ANALYSE – A l’assaut de la Nouvelle-Calédonie (PARTIE 1)

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Nouvelle Calédonie
Photo Cityzeum/DR

Par André Boyer – Son blog : http://andreboyer.over-blog.com/

La Nouvelle Calédonie est provisoirement sortie de l’actualité française. Nul doute qu’elle y revienne, en raison de l’importance des problèmes que le conflit récent a révélée, ou plutôt rappelée à nos mémoires oublieuses : Une bonne raison pour décrire ici le destin de ce morceau d’Océanie.

Située dans le sud-ouest de l’océan Pacifique, à plus de 16000 kilomètres de la métropole, la Nouvelle-Calédonie est un territoire singulier, par sa longue chaîne montagneuse centrale, par son économie liée à l’importance de l’exploitation minière et par le processus particulier de sa colonisation.

La Nouvelle-Calédonie couvre plus de 18500 kilomètres carrés pour une population de 300000 habitants environ en 2024. Elle est constituée de la Grande Terre (16635 km2, le double de la Corse), qui culmine à 1629 m au mont Panié, prolongée au nord par les îles Belep et au sud par l’île des Pins, l’ensemble étant ceinturé par un récif-barrière entourant un très grand lagon de près de 15000 kilomètres carrés. Plus à l’est, l’archipel des Loyauté (1970 km2) est constitué de quatre îles habitées : Lifou (1139 km2), Maré (655 km2), Ouvéa (165 km2) et Tiga (11 km2). Cet ensemble d’iles génère une zone économique exclusive de 1,7 million de kilomètres carrés, ce qui représente une grande richesse potentielle pour la France.

Nouvelle Calédonie

Les premiers hommes sont arrivés en Nouvelle-Calédonie entre 1100 et 1050 avant notre ère. Cultivateurs de millet et de riz, ils provenaient du littoral de la Chine du sud, d’où ils avaient traversé le détroit pour s’installer à Taïwan. Puis certains d’entre eux, que l’on appellera ensuite les Austronésiens, sans doute les premiers navigateurs de l’histoire de l’humanité, s’établiront aux Philippines puis se dirigeront ensuite vers la Nouvelle-Calédonie et d’autres iles du Pacifique.

Sur l’île, les Austronésiens privilégient les grands estuaires, ce qui leur permet de jouir des ressources marines tout en en pratiquant l’horticulture fondée sur les plants de taros et d’ignames qu’ils ont apportés sur leurs pirogues. 

Durant le premier millénaire d’occupation de la Nouvelle Calédonie, la population augmente fortement, ce qui se traduit par la multiplication et l’éparpillement des villages ainsi que par des tensions entre les groupes. Une organisation administrative en « pays » se met en place, correspondant à des zones qui se réclament des particularités sociales, politiques et linguistiques. La solitude des Austronésiens est rompue par James Cook qui découvre la Nouvelle-Calédonie en 1774, lors de sa deuxième circumnavigation. 

Le navigateur baptise cette terre « New Caledonia » parce qu’elle lui rappelle l’Écosse. Des Britanniques et des Français, comme Lapérouse et d’Entrecasteaux, achèveront ensuite l’exploration de la Grande Terre et l’explorateur français Jules Dumont d’Urville sera le premier à situer géographiquement la Nouvelle Calédonie avec précision (1827).

Dès 1793, des baleiniers commencent à s’intéresser à la Nouvelle-Calédonie parce que les baleines à bosse remontent le long de ses côtes durant l’hiver austral. Ils y trouvent le ravitaillement en eau et en vivres frais, mais aussi du personnel. Plus tard, la pêche aux holothuries ou bêches-de-mer, commencera à se développer, avec une collecte effectuée par les indigènes, puis une cuisson à l’eau salée dans des marmites de fonte et un séchage en plein air, avec l’appui d’un boucanier et de quelques hommes qui restent sur place quelques mois pour préparer la cargaison.

Mais c’est surtout à travers le commerce du bois de santal à partir de 1841 que des contacts étroits vont se nouer entre Européens et Mélanésiens, ces derniers fournissant le bois en échange d’outils, d’armes en acier, d’étoffes ou encore d’objets de verre. Car les Mélanésiens, refusant que leurs arbres soient abattus et préparés par d’autres qu’eux, doivent être équipés en haches, en divers outils et en fusils.

Des marins et des aventuriers anglo-saxons s’installent sur place, prenant femme et organisant les échanges entre les navires européens et les Kanaks, nom qui désigne désormais le peuple autochtone mélanésien de la Nouvelle-Calédonie. L’évangélisation des Kanaks commence en 1840, par l’arrivée de catéchistes protestants, suivis par des missionnaires maristes. Ces missions modifient les modes de vie, poussant à l’adoption de la « robe mission » par exemple, le vêtement couramment porté aujourd’hui par les femmes kanak. Elles transforment également le peuplement, avec le regroupement de l’habitat sur le modèle du village européen, autour de l’église, l’école, les ateliers et les habitations.

Les nouveaux arrivants introduisent virus ou microbes contre lesquels les Kanaks ne sont pas préservés. Des épidémies de grippe, de tuberculose ou de rougeole se succèdent, provoquant une chute spectaculaire de la population et des bouleversements sociaux avec famines, conflits, migrations et fragmentations des clans. 

Avant la colonisation, on estime que la population kanak comprenait très approximativement 50000 personnes, mais qu’elle avait déjà été décimée par les contacts avec les Européens. Elle n’était plus que de 27000 vers 1900 et resta à ce niveau jusqu’en 1940. À partir de la fin de la deuxième guerre mondiale, la population Kanak sera à nouveau en croissance pour atteindre 50 000 vers 1973 et dépasser 100 000 en 2014.

La colonisation française intervient en 1853, dans un contexte de compétition entre la Grande-Bretagne et la France.

À SUIVRE


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