Le Débarquement de Provence et l’avenir de la France

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Le débarquement de provence

Il y a 80 ans exactement, le 15 août 1944, il y a 80 ans, la France accélérait la libération de son territoire, occupé par l’Allemagne nazie : les Alliés débarquaient en Provence (nom de code « Opération Anvill »).

Alors que pour le débarquement de Normandie la participation des combattants français (à l’exception de la résistance) avait été symbolique – de Gaulle n’étant informé du débarquement que la veille du 6 juin 1944 par Churchill – la participation de l’armée française, conduite par le général de Lattre de Tassigny, lors du débarquement de Provence est massive : 260 000 soldats (c’est la 1ère Armée Française) sur un total de 350 000 alliés.

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La France se libérait alors elle-même en réalisant des exploits militaires. La progression de nos troupes sera beaucoup plus rapide que celle des alliés en Normandie, obligeant les Allemands à battre retraite dès le 17 août, ce qui permettra de libérer rapidement Toulon et Marseille le 28 août.
Avec quatre mois d’avance, dès le 12 septembre, les troupes débarquées en Provence rejoindront les troupes débarquées en Normandie en Bourgogne.

La participation de la flotte française est également très importante, comme également celle de la résistance dont les actions seront déclenchées par les messages radios suivants : le célèbre « Le premier accroc coûte 200 francs », « Le chasseur est affamé » et « Nancy a le torticolis » qui lance les opérations de sabotage derrière les lignes ennemies.

Il faut souligner l’immense effort des combattants issus de ce qui étaient encore les colonies française, d’Afrique du Nord et en particulier d’Algérie et du Maroc, et aussi d’Afrique Subsaharienne. Les Français de la métropole ne représentaient que 10% des effectifs, c’était les « Français Libres » du général de Gaulle. 90% étaient issus des colonies – il s’agit principalement de l’armée dite d’armistice du régime de Vichy et qui comptait pour moitié des Africains du Nord autochtones et pour moitié des européens Pieds-Noirs.

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Puisque nous sommes encore dans l’aura des Jeux Olympiques, cela permet de rappeler la mémoire d’un des athlètes françaises parmi les plus légendaire, Alain Mimoun. Il était né en Algérie à côté d’Oran en 1921, et avant de devenir champion olympique lors du marathon de Melbourne en 1956 (médaille d’or), il fut un soldat héroïque de France qu’il a contribué à libérer. Il fut grièvement blessé au pied lors de la bataille de Monte Cassino en janvier 1944. Quasiment amputé, il se remit et participa au Débarquement de Provence où son bataillon y gagnera la croix de guerre avec quatre citations !

Comme un symbole et un clin d’œil du destin, le 15 août coïncide avec la naissance de Napoléon Bonaparte, lequel, alors jeune capitaine, avait combattu bravement et libéré Toulon 151 ans plus tôt en 1793 de l’occupation britannique (la ville avait été livrée par les Royalistes aux Anglais).

Ce qui ne cesse d’étonner, c’est l’effacement de notre propre histoire. Depuis longtemps on a oublié le rôle de l’armée soviétique et les sacrifices immenses (27 millions de mort Soviétiques) que l’URSS a consenti pour défaire le 3ème Reich – ceci s’explique par la géopolitique contemporaine, l’inféodation de nos élites aux Etats-Unis et par voie de conséquence le beau rôle, voire l’unique rôle, qui leur est accordé dans nos médias et nos représentations.
Mais ce qui ne cesse d’étonner, c’est l’oubli de notre propre histoire et ce qu’ont fait les Français.
Ainsi, d’année en année,, dans les médias la focale est toujours faite sur le débarquement de Normandie, par rapport à celui de Provence, au point, où on finit par croire que la libération de la France est exclusivement due aux gentils GIs.
De plus en plus souvent, des journalistes peu consciencieux ânonnent que la Normandie serait le premier territoire de la métropole à avoir été libéré. Or, ce fut la Corse, dès le 4 octobre 1943.
Là encore, les opérations ont été menées largement par l’Armée française de la Libération et la résistance corse largement menée par les communistes (qui en tireront un grand prestige sur l’île), et aussi… l’aide des forces armées italiennes qui occupaient la Corse.
Le 8 octobre 1943 à Ajaccio, le général de Gaulle déclarait : « La Corse a la fortune et l’honneur d’être le premier morceau libéré de la France ».
Ce premier acte de la Libération, rendra la campagne d’Italie un peu moins difficile. Mais surtout sans la Corse, point de débarquement en Provence et sans débarquement en Provence, aucun débarquement en Normandie n’aurait été programmé.

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Mais tout cela est peu à peu effacé de la mémoire collective.
C’est pourquoi commémorer, est aujourd’hui un acte de résistance à l’étiolement de la Nation.

Lors de la 20ème commémoration du Débarquement de Provence le 15 août 1964, le général de Gaulle, alors Président de la République, inaugura la nécropole nationale de Boulouris (où se trouvent les corps de 464 combattants de la 1ère armée française) et le mémorial du débarquement en Provence sur le mont Faron dominant Toulon.
Mais ce jour-là, il prononça également un discours de mémoire, mais dont la portée est prophétique pour notre époque.

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« Pourtant si, 20 ans après ces événements, nous pouvons célébrer le ressaisissement suprême qui assura notre
destinée, la vigueur avec laquelle l’effort de guerre fut finalement conjugué avec celui de nos alliés, le courage déployé sur ces rivages par nos soldats, nous ne saurions non plus méconnaître les raisons quasi mortelles: inconsistance chronique de l’État, organisation erronée de notre défense nationale, trouble profond du pays doutant de lui-même et des autres, qui nous avaient tout d’abord jetés au désastre et à l’abandon.

Certes, il est beau d’avoir pu, par une sorte de prodige, revenir du bord de l’abîme. Mais nous avons trop risqué d’y être engloutis à jamais pour ne pas faire désormais ce qu’il faut pour nous garantir.
Dans l’univers dangereux où nous sommes, c’est un État stable et solide, des moyens modernes de dissuasion et de défense, un développement national fondé sur le progrès collectif et la coopération qui seuls peuvent mettre la France à même d’être forte, prospère et écoutée.
Faute qu’elle l’ait été naguère, quels maux ont fondu sur elle, sur l’Europe, sur le monde. Parce qu’elle le devient aujourd’hui et qu’elle le sera demain, quel concours peut-elle apporter au bien des hommes et à la paix. ».

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En 2024, la France n’est plus ni forte, ni prospère, ni écoutée, notre Etat n’est ni stable, ni solide.
Je reprends pour nous, Français, ces mots inspirés du général de Gaulle :
« Dans l’univers dangereux où nous sommes, c’est un État stable et solide, des moyens modernes de dissuasion et de défense, un développement national fondé sur le progrès collectif et la coopération qui seuls peuvent mettre la France à même d’être forte, prospère et écoutée ».


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