Tribune de Julien Aubert
La poussière du scrutin européen vient de retomber au sol, et alors que la fumée se disperse, elle laisse un vainqueur incontestable – le Rassemblement national, soutenu par un tiers des votants – et un parti à terre, Renaissance. Voilà qui laissait présager en 2027 une alternative radicale avec la victoire possible de Marine Le Pen.
C’est alors que le président de la République a décidé d’accélérer le processus de décomposition – recomposition en provoquant une dissolution politique en plein mandat, quelque chose qui n’est survenu que très rarement sous la Vème République, en 1962 et en 1997.
Beaucoup d’observateurs ont critiqué cette réaction qualifiée d’immature ou de dangereuse. Pourtant, Macron sur ce point est très gaullien : constatant une impossibilité de gouverner, il donne aux Français le droit de récupérer leur destin en choisissant une nouvelle orientation.
La seule critique qu’on peut lui adresser est qu’en mettant le calendrier électoral dans une seringue, il empêche de facto une campagne sur le fond. Déjà en 2022, nous n’avons pas eu de vraie campagne présidentielle, tétanisée par la guerre en Ukraine et on a vu le résultat : un président élu, certes, mais sans majorité derrière.
Ce faisant, ne subsistent plus que des accords d’apparentement entre partis ou de coalitions hétéroclites pour obtenir un socle permettant d’accéder au second tour (c’est à dire le pire des pratiques de la IIIème et de la IVème République) ou alors des accords individuels, sur fond de débauchages.
Le risque est que le Parlement sorti des urnes ne dispose pas d’une majorité absolue, ce qui entretiendrait la cacophonie encore a minima un an, ou qu’il y ait deux coalitions construites à la hâte qui se dissolvent au contact des réalités.
Pour les Républicains, le score obtenu par la liste tirée par Bellamy est peut-être « meilleur que si c’était pire » mais nous faisons encore moins qu’en 2019 et perdons 2 sièges. Ce parti, dont l’histoire est intimement liée à l’histoire de la Vème République, agonise avec elle pour trois raisons.
La première raison est que la crédibilité des Républicains est de plus en plus faible. En restant attaché au modèle de l’UMP, les Républicains sont trop macroniens pour ceux qui veulent tourner la page, et pas assez pour ceux qui sont satisfaits des 7 années qui viennent de s’écouler. Malgré le talent de François-Xavier Bellamy, nos électeurs ont refusé de revenir car l’image des Républicains est durablement atteinte. Les ralliements, les atermoiements, les faux semblants, les renoncements ont eu raison de la confiance des électeurs. Comment croire en un retour de la Droite des convictions alors que toute la presse bruissait d’accords à Matignon entre LR et LREM ?
La seconde raison est que le message politique des Républicains est flou parce qu’il a rompu avec l’ambition originelle du fondateur de la Vème République. Ripoliner le marketing ou s’abriter des grandes valeurs ne suffit pas pour retrouver le peuple.
Nos propositions sont soit trop parcellaires, soit trop complexes et insuffisamment mobilisatrices. Soyons lucides : nos électeurs n’ont pas compris en quoi au plan européen par exemple on pouvait être contre Von der Leyen et membre du PPE.
Au-delà du régalien, nos ambiguïtés et nos divisions sur quelle politique sociale, diplomatique, ou encore économique pour la France sont nombreuses, et nous devons retrouver une capacité à transgresser et à rompre avec des totems.
La dernière raison est que LR n’a pas de candidat capable d’accéder au second tour de l’élection reine que sont les élections présidentielles.
LR n’a donc d’autre identité que celle de ses élus et de son maillage, ce qui conduit le parti à mener sa stratégie en fonction des positions de ses cadres, et non pas des intérêts de ses électeurs. Ce faisant, il n’a plus de base sociologique forte.
Le macronisme, en agonisant, est en train de créer un chaos terrible, et la Vème République se débat dans les affres qui ont consumé ses prédécesseurs. L’une des raisons est que depuis vingt ans, on a tenté d’endiguer des problèmes de fond – chômage, immigration, impact de la mondialisation. Or le poisson pourrit par la tête : nous avons besoin d’un chef qui tire les leçons de la mort à petit feu de la Vème République pour proposer une refondation institutionnelle.
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