Tribune de Julien Aubert
Les derniers soubresauts des élections législatives du début de l’été se font encore sentir et le résultat quasi-final n’est pas piqué des hannetons. Le système politique français est désormais dans une redoutable position d’échec et mat, où plus personne ne peut vraiment débloquer la situation.
Passons en revue l’état des forces politiques.
La Gauche n’est pas parvenue à remporter le perchoir, ce qui aurait été un symbole fort pour la victoire politique dont elle s’estime la dépositaire. Paradoxalement, en réélisant l’ancienne présidente Yann Braun-Pivet, grâce aux voix de LR, c’est un autre signal qui a été envoyé aux Français par le Parlement : après la grande peur de la Peste brune, puis du Choléra rouge, tout a changé pour que rien ne change. Retour au point de départ. Pour les millions d’électeurs persuadés que leur bulletin allait révolutionner le système, quelle déconvenue !
Pour autant, cette victoire tactique d’Ensemble n’augure absolument rien de bon. En laissant ensuite élire un bureau de l’Assemblée dominé par le Nouveau Front Populaire, le Centre a concédé les pleins pouvoirs de bordélisation à Jean-Luc Mélenchon et ses amis. Les têtes brûlées de la LFI pourront – s’ils le veulent – défiler torse nu avec des fumigènes dans l’hémicycle, ce bureau-là ne les sanctionnera jamais. En voulant s’asseoir sur la sage coutume de représentation proportionnelle des courants politiques, l’ancien parti majoritaire a déréglé complètement la machinerie parlementaire et Braun-Pivet se retrouve donc minoritaire avec des jusqu’au-boutistes.
La victoire au Perchoir n’est pas non plus le prélude d’une coalition stable avec LR puisque le groupe de Laurent Wauquiez a affiché son refus de participer à toute coalition gouvernementale. De plus, il n’aura échappé à personne que les 220 voix de cette alliance de circonstance ne font pas une majorité parlementaire. La Droite n’est pas pour autant gagnante dans cette histoire, car elle a pris un gros risque en faisant réélire Braun-Pivet au perchoir. La contrepartie n’a pas été totalement au rendez-vous, comme le montre l’élection du président LFI de la commission des finances.
Quant au RN, marginalisé à tous les étages, il est certes moralement vainqueur mais totalement neutralisé. Au passage, le même phénomène de cordon sanitaire s’est reproduit au Parlement de Bruxelles, ce qui fait que la France est totalement sur le banc de touche. Les Allemands ont obtenu deux fois plus de postes que les Français, et parmi eux trois fois plus de présidences. Les Italiens, les Espagnols, les Polonais font mieux que nous…
Dans ces conditions, les pathétiques tentatives du NFP pour accoucher d’un nom de Premier ministre et sortir du flou sont à pleurer. Quinze jours pour proposer une inconnue, et ce à trois jours du début des Jeux Olympiques. C’est à croire que le NFP est finalement soulagé de ne pas devoir gouverner avec LFI dans le porte-bagages et qu’ils se sont employés à démolir leurs minuscules chances d’y parvenir.
Alors, qui pour gouverner ? C’est bien le problème. Le RN au fond de lui n’en veut pas et cela tombe bien, tout le monde s’y oppose. La Gauche dit qu’elle veut mais a tout fait pour rendre la chose impossible. La Droite dit qu’elle ne veut pas et ne peut rien proposer de viable. Quant au président, il a refermé la dernière option en disant qu’il ne dissoudrait plus jusqu’en 2027 : il faut donc résoudre cette équation impossible ou vivre avec pendant trois ans.
À force de faire du théâtre et de vouloir rejouer les grandes heures glorieuses de la France Résistante, il semblerait que plus personne ne se préoccupe de savoir comment le navire va avancer.
Une maison de fous, fermée de l’extérieur et dont les clés ont été jetées dans un puits.
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