’enquête de l’ancien président ont publié une note à la veille du verdict, affirmant qu’une condamnation n’aurait aucune conséquence électorale.

Si l’équipe Trump souhaite éviter le « siphonnage » des dons, qui seraient prélevés directement dans ses coffres pour payer ses frais judiciaires, Donald Trump lui, vise surtout à combler son écart de collecte de fonds avec Joe Biden. En avril dernier, son équipe de campagne et le comité national républicain ont pour la première fois surclassé les Démocrates. Toutefois, même si Trump a intensifié sa collecte de fonds, la campagne de Joe Biden bénéficiait toujours d’un avantage de trésorerie de 84 à 49 millions de dollars sur celle de son concurrent, fin avril 2024 (Source : 2024 Showdown : Trump and Biden quickly cash in on former president’s guilty verdict, par Paul Steinhauser, Fox News, publié le 31 mai 2024).

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