Time Magazine a livré un récit accablant de l’avant-débat le 27 juin 2024, à Atlanta, qui débute avec une scène dans laquelle Jill Biden épouse du président rencontre des « pontes de la finance » avant que son mari ne monte sur scène.
Alors que le président Biden révisait ses notes et peaufinait sa stratégie en présence de son « premier cercle d’affidés », sa femme s’est infiltrée au sein d’une réunion des plus gros donateurs du Parti démocrate. La « Biden Victory Fund » et les gros bonnets financiers du Comité national démocrate s’étaient tous réunis au Ritz Carlton, dans le cadre d’un briefing politique d’une durée de deux jours, ponctués par des speechs d’encouragements et des rencontres privilégiées avec des VIP, a rapporté le Time, le 28 juin dernier (Inside Biden’s Debate Disaster and the Scramble Quell Democratic Panic, par Philip Elliott)
« Joe est prêt à partir », aurait déclaré le Docteur Biden au groupe : « Il est prêt ».
Vérification des faits : faux selon le magazine.
Mais la réalité demeure : tous les Américains qui ont suivi le débat ont pu constater à quel point Biden avait vieilli. Les caciques du Parti se sont interrogés sur le moyen de le faire sortir de la course électorale. Biden et son équipe avaient pourtant planifié une intense préparation durant 6 jours entiers, dans un hangar à avions équipé d’une salle de cinéma, dans sa résidence présidentielle de Camp David, dans le Maryland.
A l’issue du débat de 90 minutes, la vice-présidente Kamala Harris a réalisé une série de diffusions câblées, destinées à calmer et à dissuader les partisans du départ de Joe Biden. L’équipe de Biden a publiquement insisté sur le fait que cette soirée n’était « qu’une soirée parmi tant d’autres, et que le candidat était prêt à 100% pour rempiler encore 4 années supplémentaires. Preuve en est, rapporte le journaliste du Time, Philip Elliott, les proches conseillers de Biden s’en sont tenus à leur plan prévisionnel pour l’après-débat, en envoyant leur candidat pour 45 minutes de selfies, au Hyatt Regency à Atlanta, avant un passage à minuit dans un Waffle House, en route vers un aérodrome d’Atlanta, pour un saut rapide jusqu’à Raleigh, en Caroline du Nord, où le candidat a fait campagne le lendemain. Air Force One a d’ailleurs atterri à 2 heures du matin.
Le lendemain, le Démocrate le plus populaire du pays, Barack Obama, a également dissuadé les tenants d’un renouvellement du leadership du parti « Les mauvaises soirées de débat arrivent. Croyez-moi, j’en sais quelque chose ».
Biden a toujours été fort pour « sacrifier » ses proches collaborateurs. Le journaliste du Time,relate les circonstances du limogeage de son plus fidèle collaborateur, David Wilhelm, qui a suivi le président depuis sa première campagne, en 1987. Ce dernier, qui est devenu le futur président du Comité national démocrate, avait pris la responsabilité de transmettre les discours d’un leader travailliste britannique que Biden avait copiés avant un débat. Lorsque sa troisième candidature pour le poste s’était soldée par une quatrième place dans l’Iowa, Joe Biden a limogé son assistant de longue date et directeur de campagne, Georges Schultz.
Avec les enquêtes interminables sur l’implication sur les mœurs de son fils et l’implication de ce dernier dans des relations commerciales douteuses, Joe Biden a reproché à son proche personnel de ne pas lui avoir signalé plus tôt les conflits d’intérêts potentiels plus tôt. Lorsque les documents classifiés ont été en sa possession, c’était encore de la faute de son assistant.
Mais cette fois, l’âge du président est dans le viseur. Biden s’est figé à plusieurs reprises à chaque attaque de Trump. Lorsqu’il a répondu à une question sur la dette nationale, sa réponse était incompréhensible, plaidant pour que les Américains « très riches paient plus d’impôts ».
Un vent de panique a parcouru le Parti durant tout le débat : « Mais que se passe-t-il réellement ? » a envoyé un collecteur de fonds démocrate. « Le sous-titrage a dû être inintelligible » s’est inquiété un autre stratège démocrate de haut rang.
« Joe tu as fait un excellent travail ! tu as répondu à toutes les questions, tu connaissais tous les faits !
Lors de la soirée de l’après-débat, Biden a été salué avec enthousiasme par sa femme, qui semblait célébrer le simple fait que le président ait répondu aux questions des modérateurs.
« Et laissez-moi demander à la foule : Qu’a fait Trump ? » a poursuivi la première dame, se tournant vers le public : « Il n’a fait que de mentir ».
Comme le souligne le journaliste Timothy HJ Nerozzi (source : Jill Biden gushes over president’s debate performance despite poor reviews : « You did such a great job »,Fox News, publié le 28 juin 2024), le compliment de la Première Dame a semblé étrange à de nombreux commentateurs politiques, semblables à des éloges adressés à un « gamin ». Le moment est devenu viral depuis le débat, avec de nombreux articles rapportant la manière de parler « maternelle » de Jill Biden à son mari, alors que la performance du président a été presqu’universellement critiquée, en raison « de son discours inarticulé et de son comportement instable ».
Des bégaiements répétés, de longues périodes de silence, des expressions faciales qui traduisaient une confusion intense, ont convaincu bon nombre de démocrates et de médias libéraux que Biden devait retirer sa candidature.
La rédaction du New York Times demande à Biden de se retirer de la course présidentielle : « sa candidature est un pari imprudent »
Le Times a proposé une évaluation sans détour de la manière dont l’électeur moyen américain percevait le président, déclarant que « Biden n’est plus l’homme qu’il était il y a quatre ans. Le président est apparu jeudi soir comme l’ombre d’un grand fonctionnaire. il a eu du mal à expliquer ce qu’il accomplirait au cours d’un second mandat (…) Plus d’une fois il a eu du mal à arriver au bout d’une phrase » a déclaré le comité de rédaction aux lecteurs. (Source : New York Times editorial board calls for Biden to drop out : His candidacy is a reckless gamble, par Joseph A. Wulfsohn, Fox News publié le 28 juin 2024).
« Monsieur Biden a été un président admirable. Sous sa direction, la nation a prospéré et a commencé à relever une série de défis à long terme. Les blessures ouvertes par Monsieur Trump ont commencé à se cicatriser. Mais le plus grand service que Monsieur Biden puisse désormais rendre est d’annoncer qu’il ne se représentera pas ».
Le comité de rédaction a ensuite qualifié sa candidature de « pari imprudent » et a déclaré qu’il existe d’autres démocrates « mieux équipés pour présenter des alternatives claires, convaincantes et énergiques à une deuxième présidence Trump ».
« Il n’y a aucune raison pour que le parti mette en péril la stabilité et la sécurité du pays en forçant les électeurs à choisir entre les déficiences de Monsieur Trump et celles de Monsieur Biden. C’est un pari trop grand que de simplement espérer que les Américains ignoreront ou minimiseront l’âge et l’infirmité de Monsieur Biden, qu’ils voient de leurs propres yeux » a poursuivi le comité de rédaction du New York Times.
Alors que le conseil d’administration du Times a précisé que Biden serait « son choix sans équivoque », si lui et Trump étaient les candidats investis en novembre prochain, la contre-performance de Joe Biden au débat du 27 juin 2024, ne « pourrait pas être considérée comme une mauvaise nuit ou imputée à un prétendu rhume ». Les inquiétudes des observateurs et commentateurs politiques démocrates augmentent depuis des mois, voire des années.
Le Journal qualifié de « libéral » n’a pas soutenu un candidat républicain à la présidence de États-Unis, lors d’élections générales, depuis 1956.
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Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.