Par Marc Fromager
EXCLUSIF – Durant tout l’été, Le Diplomate publie en exclusivité de larges extraits de l’ouvrage de Marc Fromager, Ukraine, Gaza et autres tracas, Les chrétiens d’Orient dans le nouveau grand jeu, Éditions Salvator, 2024.
Le mot vient du latin occidens, – entis, de occidere ce qui signifie se coucher. Le couchant, le côté de l’horizon où le soleil se couche. Tout un symbole et il semble qu’entre le suicide démographique, l’évanescence diplomatique et l’implosion économique, les Occidentaux aient défini leur avenir comme une sorte de réalisation étymologique.
L’Occident se réfère évidemment aussi à la civilisation occidentale, les deux expressions représentant une aire culturelle qui recouvre la majorité de l’Europe, l’Amérique du nord et l’Australie avec sa voisine néo-zélandaise.
En réalité, l’Occident n’a jamais été une entité uniforme, hormis peut-être à l’apogée de l’Empire romain qui, pour le coup, héritier de la civilisation gréco-latine et du christianisme, avait sans doute réussi à générer un vaste territoire avec une forme de synergie culturelle et un bien précieux, la paix, à l’époque la Pax Romana.
On pourrait rajouter Charlemagne mais cela n’a pas duré, l’Empire étant réparti entre ses trois fils. La partie orientale prendra ultérieurement le nom de Saint-Empire romain germanique, ce qui fait croire aux Allemands que Karl der Große était un des leurs. Grosse – c’est le cas de le dire – confusion, qui sans doute leur donnera plus tard cette irrésistible manie de vouloir nous envahir en 1870, 1914, 1940 et, de manière plus subtile, depuis l’adoption de l’euro.
Forte d’une extraordinaire vitalité démographique et d’un développement technologique en avance sur le reste de la planète, l’Europe aura conquis une partie de la planète et peuplé de manière durable le continent américain et les îles australes.
Concernant les Amériques, seule celle du nord appartient à la sphère occidentale, la centrale et la latine étant trop métissées pour y prétendre. Cela se discute évidemment puisque des pays comme l’Argentine ou l’Uruguay se sont eux aussi, comme leurs voisins septentrionaux, débarrassés de leurs populations autochtones.
Dans cet ensemble, les États-Unis auront profité des deux guerres mondiales pour prendre la tête de l’Occident et de l’effondrement de l’Union soviétique pour devenir la seule puissance mondiale dans un monde unipolaire qui marquait, certains l’ont prétendu à la suite de Francis Fukuyama, la fin de l’Histoire.
C’était en 1989. Un tiers de siècle plus tard, cette architecture internationale prend l’eau de toute part. Certes, la puissance américaine ne va pas disparaître de sitôt. Le trépied sur lequel elle repose est solide : domination militaire (presque 900 milliards de dollars de budget, ce qui représente le triple du second dans le classement (Chine) et plus ou moins 40% des dépenses militaires mondiales), hégémonie culturelle (Hollywood et l’industrie de la musique) et enfin suprématie économique illustrée par l’omnipotence des GAFAM et habilement servie par la botte magique du sacro-saint dollar.
A vrai dire, le « Requiem pour l’Occident » évoqué dans l’Introduction paraît donc ici sans doute prématuré mais force est de constater que l’édifice se lézarde. Les craquements n’ont cependant pas la même gravité selon le bord de l’Atlantique où l’on se trouve.
Globalement, comme déjà indiqué, les États-Unis s’en sortent mieux que l’Europe occidentale, d’autant plus que telle une victime consentante, l’Europe s’offre sans résistance à la vampirisation américaine.
Nouvel extrait la semaine prochaine…
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Né à Nouméa en 1968, Marc Fromager est père de six enfants. Il a une forte expérience à l’international puisqu’il a travaillé pendant près de 32 ans dans l’humanitaire. Homme de terrain, Marc fromager a notamment parcouru la planète lorsqu’il dirigeait (pendant 21 ans) l’Aide à l’Église en détresse (AED) en France. Aujourd’hui, il est le Directeur de l’Information pour l’association SOS Chrétien d’Orient. Il est par ailleurs un chroniqueur régulier pour Le Diplomate. Il est l’auteur du livre Guerres, pétrole et radicalisme, les chrétiens d’Orient pris en étau, Éditions Salvator, 2015, Prix “La plume et l’Épée” en 2016.
Association de soutien et d’aide aux chrétiens d’Orient : soschretiensdorient.fr