Par André Boyer – Son blog : http://andreboyer.over-blog.com/
Au début du XXIe siècle, les cultures et les élevages occupent une part importante des terres émergées et elles sont vitales pour l’humanité puisqu’elles lui fournissent la quasi-totalité de ses aliments.
Les terres cultivées de la planète occupent environ 15 millions de kilomètres carrés tandis que les pâturages s’étendent sur 30 millions de kilomètres carrés, soit respectivement un peu plus de 10% et de 20% des terres émergées. Les terres à usage agricole occupent à peu près la même superficie que les forêts, soit un tiers des terres émergées. Le tiers restant est couvert de zones herbeuses, arbustives ou autres, telles que des roches ou des infrastructures humaines.
Les cultures s’étendent surtout dans des régions originellement recouvertes de forêts : quelque 20% des forêts originelles du monde ont été défrichées à cette fin, cette proportion atteignant près de 50% dans les zones tempérées. Les pâturages, quant à eux, sont principalement situés dans les aires originellement herbeuses.
AGRICULTURE – Les effets de la révolution agricole du XXe siècle
Or 30% des terres émergées, soit 41,5 millions de kilomètres carrés, sont cultivables, alors que 40% de ces terres sont effectivement cultivées. Cette proportion varie beaucoup d’un continent à l’autre, puisqu’elle est de l’ordre de 12% en Amérique latine, de 20% en Afrique au sud du Sahara, proche de 100% en Asie et au Moyen-Orient et de l’ordre de 50% en Amérique du Nord et en Europe.
Les cultures qui couvrent le plus d’espace sont, de loin, les céréales, avec plus de 40% des terres cultivées, suivies par les cultures oléagineuses et les cultures fourragères.
En ce début du XXIe siècle, ces cultures et ces élevages demandent un nombre record d’agriculteurs, qui continu à augmenter. En effet, en 2010, la population agricole active du monde s’élevait à 1,3 milliard de personnes et, avec leurs familles concernait 2,6 milliards d’individus, soit près de 40% de la population totale, dont 2 milliards vivent en Asie et 0,5 milliard en Afrique. En Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest, la situation est très différente puisque moins de 2% de la population vit de revenus agricoles.
Or le revenu des agriculteurs est moitié moindre en moyenne que celui de la population active totale, ce qui s’explique par la modeste productivité de très nombreux agriculteurs et par la faiblesse des prix agricoles.
En effet, la grande majorité des agriculteurs travaille dans des exploitations familiales, ce qui signifie que ces exploitations sont dirigées, travaillées et possédées par une famille.
Il existe environ 500 millions d’exploitations familiales dans les pays en développement, qui sont trop petites, le plus souvent, pour assurer à la famille une existence décente. Car si ces exploitations paysannes ont une certaine autonomie vis-à-vis des marchés, elles doivent tout de même vendre une fraction de leur production pour acheter en retour les biens nécessaires qu’ils ne produisent pas eux-mêmes. C’est pourquoi le prix de ce qu’ils vendent conditionne la survie de ces exploitations.
Face à ces exploitations familiales très majoritaires en nombre, il existe d’autres types d’exploitations agricoles, coopératives ou fonds d’investissement, qui ont mis en place de grandes exploitations. Il s’agit de structures capitalistes dans lesquelles le travail est effectué par des employés. Ces domaines rassemblent des entreprises souvent stables qui cherchent à rémunérer le mieux possible les investissements. On peut y ajouter les exploitations patronales qui utilisent à la fois du travail familial et du travail salarié permanent, tout en étant conduites par un membre au moins de la famille.
Pour les 1,3 milliards d’actifs agricoles dans le monde, on ne compte que 28 millions de tracteurs, soit 2% du nombre de ces actifs, tandis qu’environ 400 millions d’actifs agricoles utilisent la traction animale. En effet, la mécanisation, qui a triomphé dans les pays industrialisés et dans quelques secteurs des pays émergents, n’a touché qu’une petite minorité des agriculteurs du monde. En outre la culture à traction animale ne bénéficie aujourd’hui qu’à un tiers environ des actifs agricoles, si bien que les deux autres tiers des agriculteurs, soit environ un milliard de paysans travaillent presque uniquement avec des outils à mains.
Par ailleurs, près de 800 millions d’agriculteurs, tous types d’équipements confondus, utilisent des semences sélectionnées par la recherche génétique, des engrais minéraux et des pesticides permettant d’accroitre les rendements, tandis qu’environ 500 millions de paysans n’utilisent pas ces intrants efficaces.
Les inégalités d’équipement et de productivité entre les différentes agricultures du monde sont donc aujourd’hui énormes, et elles ont des conséquences.
À SUIVRE
#