Par Marc Fromager
EXCLUSIF – Durant tout l’été, Le Diplomate publie en exclusivité de larges extraits de l’ouvrage de Marc Fromager, Ukraine, Gaza et autres tracas, Les chrétiens d’Orient dans le nouveau grand jeu, Éditions Salvator, 2024.
Un mot sur Gaza. Ce qu’il s’y passe est effroyable. L’attaque du 7 octobre fut effroyable. Mais revenons d’abord sur le décor : Gaza, c’est une bande rectangulaire de 40 km de longueur sur 6 à 12 km de largeur, coincée entre Israël et la mer.
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2,4 millions de gazaouis dont 1,7 millions de réfugiés donnent à ce territoire de 360 km2 une des densités de population les plus élevées au monde, avec 6 700 habitants par km2. En comparaison, Hong Kong est à 6 900, la France à 107.
Les Israéliens, qui administraient la bande de Gaza depuis 1967, se retirèrent complètement en 2005. Les 21 colonies israéliennes furent démantelées et 8 000 colons quittèrent le territoire. Depuis sa victoire aux élections législatives de 2006, l’éviction de l’Autorité palestinienne à la suite d’une brève guerre civile et sa prise du pouvoir en juin 2007, le Hamas contrôle la zone.
Classé comme organisation terroriste par une trentaine de pays, dont les États-Unis, le Canada, l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Australie ou encore le Japon, le Hamas est principalement soutenu par l’Iran, qui lui apporte un important soutien logistique, militaire et financier, et par le Qatar, qui lui fournit également un appui financier et accueille depuis 2012 le chef du bureau politique du mouvement, Ismaïl Haniyeh.
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Quant aux gazaouis, abandonnés à leur sort, maintenus dans la pauvreté en dépit de flux financiers considérables, ils se rendent maintenant compte que leur destinée est de servir comme boucliers humains : il n’est pas certain que leur adhésion au Hamas soit pérenne.
Côté israélien, les autorités annoncent avoir déjà traité 60 % des 30 000 combattants du Hamas, tués, blessés ou faits prisonniers. Le nord de la bande de Gaza serait « purgé » mais où tout cela nous mènera-t-il ?
Idéalement, on pourrait imaginer que parallèlement à l’opération militaire, Israël évoque un plan de paix, des hypothèses constructives intégrant les besoins des deux parties, la sécurité sans doute pour les Israéliens, la dignité peut-être pour les Palestiniens, s’il fallait déjà commencer par quelque chose.
Pour le moment, il ne semble pas que ce soit la priorité. Le gouvernement israélien a la tête ailleurs. Dans une ambiance de ferveur messianique et d’envolée apocalyptique, il préconise pêle-mêle l’élimination de la population palestinienne (avec son transfert en Égypte, en Europe ou sur des îles artificielles, bref ailleurs), la mainmise sur les gisements gaziers au large de Gaza (cette opération tombe à pic), la reconstruction du temple sur l’esplanade du même nom à Jérusalem (que faire des deux mosquées ?) et, tant qu’à faire, le rétablissement des frontières bibliques de la Terre promise, « depuis le Torrent d’Égypte jusqu’au Grand Fleuve, l’Euphrate » (Genèse 15,18).
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Si on cherchait à déminer le terrain, cette perspective d’un contrôle israélien sur l’ensemble du Proche-Orient ne serait sans doute pas retenue comme premier geste significatif de bonne volonté.
Nouvel extrait la semaine prochaine…
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Né à Nouméa en 1968, Marc Fromager est père de six enfants. Il a une forte expérience à l’international puisqu’il a travaillé pendant près de 32 ans dans l’humanitaire. Homme de terrain, Marc fromager a notamment parcouru la planète lorsqu’il dirigeait (pendant 21 ans) l’Aide à l’Église en détresse (AED) en France. Aujourd’hui, il est le Directeur de l’Information pour l’association SOS Chrétien d’Orient. Il est par ailleurs un chroniqueur régulier pour Le Diplomate. Il est l’auteur du livre Guerres, pétrole et radicalisme, les chrétiens d’Orient pris en étau, Éditions Salvator, 2015, Prix “La plume et l’Épée” en 2016.
Association de soutien et d’aide aux chrétiens d’Orient : soschretiensdorient.fr