Tentatives d’assassinat de Donald Trump : entre manquements et défaillances des services secrets américains

Shares
Tentatives d'assassinat contre Donald Trump
Photomontage LeLab Picto Le Diplomate

Par Angélique Bouchard

Il s’agit d’une campagne électorale totalement inédite dans l’Histoire des États-Unis : une campagne électorale émaillée par des tentatives successives d’assassinat sur un candidat, d’accusations, de rejet de responsabilité, de mensonges et d’exagérations.

Un éditorial récent du Washington Post pointe la contagion de la violence politique qui gagne tout le pays.

En un peu plus de deux mois, Donald Trump a été victime de deux tentatives d’assassinat, l’une le 13 juillet 2024 et la deuxième le 15 septembre. La première tentative a abouti à ce qu’un assassin blesse l’ancien président et tue un participant au rassemblement, le pompier Corey Comperatore. Aucune tentative de cette envergure n’a été connue et rapportée contre d’anciens présidents : Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama ou Jimmy Carter, qui est en soins palliatifs depuis Février 2023.

À lire aussi : Tentative d’assassinat de Donald Trump : Y a-t-il eu des manquements dans la sécurité ?

Trump est sorti indemne de la dernière tentative d’assassinat contre lui : l’avis des experts en sécurité

Il est absolument effarant de constater deux tentatives d’assassinat contre le candidat Donald Trump, en l’espace de six semaines, dont la dernière au Trump International Golf Club à West Palm Beach en Floride. Les terrains de golf sont certes des zones difficiles à sécuriser car ce sont des grandes surfaces planes, avec très peu de zones de repli pour se mettre à l’abri en cas d’attaque, mais si l’agent en question n’avait pas eu l’œil acéré pour repérer le canon de l’arme à feu dépassant d’une clôture grillagée, le tireur au long casier judiciaire, aurait bien pu réussir. Le suspect Ryan Wesley Routh, 58 ans, a été arrêté après avoir fui les lieux.

Le New York Times avait déjà publié un article intitulé « Stolen Valor : The US volunteers in Ukraine Who Lie » qui citait le tireur, le décrivant comme un ancien ouvrier du bâtiment de Caroline du Nord qui s’est rendu en Ukraine. Routh, selon le média, cherchait des recrues militaires afghanes, qui avaient fui les talibans pour aller combattre en Ukraine.  Il prévoyait ainsi des déplacements illégaux au Pakistan puis en Iran. Une vérification faite de ses antécédents a révélé que Routh avait eu des ennuis répétés avec les forces de l’ordre durant des décennies en Caroline du Nord, la majorité de ses arrestations concernant la conduite sans permis, la conduite avec une immatriculation expirée et sans assurances. (Source : https://www.nytimes.com/2023/03/25/world/europe/volunteers-us-ukraine-lies.html)

« Les zones très ouvertes comme les terrains de golf sont notoirement difficiles à sécuriser » à déclarer à Fox News Digital, l’ancien commandant du SWAT et chef d’équipe des tireurs d’élite. « Les voies d’accès sont presque infinies et la plupart des terrains de golf contiennent de nombreuses zones boisées, d’arbustes et d’autres éléments paysagers qui facilitent encore plus une approche masquée du tireur ».

Le shérif du comté de Palm Beach, Ric Bradshaw, a déclaré aux journalistes dimanche, que le tireur se trouvait à environ 300 ou 500 mètres de Trump et était armé d’un fusil de type AK-47, avant d’être repéré par un agent des services secrets américains. Des photos, publiées le lendemain, ont démontré que le fusil était en fait un SKS, qui présente des similitudes à celles d’un AK-47. (Source : Shooter’s skill level likely determined fate of latest  Trump assassination attempt : Experts, par Michael Lee, Fox News, 16 septembre 2024) ;

Donald Trump était confronté à un risque accru en raison de sa mobilité sur le terrain de golf. Le plan du tireur, était d’attendre que l’ancien président se rapproche pour tenter son tir. « C’est une question d’engagement » selon les experts en défense. Le tireur avait également préparé un plan d’évasion, qu’il a exécuté, ce qui laisse présager qu’il n’était pas prêt à mourir pour commettre l’assassinat.

Le SKS, selon les experts interrogés, tire une balle de 7,62 mm, et bien qu’il soit incroyablement fiable et qu’il ait techniquement une portée à plus de 500 mètres, il n’est pas réputé pour être une arme précise. « Le SKS standard ne peut maintenir qu’une précision de 3 à 5 MOA, ce qui signifie que dans un environnement parfait, les balles tirées à 100 mètres atterriront dans un cercle de 3 à 5 pouces. Bien que cela puisse sembler précis, les fusils standards de type « longue portée » utilisés par la police et les tireurs d’élite militaires se vantent d’avoir un cercle de 1 MOA ou 1 pouce à 100 mètres ».

 L’arme utilisée aurait pu être en revanche être plus efficace à environ 1 000 mètres, et ce, seulement, si « le tireur avait eu des compétences décentes pour tuer l’ancien président Donald Trump ». Pour Chad Robichaux, ancien Marine de la Force Recon, « même pour un Marine débutant, un tir de 500 mètres sans lunette devrait pouvoir toucher une cible de taille humaine ».

À lire aussi : Les astuces rhétoriques de l’URSS et la guerre en Ukraine

« Trump risque davantage d’être assassiné que d’autres anciens présidents car il a été qualifié d’ennemi public n°1 de la démocratie »

Après un rapide appel à la modération, Trump est passé rapidement à l’offensive, déclarant à Fox News Digital que le tireur a « cru en la rhétorique De Biden et de Harris » et « qu’il a agi en conséquence ». « Leur rhétorique fait que je me fais tirer dessus ». Les démocrates ont constamment décrit Trump comme un danger pour la démocratie, un dictateur en puissance qui a tenté de volé une élection. Les médias hostiles, ont également joué un rôle prépondérant dans cette stratégie de diabolisation, comparant Trump à Hitler ou Mussolini.

Son colistier JD Vance a affirmé que « puisque personne n’avait essayé de tuer Harris et que Trump a survécu à deux tentatives, c’est une preuve assez forte que la gauche doit modérer sa rhétorique et arrêter ses conneries ».

Les risques d’atteintes à sa personne sont en effet bien plus élevés comme l’indique un expert en sécurité, et ce en raison d’une « rhétorique politique incendiaire qui ne cesse de le dépeindre comme l’ennemi public numéro un de la démocratie »

Tel est l’avis de Gene Petrino, commandant retraité du SWAT, du département de police en Floride et expert des fusillades. La deuxième tentative aurait eu pour effet direct de resserrer la protection des services secrets autour des autres présidents. Il indique que « Biden et Harris sont également des cibles mais que Trump a une empreinte plus élevée ».

L’expert en sécurité et ancien officier du NYPD Bill Stanton a ajouté lors d’une interview avec Fox News Digital « que la tempête générée par une rhétorique exacerbée » autour de la campagne électorale fait de Trump une cible de choix pour les personnes qui « s’auto-radicalisent » à partir d’une « rhétorique incendiaire ». (Source : Trump at higher risk of assassination than other former presidents thanks to « public ennemy » rhetoric : expert, par Emma Colton, Fox News, 18 septembre 2024).

Il poursuit : « Il y a ces guerriers du clavier. C’est comme une drogue. Ils sortent et déversent toute leur haine et leur venin en ligne. Internet a permis à ces gens de se repaître de leur propre psychose. Et puis, lorsque cette drogue ne suffit plus, on voit maintenant une situation passer du cybermonde au monde réel, comme dans Matrix ».

À lire aussi : Avoir 21 ans dans les Aurès – Extrait exclusif n°2 de L’Esprit guerrier (Ed. Balland, 2023)

« Je n’ai jamais vu ça ! » : le sénateur républicain du Wisconsin, Mike Johnson, accuse les services secrets américains d’un manque de coopération dans l’enquête sur la double tentative d’assassinat de Donald Trump

Les services secrets américains sont chargés de protéger jusqu’à 40 personnes, y compris tous les présidents actuels et anciens, les vice-présidents et leurs conjoints. Alors qu’une enquête du Congrès est lancée, le président de la Chambre, Mike Johnson, Républicain de Louisiane, a déclaré que la Chambre envisageait un financement supplémentaire des services secrets pour l’embauche et la formation d’agents supplémentaires. Il ne s’agit donc pas d’injecter de l’argent « dans un système défaillant ».

Or, des consultants et anciens professionnels de la sécurité ont exprimé la limite de l’exercice : l’embauche et la formation d’agents supplémentaires peut prendre jusqu’à deux ans. « Cela n’aura pas d’impact immédiat. Nous avons besoin d’une loi ou d’un décret pour réformer l’agence » (Source : Secret Service struggle to protect presidents won’t see « immediate » end even with more manpower : retired agent, par Michael Ruiz, Fox News, 19 septembre 2024).

L’Agence est autorisée à protéger tous les présidents actuels et anciens, leurs conjoints, certains membres de haut rang des cabinets, ainsi que toute autre personne désignée par un décret présidentiel. Les enfants des anciens présidents bénéficient d’une protection jusqu’à 16 ans. Il en va de même pour les petits-enfants. Les principaux candidats à la présidence bénéficient d’une protection dans les quatre mois suivant le jour du scrutin, les présidents élus et vice-présidents élus la reçoivent avant d’entrer en fonction. Les autres bénéficiaires incluent les chefs d’Etat étrangers, leurs conjoints et d’autres visiteurs « distingués ». Les propriétés tentaculaires des présidents, qu’il s’agisse de leur résidence principale ou secondaire, compliquent les choses. Donald Trump, milliardaire de l’immobilier possède Mara-Lago en Floride, la Trump Tower à NY et bien d’autres. Le président Biden, apprécie lui Rehoboth Beach, dans le Delaware, juste à côté d’une autoroute principale.

Le sénateur Ron Johnson, Républicain du Wisconsin, a décrit les entraves exercées par le ministère de la Sécurité intérieure et les services secrets, qui ont empêché le Comité de la sécurité intérieure et des affaires gouvernementales (HSGAC) d’obtenir des documents clés, qui permettront d’enquêter sur les manquements des services dans la protection de l’ancien président.

À lire aussi : ANALYSE – Nouvelle tentative d’assassinat de Donald Trump

Il s’agit entre autre des rapports d’autopsie, les rapports toxicologiques.

« Où sont passées les balles ? Nous ne savons même pas comment ils ont géré la scène du crime », a déclaré Johnson, membre de haut rang du sous-comité permanent des enquêtes du HSGAC (PSI).

« Depuis la tentative d’assassinat du 13 juillet contre Trump, nous devrions avoir des informations de base en ce moment et nous ne les avons pas (…) Nous n’avons pas pu interroger le tireur d’élite qui a abattu Thomas Crooks ». Selon le Républicain, le tireur d’élite qui a tiré sur Crooks, l’assaillant du président Trump lors du rassemblement le 13 juillet en Pennsylvanie, était la première personne qu’il voulait interviewer.

Il a rajouté que le FBI ne leur avait fourni aucun formulaire FD-302, qui est utilisé pour enquêter sur les résultats des interrogatoires. Johnson a souligné que le directeur adjoint du FBI, Paul Abbate, lui avait dit lors d’une audience en juillet que le Bureau leur fournirait les formulaires « dès que possible ».

« Je n’en ai pas eu. Ils ont fait 1 000 entretiens. Nous en avons fait 12 » a déclaré le sénateur.

Le manque d’informations, le manque de cohérence et le ralentissement permanent des démarches administratives sont dénoncés par le Républicain du Wisconsin. Un récent briefing des présidents et des membres de haut rang du HSGAC et du PSI par le directeur par intérim des services secrets, Ronald Rowe, n’a fourni aucune nouvelle information exploitable, aux sénateurs. Johnson a décrit quelques documents fournis aux législateurs, qu’il présente comme « fortement expurgés ».

Les documents remis sont tantôt fortement noircis à l’impression ou certaines parties sont illisibles et carrément « blanches ».

« Nous sommes confrontés à un manque de coopération avec notre enquête. C’est le niveau d’opacité que nous dénonçons » a ajouté le sénateur Johnson.

Les services secrets ont réitéré qu’ils coopéraient activement aux enquêtes du Congrès, malgré les protestations bipartites et « les accusations de blocage ».

Dans un commentaire à Fox News Digital, un porte-parole des services secrets américains a déclaré : 

« Les services secrets américains coopèrent à un large éventail d’enquêtes et de contrôles liés à la tentative d’assassinat de l’ancien président Donald Trump. Cela comprend de multiples enquêtes du Congrès, notamment des enquêtes menées par la commission judiciaire du Sénat, la commission de sécurité intérieure et des affaires gouvernementales, la sous-commission permanente des enquêtes du Sénat et un groupe de travail bipartisan spécial de la Chambre des représentants ».

« Depuis le 13 juillet, nous avons fourni plus de 2 800 pages de documents pertinents à ces entités et nous avons mis nos employés à disposition pour mener des entretiens sur demande. Le 12 septembre, le directeur par intérim, Ron Rowe a informé les membres des commissions de la Chambre des représentants et du Sénat des États-Unis de l’enquête, sur l’assurance de la mission de l’Agence. Compte-tenu du volume des demandes, de la compétence des demandeurs et de la capacité limitée en ressources et en personnel de nos services, nous donnons la priorité aux réponses précitées ».

À lire aussi : Aide américaine à Kiev : la trahison du “speaker” Mike Johnson qui ulcère l’aile droite des Républicains et divise l’Amérique


#DonaldTrump, #Sécuritéprésidentielle, #TentativeAssassinat, #Trump2024, #PrésidentiellesAméricaines, #ViolencePolitique, #SecretService, #SécuritéNationale, #AttaqueTrump, #ProtectionPrésidentielle, #ServicesSecrets, #CandidatsPrésidentiels, #TrumpInternational, #SécuritéUSA, #AttentatTrump, #FoxNews, #ViolenceÉlectorale, #TrumpGolfClub, #RisqueAssassinat, #ÉlectionsAméricaines, #RisquePolitique, #TrumpProtection, #ViolenceUSA, #FBI, #SécuritéAméricaine, #PolitiqueAméricaine, #EnquêtePrésidentielle, #MenacePolitique, #Républicains

Shares
Retour en haut