Par André Boyer – Son blog : http://andreboyer.over-blog.com/
Le vendredi 31 mai 2024, il y a une éternité, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) a abaissé la note qui évalue la qualité de la dette française…
Les eaux torrentielles qui ont coulé sous les ponts de la politique française, à savoir les résultats catastrophiques à l’élection européenne du 9 juin 2O24 pour les candidats de l’équipe politique qui gouverne actuellement la France, puis le même jour, la dissolution de l’Assemblée nationale qui implique une nouvelle redistribution du pouvoir, laissent augurer des modifications dans la trajectoire économique et financière de la France.
Des changements, des ajustements, des corrections brusques sont à prévoir, qui ne sont généralement pas du goût des financiers qui souscrivent aux emprunts émis par la République Française, ni de celui des agences de notation qui cherchent à rationaliser ces décisions de prêts.
Quoi qu’il en soit, il est intéressant de parcourir les arguments qui justifiaient il y a trois semaines l’abaissement de la note de S&P de AA vers AA-. Pour ce faire, je ne me suis pas fié aux commentaires des journaux mais j’ai utilisé directement le rapport de S&P dont les extraits, traduits en français, sont présentés en italique :
La note à long terme de la France est abaissée de “AA” à “AA-” en raison de la détérioration de la situation budgétaire.
En effet :
– Contrairement à nos prévisions antérieures, nous estimons que la dette publique de la France augmentera pour atteindre environ 112 % du PIB d’ici 2027, contre environ 109 % en 2023.
– Le déficit budgétaire de la France en 2023 a été nettement plus élevé que ce que nous avions prévu, atteignant 5,5 % du PIB.
– Même si nous pensons que la reprise de la croissance économique et les réformes économiques et budgétaires récemment mises en œuvre permettront à la France de réduire son déficit budgétaire, nous prévoyons maintenant qu’il restera supérieur à 3 % du PIB en 2027.
S&P envisage deux scenarios, dont le scenario défavorable suivant :
Nous pourrions abaisser les notes souveraines de la France si la croissance économique s’avérait matériellement inférieure à nos projections sur une période prolongée. Les notes pourraient également être mises sous pression si la France s’avère incapable de réduire son important déficit budgétaire, par exemple en raison de nouveaux dérapages budgétaires, et si les paiements d’intérêts des administrations publiques en pourcentage des recettes augmentent au-delà de nos attentes actuelles.
L’abaissement de la note reflète notre projection selon laquelle, contrairement à nos attentes précédentes, la dette des administrations publiques françaises en pourcentage du PIB augmentera en raison de déficits budgétaires plus importants que prévu au cours de la période 2023-2027…
…Le ratio dette publique/PIB de la France est devenu le troisième plus élevé de la zone euro, après ceux de la Grèce et de l’Italie…
…Selon nous, les résultats obtenus par la France en matière d’assainissement budgétaire au cours des dernières décennies sont médiocres. Elle n’a pas enregistré d’excédent budgétaire primaire depuis 2001…
…Nous pensons que la fragmentation politique ajoute à l’incertitude quant à la capacité du gouvernement à continuer à mettre en œuvre des politiques qui augmentent le potentiel de croissance économique et traitent les déséquilibres budgétaires. Sans majorité parlementaire absolue, le gouvernement continue de faire face à une forte opposition parlementaire et non parlementaire à certaines propositions de réforme, comme l’ont montré les nombreuses manifestations et grèves contre la réforme des retraites au premier semestre 2023.
Mais comme les prévisions politiques de S&P se sont révélées rapidement obsolètes puisqu’ils indiquent logiquement que les prochaines élections présidentielles et législatives sont prévues pour 2027, leurs prévisions risquent de l’être également :
Ils prévoyaient que cette année, le gouvernement supprimerait progressivement la plupart des mesures budgétaires temporaires destinées à atténuer l’impact négatif de la hausse des prix de l’énergie et de l’inflation sur les ménages et les entreprises. Cela semble désormais hors de portée, alors que, ajoute S&P, en l’absence de mesures d’assainissement discrétionnaires supplémentaires, le déficit budgétaire restera supérieur à 3 % du PIB.
On ne sait pas encore, dans la situation politique actuelle, sur quelles bases économiques, financières et fiscales s’appuieront les prochains gouvernements pour atteindre un déficit inférieur à 3%.
Or, ajoute S&P, Selon nos prévisions, la dette des administrations publiques en pourcentage du PIB augmentera continuellement pour atteindre 112,1 % du PIB en 2027, contre 109,0 % en 2023…Nous prévoyons que les paiements d’intérêts des administrations publiques représenteront en moyenne 4,3 % de leurs recettes en 2024-2027, contre 3,3 % en 2023.
Il reste que S&P veut rassurer en prévoyant que la vigueur des exportations de biens et de services dans les secteurs économiques clés de la France, tels que l’aéronautique et le tourisme, ainsi que la relative stabilité des prix de l’énergie, permettront de maintenir le déficit de la balance courante en dessous de 1 % du PIB…
Acceptons-en l’augure, en nous attendant à quelques turbulences immédiates, qui n’affecterons pas, nous l’espérons, l’humeur de S&P…
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