Grand Entretien du Diplomate avec Amélie Chelly sur la situation en Iran et le conflit israélo-palestinien

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Conflit israélo-palestinien
Chelly : Photomontage LeLab Le Diplomate.

Sociologue, spécialiste de l’Iran et des islams politiques, Amélie Chelly est chercheure associée au CADIS (EHESS-CNRS). Elle analyse pour Le Diplomate, la situation en Iran et le conflit israélo-palestinien.

Propos recueillis par Mathilde Georges

Le Diplomate : Suite à des frappes récentes, Israël a débuté une opération terrestre dans le sud du Liban. Quel est l’objectif de cette intervention militaire ? Compte tenu du contexte, combien de temps cette offensive pourrait-elle durer, et cette invasion pourrait-elle s’étendre au-delà du sud du Liban ?

Amélie Chelly : Il faut répondre à la question de l’objectif de cette intervention en considérant trois plans : un plan politique intérieur, un plan tactique et un plan stratégique. Pour ce qui concerne la politique intérieure, force est de constater que l’administration de Benyamin Netanyahou souffre d’un grand manque de crédibilité relative au renseignement et à la compétence sécuritaire du pays, depuis le 7 octobre 2023. Frapper vite et fort le Hamas à Gaza, d’une part, devait permettre de montrer une capacité de réponse à une attaque d’une ampleur inédite, et attaquer le Hezbollah au Liban, d’autre part, avait pour objectif de recouvrer une crédibilité double,  de renseignement et de dissuasion : les explosions de bipeurs puis de talkies-walkies ayant largement visé les militaires intermédiaires (classe dont la neutralisation paralyse efficacement les manœuvres) étaient dignes des meilleurs scenarios de films d’espionnage, forçant la conviction de hautes compétences en matière de renseignement et de technologie. Les bombardements et autres attaques perpétrés au Liban (et ailleurs), notamment dirigés contre les hauts dignitaires du « Parti de Dieu » (avec les conséquences civiles que nous connaissons) visent, quant à eux, un objectif dissuasif, une volonté de tuer dans l’œuf toute perspective d’investissement plus massif du Hezbollah dans le conflit.

Sur le plan tactique, une guerre contre le Hezbollah, dont la branche armée est forte de plusieurs dizaines de milliers de miliciens n’ayant pas souffert du démantèlement à l’issu de la guerre civile (1975-1990), n’est pas comparable à une lutte contre la branche armée du Hamas, comptant beaucoup moins de combattants qui jouissent d’un volume d’armement moins conséquent. On peut donc penser qu’Israël, ne pouvant se permettre d’être surpris par l’ouverture d’un autre front, aurait frappé fort pour neutraliser et dissuader.

Sur le plan stratégique, enfin, il faut observer que deux visions de guerre s’affrontent (même si des vernis théologiques sont désormais perceptibles des deux côtés) : côté israélien, c’est la blitzkrieg et le rapport de forces qui prédominent, tandis que du côté des milices de l’axe iranien, le long-termisme est de mise. L’usure est certes une arme de guerre touchant tant au portefeuille qu’au moral d’une population qui vote, mais elle permet surtout l’inscription du conflit dans la durée, et même si les pertes comptabilisables sont plus grandes du côté des ennemis d’Israël, République islamique et Hezbollah voient un gain dans l’allongement du conflit : l’extension de la durée permet à la fois une cristallisation d’une grande partie des opinions publiques contre l’État hébreu (tant en Orient qu’en Occident, dans des proportions et des dimensions néanmoins dissemblables) et la redorure du blason de l’Axe de la résistance et de l’Iran qui, à l’heure du conflit syrien, avait pu percevoir toute la détestation dont les chiites et leurs leaders faisaient l’objet, dans le monde sunnite. Tenir le rôle de l’ultime bastion crédible de la lutte contre Israël, pour la Palestine, après la série de régularisations des relations diplomatiques avec l’État hébreu dans le monde arabe, constitue en soi une victoire pour l’Iran et ses alliés. Comme la voix d’une parties des Libanais, plutôt réfractaires au choix de feu Hassan Nasrallah d’un soutien manifeste au Hamas, par crainte de la réplique israélienne et/ou par réprobation idéologique, est peu médiatisée, Téhéran peut jouir d’un indéniable renforcement de son statut de champion de la cause palestinienne.

Concernant la durée et l’étendue des incursions menées par Israël au Liban, il faut reconnaître que l’imprévisibilité prédomine du fait de la millénarisation de la rhétorique de la classe politique israélienne. Si elle est observable depuis quelques années, avec un gouvernement de coalition dont l’extrême droite compte sur une victoire sans compromis, elle trouve une dimension différente dans un contexte de guerre.

LD : Dans la nuit du 1er octobre, l’Iran a lancé plus de 200 missiles vers Israël, sans toutefois atteindre de cibles précises. Sachant que les chances de réussite étaient minces, pourquoi l’Iran a-t-il malgré tout procédé à cette attaque ? Quelle en est la signification stratégique et comment l’Iran pourrait-il atteindre Israël à l’avenir afin d’inverser le rapport de forces ?

AC : Il y a plusieurs raisons à cette opération en apparence infructueuse. La plus importante consiste en l’obligation de réponse. Dans les échanges observés depuis plus d’une année entre l’État hébreu, l’Iran et ses alliés, les réponses apparaissent comme des restaurations de dignité d’État et de crédibilité. Par ailleurs, Téhéran sait la disproportion entre le coût des salves de projectiles et leur interception (laquelle coûterait entre sept et dix fois plus que les engins balistiques), ce qui pérennise cette stratégie d’usure. D’autres options étaient par ailleurs inenvisageables dans le cadre d’une réponse presque immédiate. L’épisode des bipeurs et des talkies-walkies avait enterré la perspective d’une réponse numérique forte (d’autant que le risque d’une mutilation liée à un objet piégé est profondément et au plus haut niveau gravé dans la mémoire de la République islamique : le Guide lui-même a perdu un bras par un magnétophone piégé en 1981), et une réponse par proxy était à éluder à deux titres : si Hassan Nasrallah et Abbas Nilforoushan sont tombés à Beyrouth, l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh avait été perpétré sur le sol iranien. L’humiliation fut grande et il fallait répondre depuis le lieu de l’attaque même. Par ailleurs, la confiance de Téhéran en certaines de ses milices se trouve altéré, notamment en Syrie (nous y reviendrons).

Par ailleurs, il faut peut-être encore convoquer l’idée d’une mentalité stratégique proprement iranienne : dans les universités militaires du pays, on enseigne qu’il ne faut pas plus montrer à l’ennemi l’étendue de ses faiblesses que celle de ses forces. Frapper d’un coup avec toute sa puissance létale, c’est s’exposer à la compréhension par l’ennemi de la limite de cette même puissance. Ainsi, pour la deuxième fois, le 1er octobre, la République islamique d’Iran a visé directement Israël depuis son territoire, dans le cadre d’une « nouvelle équation », pour reprendre le terme employé par le chef de l’armée iranienne, Mohammad Hossein Bagheri, pour laver l’honneur sans s’engager dans une guerre frontale. Peut-être fut-ce également une stratégie pour gagner du temps nécessaire au développement de la capacité nucléaire militaire, développer les milices basées en Irak et contribuer à la restructuration de celles du Hezbollah. Le proxy irakien devient en effet une option favorisée par la République islamique. Les relations entre Téhéran et Damas, par exemple, ne sont pas au beau fixe sur la question du soutien au Hamas, branche des Frères musulmans, confrérie pour laquelle l’administration Assad nourrit les animosités que la récente guerre civile aura rendues bien manifestes. Les houthis au Yémen n’ont, pour leur part, pas toujours la pleine confiance de l’État iranien du fait de manœuvres non concertées touchant les navires marchands, chinois notamment, et Téhéran ne peut se permettre de détérioration de ses relations avec Pékin.

LD: Dans les deux camps, les civils sont en première ligne et subissent les conséquences tragiques des bombardements et des affrontements armés. Comment ces populations réagissent-elles à l’escalade de violence ? Leur résistance, leur résilience ou leur désespoir peuvent-ils influencer le cours des événements à venir ? Dans le cas des populations palestinienne et libanaise, par exemple, certains pourraient voir dans la lutte contre Israël un droit à la rébellion. Comment cette idée est-elle perçue et pourrait-elle alimenter davantage les dynamiques du conflit ?

AC : La douleur des civils a pour double conséquence la cristallisation de haines essentialisantes, palpables tant d’un côté que de l’autre, mais également la structuration de mouvements appelant à la cessation du conflit. On sait, par exemple, que malgré une légère hausse de la popularité de Benyamin Netanyahou suite à la mort de Hassan Nasrallah, leader historique du Hezbollah, le premier ministre israélien ne jouit pas d’une grande sympathie de la part de sa population. Certaines tendances de gauche (mettons de côté des groupes religieux juifs extrémistes opposés à l’existence même d’Israël, comme les Natureï Karta, dont certains membres auraient même soutenu financièrement le Hamas) prennent de l’importance pour constituer une force de pensée alternative à la guerre, avec des mouvements comme Standing Together, fondé en 2015, dont la voix résonne particulièrement dans les circonstances actuelles. Cette organisation judéo-arabe a le mérite de rendre manifeste l’existence d’aspirations solidaires entre communautés et de se renforcer du fait de l’exacerbation du conflit. Et pour ce qui concerne les plus hauts niveaux décisionnaires, des figures phares et influentes de la politique israélienne (de conserve souvent avec des personnalités de l’Autorité palestinienne) ne sont pas en reste en termes de revendication de résolution du conflit par d’autres voies que la guerre. On pense notamment à la tribune (publiée dans le Monde du 5 octobre 2024) signée par Ehoud Olmert, ancien premier ministre de l’État hébreu (2006-2009), et Nasser al Qidwa, ancien ministre des Affaires Étrangères de l’Autorité palestinienne (2005-2006), proposant « Les éléments nécessaires pour permettre une paix israélo-palestinienne pérenne », plan prenant pour point de départ l’arrêt du conflit armé.

Par ailleurs, à nous concentrer sur la haine comme répercussion mécanique des attaques dans les deux camps, pèsent dans les dynamiques du conflit une empathie mobilisatrice du monde arabo-musulman nourrissant le soft-power antisioniste iranien et, pour une partie grandissante de ces mêmes populations, une sorte de justification intellectuelle de l’existence du Hamas et du Hezbollah, quand bien même, au départ, la nature islamiste de ces deux groupes n’inspirait pas forcément d’adhésion. D’ailleurs, une grande partie des Iraniens, critique à l’égard du fonctionnement théocratique de leur République islamique, prenant depuis des décennies des risques pour manifester leur désapprobation quant à une politique liberticide confisquant l’économie, redoute cette soudaine sympathie d’une partie du monde pour Téhéran et son satellite libanais, comprenant qu’elle affaiblit la teneur de leur lutte contre l’application d’un islamisme dont eux font les frais depuis quarante-cinq ans. Dans certaines rues des grandes villes iraniennes, des habitants ont par exemple discrètement distribué gâteaux et autres collations pour fêter la mort de Nasrallah. N’oublions pas que l’un des slogans phare qu’on peut entendre depuis de nombreuses années dans les manifestations populaires contre la République des mollahs et sa gestion de l’économie est « Na Gazeh, na Loubnan, djanam fada-ye Iran ! » (« Ni Gaza, ni Liban, mon cœur va à l’Iran »), sous-entendu, cessez d’envoyer des fonds à Gaza et au Liban tandis que le peuple souffre d’une économie exsangue. Très récemment, des familles iraniennes peu favorables à leur régime s’étonnaient que leur État ait appelé les femmes à vendre leurs bijoux pour soutenir le Hezbollah, comme cela avait déjà été le cas, il y a plusieurs décennies, lors de la visite de Yasser Arafat (qui avait d’ailleurs appelé la révolution islamique iranienne la « fadjr », « explosion de lumière »), pour soutenir financièrement la cause palestinienne.

Sur la question de la douleur des populations, il faut aussi noter une différence évidente dans la considération idéologique quant à la mort civile, différence articulée autour du rouhiye shahadat talabi (« esprit de la quête du martyre »), élément central tant dans l’idéologie de la République islamique que dans celle du Hezbollah et du Hamas. Le rouhiye shahadat talabi fait de la mort au combat contre l’ennemi une victoire plus grande que la victoire stratégique, parce que cette mort-là est le plus haut témoignage de la justice face à l’injustice. Évidemment, cette disposition ne saurait être partagée par les civils qui font les frais des frappes israéliennes, cependant elle a une place indéniable pour comprendre la gestion du conflit par le Hamas et ses alliés.

LD : À l’approche des élections américaines, quel impact aurait une éventuelle victoire de Donald Trump sur la situation au Moyen-Orient, notamment dans le conflit israélo-palestinien et la relation avec l’Iran ?

AC : On sait qu’à l’époque de sa campagne pour l’élection qui le porta à la Présidence en 2017, Donald Trump avait promis (promesse qu’il tint) de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, satisfaisant ainsi une partie de sa base électorale chrétienne évangélique portée par la croyance que la restauration de la terre juive est une étape nécessaire préalable à l’instauration du royaume de Dieu. Aujourd’hui, le candidat à l’élection qui doit se tenir le 5 novembre 2024, persiste dans ce discours, ce qui, bien évidemment, flatte le vernis religieux de l’extrême droite israélienne. Par ailleurs, Donald Trump avait également mis plusieurs bâtons dans les rouages du la République islamique : on pense au Muslim Ban, à l’inscription des Gardiens de la Révolution (pourtant force militaire officielle du pays au même titre que l’armée régulière) sur la liste américaine des organisations terroristes ou encore au retrait unilatéral des accords sur le nucléaire (le fameux « very bad deal »), œuvre de son prédécesseur Barack Obama. A priori, la perspective d’un retour de Donald Trump servirait moins les intérêts des alliés de la République islamique que l’hypothèse d’une Présidente Kamala Harris. D’ailleurs, le violent débat électoral sur la question israélo-palestinienne, entre les deux candidats, en septembre dernier, laissait assez peu de doute sur le sujet : D. Trump, sur un ton va-t’en-guerre, prédisant purement et simplement la disparition d’Israël si les démocrates prenaient la Maison Blanche, Kamala Harris préférant la nuance, le cessez-le-feu et la solution à deux États. Cependant, rien ne serait couru d’avance si nous envisagions un retour du Républicain aux commandes : les décisions de l’homme d’affaires sont davantage guidées par l’économie que par des considérations doctrinales. D’ailleurs, l’accord sur le nucléaire était mauvais à ses yeux, moins parce que l’interlocuteur iranien n’était pas perçu comme fiable, que parce que le traité impliquait d’autres signataires, empêchant la perspective de faire de l’Iran un marché exclusif.

LD : Avec l’anniversaire du 7 octobre, date marquant un an après l’attaque du Hamas contre Israël, quel avenir envisagez-vous pour ce conflit ? À quoi pourrait ressembler la situation dans les mois à venir ?

AC : A présent que Yahya Sinwar, présenté comme le chef à l’origine de l’attaque du 7 octobre 2023, a été abattu, de nombreuses voix s’élèvent, notamment côté israélien, pour demander à ce que le gouvernement ne se concentre plus que sur la libération des otages pour ensuite mettre un terme au conflit. Nul ne sait si ces requêtes seront exaucées, d’autant que les gouvernements impliqués dans la guerre pourraient avoir un intérêt à sa pérennisation. Côté Axe de la résistance, par exemple, les canaux des Gardiens de la révolution (sur Signal ou Telegram), expriment clairement la volonté de voir la guerre perdurer et ainsi mettre en œuvre une stratégie dont le nom revient comme une litanie depuis des mois : celle de la « boiling frog », « la grenouille dans l’eau bouillante », qui, ne se rendant pas compte de l’augmentation de la température du liquide tant elle est progressive, meurt sans avoir tenté d’en sortir. Appliquée à la situation au Proche-Orient, cette doctrine vise l’usure, par l’Iran, de l’« entité sioniste ». Cette usure doit atteindre, certes, comme pour toutes les autres guerres, le moral et le portefeuille, mais aussi constituer une durée nécessaire à une bipolarisation acerbe du monde, de sorte que, à la faveur du temps long du conflit, grossissent les rangs des défenseurs de la Palestine et des ennemis de l’État juif. L’Iran mise encore et toujours sur le martyre. Au lendemain de la mort de Sinwar, un tweet du compte officiel de la délégation iranienne aux Nations Unies (I.R.IRAN mission to US, NY) disait (en anglais), en s’inscrivant toujours dans une lecture long-termiste des événements par leur référence à leur historique ennemi Saddam Hussein (pour plus d’approfondissement sur le sujet, voir Le Coran de sang, le blasphème de Saddam, aux éditions du Cerf, 2024) : « Quand les USA avaient sorti un Saddam Hussein échevelé hors d’un trou souterrain, il les avait suppliés de ne pas le tuer même s’il était armé. Saddam en lequel certains voyaient un modèle de résistance s’est finalement effondré. Toutefois, quand les musulmans portent leurs yeux sur le martyr Sinwar, droit sur le champ de bataille – en tenue de combat et dehors, à l’extérieur, non dans une cachette, face à l’ennemi –, l’esprit de résistance sera renforcé. Il va devenir un modèle pour la jeunesse et les enfants qui transmettront sa voie sur le chemin de la libération de la Palestine. Aussi longtemps qu’occupation et agression il y aura, la résistance perdurera, pour que le martyr reste vivace et une source d’inspiration. » L’avenir du conflit fait l’objet d’exhortations idéologiques pour maintenir en veille l’esprit d’une guérilla perpétuelle, même si (ce qu’il nous est permis d’espérer, ou au moins de souhaiter) la situation militaire devait s’apaiser.

Autre intérêt de cette durée souligné par nombre de spécialistes iraniens : avoir le temps de miser sur le nucléaire militaire (les accords de Vienne de 2015 semblent mort-nés notamment du fait de la politique de Donald Trump) de sorte à sanctuariser le territoire et à ainsi ne pas redouter d’attaques d’alliés d’Israël, fragilisant par-là même l’État hébreu. Évidemment, il faut, pour l’heure, plutôt se tenir à l’observation des options sérieuses régulièrement évoquées que de s’engager (précocement à ce stade) dans quelque pronostique.

À lire aussi : Frères musulmans, LFI… Pourquoi ils défendent la cause palestinienne


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