Le sommet de l’OTAN du 9 juillet 2024 : un moment décisif où Biden devait convaincre de son aptitude à exercer les fonctions

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Le président Joe Biden participe à une réunion en aparté avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du sommet de l’OTAN, le jeudi 11 juillet 2024, au Walter E. Washington Convention Center à Washington, D.C. (Photo officielle de la Maison Blanche par Oliver Contreras)

Le président Biden devait profiter du sommet de l’OTAN à Washington, pour démontrer qu’il est apte à la reconduction de son mandat. Une semaine cruciale pour l’actuel président, non seulement en raison de l’intense couverture médiatique suscitée par l’événement et ses conférences de presse, mais aussi parce que ce sommet est un manifeste assez clair du leadership mondial américain.

Tandis que les Démocrates restent sceptiques après sa contre-performance lors du débat avec Donald Trump, le président s’est adressé non seulement aux Nations, mais avant tout, au peuple américain en justifiant des sommes faramineuses investies pour construire une sécurité commune avec des partenaires mondiaux.

Les dirigeants mondiaux se sont rendus à Washington DC, ce mardi 9 juillet, pour un sommet historique de l’OTAN, qui a marqué le 75ème anniversaire de la fondation de l’Alliance alors que deux grandes incertitudes prévalent : le soutien continu des États-Unis à l’Ukraine et les chances de réélection du président Biden.

Un sommet historique pour l’OTAN qui cherche à se défendre contre une « coalition de régimes autoritaires » alors que la guerre russo-ukrainienne fait rage

Les États-Unis ont été le principal soutien de l’Ukraine depuis le début de la guerre, fournissant l’aide financière la plus importante de toutes les Nations, et ce, malgré les débats houleux sur la question de soutenabilité de l’aide financière de Washington sous une autre présidence.

L’ancien président et actuel candidat républicain, Donald Trump, s’est refusé à toute clarification d’un hypothétique engagement des États-Unis auprès de l’OTAN en cas de victoire. En revanche, les experts s’accordent tous sur un point : il est peu probable que Trump se retire complètement de l’OTAN.

John Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a même félicité l’ancien président et candidat, Donald Trump, pour l’augmentation significative des dépenses des alliés européens comme préoccupation majeure qu’il a placée, au cœur de son mandat présidentiel :

« J’ai travaillé avec Trump pendant ces quatre années. La réalité est qu’il a un message très clair sur la nécessité pour les alliés européens de dépenser davantage. Et je suis d’accord avec lui. La bonne nouvelle est depuis qu’un an environ, nous avons constaté une augmentation significative des dépenses des alliés européens. Nous avons encore du chemin à parcourir, mais par rapport à notre point de départ initial, nous sommes dans une bien meilleure situation. Je m’attends à ce que les alliés, qui n’ont pas encore atteint les 2%, y parviennent d’ici quelques années ». (Source : NATO chief credits Trump for record number of members meeting spending targets, par Anders Hagstrom, Fox News, publié le 18 juin 2024).

Certains rapports ont été diffusés la semaine dernière indiquant que l’OTAN s’était déjà engagée sur une reconduction de 43 milliards de dollars supplémentaires de financement pour l’Ukraine en 2025. (Source : NATO safeguards support for Ukraine amid shaky Biden re-election bid, par Caitlin McFall, Fox News, publié le 9 juillet 2024)

L’Alliance commencerait-elle à anticiper un second mandat de Donald Trump en novembre prochain et à manœuvrer en conséquence ?

La position du candidat républicain est claire : demander un leadership plus affirmé des partenaires européens au sein de l’OTAN et un niveau de leurs contributions plus élevé au sein de l’Alliance.

Le financement des efforts défensifs de l’Ukraine au cours des trois dernières années a été une entreprise coûteuse et a suscité l’ire des Républicains au Congrès, mais aussi des mouvements nationalistes en Europe. En avril dernier, le Congrès a approuvé un plan d’aide de 60 milliards de dollars à Kiev, mais le blocage de ce plan, qui a duré six mois, a été un sérieux revers pour l’Ukraine, qui a vu son stock d’armes diminuer drastiquement, révélant à quel point le soutien américain était crucial.

Si Donald Trump remporte la présidence en novembre 2024, comme pour tout changement d’administration, il faudra un certain temps pour mettre en place de nouveaux pilotes à la tête des programmes. Concernant l’Ukraine, il s’agira du Groupe d’appui à la défense de l’Ukraine, une coalition de plus de 50 pays, dont les 32 de l’OTAN, qui est en majeure partie, dirigée par les États-Unis, sous la direction du secrétaire à la Défense, Lloyd Austin.

Toutefois, le soutien international continu de l’Ukraine n’est pas le seul sujet qui sera abordé. L’Alliance cherchera également à renforcer sa défense collective en s’attaquant aux menaces auxquelles elle est confrontée. L’OTAN doit composer avec ce qu’elle qualifie de « une coalition de pays autoritaires ».

La Chine, la Corée du Nord, l’Iran ont non seulement tous soutenu la Russie, sans équivoque, dans sa guerre en Ukraine, mais ces pays ont fait valoir que leur union était davantage fondée sur la lutte contre « la domination occidentale », plutôt que sur des objectifs stratégiques de la Russie dans l’ancienne Union soviétique.

Objectif du Sommet de l’OTAN pour Biden : Montrer au public américain qu’il peut encore « faire le job ! »

Un nombre croissant de Démocrates expriment leurs inquiétudes quant à la forme physique de l’actuel président Biden, après les mauvais résultats du débat l’opposant à Donald Trump. La plupart des Démocrates de la Chambre des représentants ont exhorté Joe Biden à se retirer de la course aux présidentielles de novembre et ne se prononcent pas pour dire s’ils le soutiendront comme candidat à la Maison Blanche.

Les représentants du Massachusetts, du Texas, du Minnesota, de l’Arizona ont tous appelé le leader de 81 ans à se retirer. Ses proches alliés se demandent s’il a l’acuité mentale et l’endurance physique pour mener à bien son second mandat et encore moins pour mener campagne jusqu’au début du mois de novembre 2024. Certains Démocrates s’interrogent même sur le fait que sa candidature puisse faire chuter les candidats de gauche, désignés comme « les plus vulnérables », qui pourraient se présenter à la Chambre des représentants et au Sénat.

Si les médias acquis à Biden, y compris les comités de rédaction des principaux journaux libéraux, ont commencé à publier des éditoriaux pour exhorter l’actuel candidat à « passer la main », les rumeurs abondent selon lesquelles les Démocrates de la Chambre et de Sénat prépareraient des lettres, invitant le président à reconsidérer son insistance à se présenter pour un second mandat. La réunion du 9 juillet, à huit clos, jugée « Top Secret » n’a toutefois pas permis d’obtenir un consensus clair des Démocrates sur ce sujet. (Source : House Democrats reach « no censensus » on Biden after « Top Secret » closed-door meeting, The Faulkner Focus, Fox News, diffusé le 9 juillet 2024).

Alors que les yeux du monde sont tournés vers le sommet de l’OTAN, il appartient au président Biden de convaincre qu’il est à la hauteur de la tâche. Non seulement, le public américain, mais surtout ses alliés au Congrès.

Les Républicains attendent le bon moment pour dégainer, d’autant plus que la fenêtre de tir, permettant aux Démocrates, de choisir un nouveau candidat se réduit et sera probablement impossible après la Convention nationale démocrate de Chicago, en août prochain.

Le représentant républicain de Floride, Mike Waltz, estime que la situation sur le plan intérieur, du président Biden est suffisamment critique sans « faire de concessions à nos alliés » et à la « Chine et à la Russie, qui surveillent de près (…) Avec notre frontière ouverte et nos ennemis en marche, nous traversons une période de danger maximal ».

Quant au Président de la commission des affaires étrangères de la Chambres des représentants, le républicain du Texas, Michael Mc Caul, il déclare sur Fox Business :

« Lorsque vous avez un président qui projette une faiblesse, voici ce que vous obtenez : il invite au conflit, à l’agression et à la guerre » faisant référence aux deux guerres en cours, entre l’Ukraine et la Russie, et aux opérations d’Israël contre le Hamas à Gaza. (Source : NATO summit in DC is « pivotal » make-or-break moment for Biden as scrutiny over fitness for office intensifies, par Peter Aitken, Fox News, publié le 10 juillet 2024).

Tous les yeux sont tournés vers le président Biden. La guerre en cours en Ukraine a fait de ce sommet de l’OTAN un moment important, alors que le conflit s’enlise depuis trois années sans résolution claire.

Un discours d’ouverture fort, « sans faux pas, ni revers » : « l’OTAN est plus puissante que jamais »

Joe Biden a semblé rebondir lors de son discours d’ouverture, mardi soir :

« Aujourd’hui l’OTAN est plus puissante que jamais. C’est bien que nous soyons plus forts de jamais, car ce moment de l’histoire, exige notre force collective. Les autocrates veulent renverser l’ordre mondial, qui est en grande partie, maintenu depuis près de 80 ans. Les groupes terroristes continuent de fomenter des plans diaboliques, de provoquer le chaos et la souffrance en Europe. La guerre d’agression de Poutine contre l’Ukraine se poursuit et Poutine ne veut rien de moins que la soumission totale de l’Ukraine pour mettre fin à l’Ukraine ».

Lors de son discours, le président Biden a conforté le don historique d’équipements de défense aérienne à l’Ukraine. Les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Roumanie et l’Italie s’unissent pour fournir à l’Ukraine des équipements pour cinq systèmes de défense aérienne stratégiques supplémentaires. Biden a également remis au secrétaire général de l’OTAN et ancien Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, la médaille présidentielle de la liberté, mardi soir, lors de l’ouverture du sommet à Washington DC. Il sera remplacé au poste de secrétaire général, le 1er octobre prochain par la Premier ministre néerlandais sortant, Mark Rutte.

Certaines sources journalistiques indiquent que Biden aurait personnellement passé des appels téléphoniques pour apaiser les inquiétudes de ses alliés démocrates, partisans et donateurs.

Ainsi, les chefs de la majorité démocrate à la Chambre des représentants et au Sénat, auraient ainsi apporté leur soutien au président. Biden aurait également reçu le soutien du Congressional Black Caucus et du Congressional Hispanic Caucus, lundi soir.

Ses alliés ont-ils été convaincus ?

Ou la réalité peut-elle s’expliquer plus prosaïquement par la difficulté de parachuter un remplaçant qui puisse battre Trump, aussi tard dans le jeu, à 4 mois du scrutin ?

Même si Biden a offert à Kamala Harris, sa vice-présidente, l’opportunité de faire ses preuves face aux grands dirigeants mondiaux, elle n’a pas prouvé qu’elle était une remplaçante viable.

Novembre 2024 : Est-ce l’heure de Kamala Harris ?


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