L’Allemagne se trouve de nouveau sous le choc après un attentat au couteau survenu dans la ville de Soligen en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. C’est dans la foule lors d’un festival populaire, placé sous le signe de la diversité, que le terroriste est passé à l’acte.
L’auteur présumé (qui s’est livré à la police depuis) a causé la mort de trois festivaliers âgés de 56 et 67 ans et fait plusieurs blessés, en choisissant ses victimes au hasard en les poignardant au cou.
Cet incident tragique soulève une fois de plus des questions cruciales sur la politique migratoire du pays et, par extension, de l’Union européenne. Il relance aussi le débat sur la politique migratoire allemande et européenne, questionnant l’efficacité des mesures de sécurité et d’intégration des migrants dans les sociétés européennes.
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L’attaque : un acte de violence dans un contexte tendu
D’après les premières informations rapportées par Le Figaro, l’attaque aurait été perpétrée par un demandeur d’asile syrien de 26 ans, qui n’était pas connu des services de police et qui n’avait jusqu’ici montré aucun signe de radicalisation.
Samedi soir, l’État islamique (EI) a revendiqué l’acte, via sa chaîne d’information Amaq. Daech a proclamé que l’assaillant de Solingen était un « soldat de l’État islamique » ayant pris pour cible « un rassemblement chrétien » et que cette attaque était une « vengeance pour les musulmans de Palestine et d’ailleurs ».
Outre les interrogations sur l’importation de la guerre menée à Gaza, une polémique a enflé sur le statut administratif du meurtrier présumé. En effet, « en vertu des lois européennes dites de Dublin, le réfugié, né le 20 janvier 1998 à Deir ez-Zor (Syrie), aurait dû être expulsé d’Allemagne l’an dernier, sa demande d’asile ayant été rejetée. Al-H. devait donc être renvoyé vers la Bulgarie, son pays d’entrée dans l’Union européenne, et les autorités avaient même fixé une date d’expulsion. Selon les informations du quotidien Die Welt, il a disparu dans la nature avant de réapparaître quelques mois plus tard. Son ordre d’expulsion étant devenu caduc, le Syrien a été « redistribué » à Solingen, comme le dit le jargon des autorités, où il bénéficiait du statut de « protection subsidiaire » accordé aux personnes fuyant la guerre civile ».
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Cette nouvelle tuerie dans la cité rhénane a également ravivé le souvenir cruel d’une série d’attentats similaires qui ont secoué le pays au cours de la dernière décennie. Ces actes de violence, souvent perpétrés par des individus ayant des antécédents de radicalisation, soulignent la complexité de la situation sécuritaire en Allemagne. Le Figaro rapporte que les autorités allemandes se retrouvent confrontées à des défis croissants, oscillant entre la nécessité de garantir la sécurité de la population et celle de respecter les droits fondamentaux des individus, y compris les migrants.
En attendant, outre le drame de Southport (Royaume-Uni) de cet été, cet attentat fait également écho aux attaques plus récentes survenues en Allemagne où deux joueurs de basketball ont été poignardés à Oberhausen, puis aux deux morts dans une attaque au couteau dans un train régional du Schleswig-Holstein, au touriste allemand assassiné près du pont de Bir-Hakeim, à Paris, en décembre dernier ou encore à l’agression contre un policier poignardé à Mannheim par un réfugié afghan. Fin mai, cet acte contre un agent en service filmée sur la place du marché avait rouvert le débat sur l’interdiction du port d’armes blanches dans l’espace public.
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Et oui le problème serait donc simplement la vente libre de couteaux ! Comme en Grande-Bretagne, avec les dernières émeutes anti-migrants faisant suite à l’attentat de Southport, nous assistons de la part des autorités européennes à de véritables et révoltantes opérations de diversion…
Car plus sérieusement, cet événement suscite les inquiétudes, déjà anciennes et fondées, des services de sécurité allemands et européens quant à une problématique plus profonde et structurelle liée aux risques potentiels posés par certains migrants.
La politique migratoire allemande et européenne en question
Depuis l’ouverture des frontières décidée par Angela Merkel en 2015, l’Allemagne a accueilli un grand nombre de réfugiés et de migrants, une décision applaudie par certains mais critiquée par d’autres pour ses conséquences imprévues. Bien que Berlin ait mis en place divers programmes d’intégration pour aider les nouveaux arrivants à s’adapter à la vie dans le pays, les résultats ont été plus que mitigés. Les difficultés économiques, les barrières linguistiques et les différences culturelles contribuent au repli sur soi de certains groupes de migrants, créant ainsi un terreau fertile pour l’extrémisme.
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La politique d’accueil généreuse de l’Allemagne a donc engendré une série de défis, notamment l’intégration des migrants dans la société allemande, la montée des tensions sociales et l’augmentation des inquiétudes sécuritaires.
De nombreux citoyens allemands, ainsi que des responsables politiques, expriment des préoccupations sur la manière dont les migrants, en particulier ceux provenant de zones de conflit, sont surveillés et intégrés dans la société allemande. Les récents attentats, qu’ils soient de nature terroriste ou motivés par d’autres facteurs, ont alimenté un sentiment d’insécurité, ont renforcé les appels à une politique migratoire plus stricte et ont favorisé la montée de l’extrême-droite.
Au niveau européen, la politique migratoire reste un sujet hautement polémique et divise les États membres. L’Allemagne, en tant que leader économique et politique de l’Union, a souvent été à l’avant-garde des discussions sur la migration. La gestion de la crise migratoire a souvent été marquée par des désaccords entre les États membres, chacun défendant, à juste titre, ses propres intérêts nationaux. Et l’absence d’une politique migratoire ferme, unifiée et cohérente à l’échelle de l’UE a laissé des failles exploitées par les criminels et les extrémistes. La politique actuelle est également mise en difficulté par des divergences politiques et idéologiques, rendant la politique migratoire européenne inefficace et souvent réactive plutôt que proactive.
L’Union européenne se trouve ainsi à un carrefour critique. La nécessité d’une politique migratoire harmonisée, équilibrant sécurité et droits de l’homme, n’a jamais été aussi pressante. La situation actuelle démontre que des solutions ad hoc ne suffisent pas. Il est impératif de mettre en place des stratégies à long terme, englobant une surveillance renforcée des frontières et des procédures d’asile plus strictes.
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L’urgence d’une Realpolitik migratoire
Le géopolitologue Roland Lombardi, une voix critique de longue date de cette politique, affirme depuis longtemps que les crises migratoires constituent « le plus grand défi géopolitique de l’Europe, plus que la guerre actuelle en Ukraine ». Selon Lombardi, ces crises migratoires ont le potentiel de déstabiliser profondément les sociétés européennes et de menacer leur cohésion sociale. Il cite les dernières émeutes anti-migrants en Angleterre comme l’exemple le plus récent et le plus poignant de la manière dont les tensions intercommunautaires peuvent dégénérer, illustrant la fragilité de l’équilibre social dans un contexte de migration incontrôlée.
Lombardi soutient que la migration de masse non régulée pourrait exacerber les divisions au sein de la société européenne, alimentant le sentiment de marginalisation et de rejet tant parmi les populations locales que parmi les migrants. Ce phénomène pourrait à long terme éroder les fondements des démocraties européennes, conduisant à une montée des mouvements populistes et nationalistes, mais également de groupes extrémistes religieux et communautaires qui mettrait en péril l’idée même d’une Union européenne unie avec de véritables risques de guerres civiles.
Pour l’expert international, l’heure est venue pour l’Allemagne et l’Europe « d’adopter une approche plus pragmatique et réaliste envers la migration, alignée sur les principes de la Realpolitik ». Cela implique une véritable et urgente « révolution copernicienne dans ce domaine, purgée de ses approches idéologiques et des intérêts strictement économiques ». Une « Realpolitik migratoire » permettrait enfin de reconnaître les limites de l’accueil inconditionnel et de mettre en place des politiques de migration basées sur des critères rigoureux de sécurité, de capacité d’intégration et de cohésion sociale et nationale.
Les événements récents en Allemagne sont un signal d’alarme. Ils appellent à une réévaluation urgente de la manière dont l’Europe gère les flux migratoires et intègre les nouveaux arrivants et comment elle va le faire à l’avenir avec les autres futures crises migratoires inévitables. « Un moratoire de l’actuelle politique migratoire » est donc nécessaire et une nouvelle stratégie équilibrée mais ferme, combinant sécurité, humanité et pragmatisme, est essentielle pour garantir la stabilité et la sécurité du continent.
L’attentat récent en Allemagne, comme en France ce week-end l’incendie devant la synagogue de La Grande-Motte perpétré par un algérien connu des services de police, ne font donc qu’accentuer l’urgence de repenser la politique migratoire à la fois au niveau national et européen. Une gestion plus efficace de l’immigration, associée à des mesures de sécurité renforcées et à des stratégies d’intégration plus inclusives, est essentielle pour prévenir de tels actes de violence et assurer la stabilité des sociétés européennes.
La crise migratoire actuelle et celles qui suivront, comme le souligne Roland Lombardi, ne sont pas seulement une question de sécurité nationale, mais un enjeu géopolitique de premier ordre pour l’Europe. Sans une réponse adaptée, ce défi pourrait non seulement mettre en danger la sécurité des citoyens européens mais aussi compromettre la cohésion et la stabilité des sociétés européennes dans leur ensemble et donc de leur avenir…
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