Par Myriam Maestroni
Présidente du think tank international educ’action E5T (Energie, Efficacité énergétique, Environnement, Économie et Territoires), Myriam Maestroni est spécialiste de l’énergie, de l’efficacité énergétique et du nouveau paradigme éco-énergétique et Fondatrice d’Économie d’Energie et Co-fondatrice de DEESCO Prop Tech Company
La COP 29, qui se tiendra à Bakou dans deux semaines, devrait, au moins en théorie, représenter une nouvelle étape dans la lutte contre le changement climatique. Ce nouveau, et 29ème sommet, vise à coordonner les efforts mondiaux pour avancer vers les Accords de Paris et maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C.
Le cap est de plus en plus difficile à maintenir dans un monde qui continue à être, encore, dépendant à plus de 80% des énergies fossiles, responsables des émissions de CO2 et donc de l‘effet de serre, directement en cause dans le dérèglement climatique. Ce phénomène, vu comme un simple risque potentiel, et à horizon lointain, au début des années 2000, s’est accéléré, à une vitesse vertigineuse et certainement bien au-delà des prévisions faites à l’époque. Aujourd’hui, il ne se passe pas une semaine sans que des épisodes climatiques extrêmes ne viennent apporter de nouvelles raisons de mobiliser tous les moyens possibles pour protéger les conditions qui rendent la vie humaine possible sur la Terre.
En retenant Bakou, en Azerbaïdjan, comme lieu de la COP à venir, et juste l’année suivante après celle tenue à Abu Dhabi, on hésite à trancher entre le coup de génie visant à impliquer, en priorité, les pays pétroliers dans la lutte climatique, ou le coup d’épée dans l’eau, qui acterait un intérêt finalement assez relatif des COP, à un moment de retour, de ce que Larry Fink, en personne, envisage comme « pragmatisme énergétique ». Bakou est, en effet, un haut lieu de l’histoire du pétrole mondial, et surtout qui s’est illustré en innovant dans l’exploration et la production pétrolière.
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Un peu d’histoire…
C’est à Bakou, en effet, qu’en 1847, pour la première fois au monde, un puits de pétrole sera creusé par voie mécanique, sur le gisement de Bibi Eybat, dans le Caucase entre la mer Noire et la mer Caspienne contribuant à transformer la ville en l’un des centres industriels et culturels de l’époque. Dès 1859, Vassili Kokorev y construira la première usine de kérosène à Surakhani, près de Bakou. On verra, ainsi, la région se développer grâce à l’affluence des capitaux et des nouvelles technologies d’alors (les Rotschild ouvriront un bureau à Bakou ainsi que les frères Nobel pour ne citer que deux exemples). L’industrie pétrolière, va entrainer dans son sillage le développement de la production de tissages, l’ouverture d’usines mécaniques, de tabac, de moulins, d’entreprises de traitement … nous rappelant que la question de l’énergie est le socle du développement industriel. La Douma urbaine de Bakou sera créée en 1878. Dans la foulée seront ouvertes en mai 1883, la ligne chemin de fer transcaucasien entre Bakou et Tbilissi, et, quelques années plus tard, la ligne de tramway hippomobile (konka). Dès 1899, une flotte de bateaux à vapeur s’installe dans le port de Bakou, et la construction de l’oléoduc de Bakou à Batoumi démarrera, pour une mise en service, retardée par la révolution russe de 1905, mais qui se produira en 1907.
Le boom pétrolier et industriel, attirera de nombreux migrants russes, juifs, allemands, arméniens, et la ville deviendra un phare de la vie culturelle, qui lui vaudra, enrichie de son opéra et de ses théâtres, le titre de « Paris du Caucase » … à une époque où la France rayonnait dans le monde et, était, alors encore, admirée de la « grande Russie ».
Bakou va ainsi s’inscrire dans le grand livre de l’histoire mondiale du pétrole… Aux côtés des noms les plus célèbres de l’épopée de l’or noir, que l’histoire a retenu de Rockefeller aux Etats-Unis, à Nobel et Rothschild en Russie, ou Knox d’Arcy en Iran en passant par Deterding un peu partout, il y en a un, qu’il est sans doute plus important que jamais de rappeler : Calouste Gulbenkian (1869-1955). Ce dernier, d’origine arménienne, né près de Constantinople, et exilé à Londres, obtiendra à 20 ans le titre d’ingénieur pétrolier du King’s College de Londres, devenant un spécialiste des champs de pétrole de Bakou. Ses écrits lui vaudront de devenir en 1898, conseiller auprès des ambassades à Londres et Paris du gouvernement ottoman. Aussi connu comme « Monsieur 5% », -considérant qu’il valait mieux avoir une petite part d’un gros gâteau plutôt qu’une grosse part d’un petit gâteau- sera un habile négociateur et un personnage incontournable de l’économie du pétrole notamment de la région.
C’est toujours à Bakou, que cent ans plus tard, en 1947, on lancera l’aventure de l’exploitation pétrolière offshore dans la mer Caspienne. La production du pétrole des puits forés par les pétroliers Gourban Abbassov et Mikhaïl Kaverotchki, en décembre 1950, a fait la renommée des Pierres de pétrole. Situées dans l’arrondissement de Pirallahi de la ville de Bakou, ces Pierres de pétrole, constitueront la première plateforme pétrolière en mer dans le monde entier. Celle-ci sera d’ailleurs mentionné dans le Livre Guinness des records. En février 1951, le premier tanker chargé de ce pétrole sera commercialisé et la même année, sera lancée la construction de toutes les infrastructures nécessaires à une exploitation massive de ces ressources (jetées, installations hydrotechniques, lignes de communication, immeubles et zones de production). C’est d’ailleurs cette découverte de pétrole en mer et la façon de l’exploiter qui va donner l’impulsion pour explorer la production de pétrole dans tous les océans et mers, d’abord en eaux peu profondes (autour de 200m). Après la crise pétrolière de 1973, on verra l’exploitation offshore s’intensifier -notamment en mer du Nord-, pour atteindre aujourd’hui des niveaux profonds (400 à 1500m) voire au-delà, des niveaux « ultra-profonds » (pouvant aller jusqu’à 3000 voire 4000m) -dans des lieux tels que le Brésil, avec le champ Libra au sud de Rio de Janeiro.
Depuis, l’offshore né dans la région de Bakou, a fait son chemin et s’est beaucoup développé passant de 3 à 6% dans la part de la production mondiale du pétrole, depuis 2008.
Si l’histoire a pour vertu de nous rappeler que l’Azerbaïdjan a su innover, de longue date, elle nous permet aussi d’éclairer -au moins en partie- les raisons qui ont contribué à ramener l’Azerbaïdjan, pionnier dans les énergies fossiles, sur le devant de la scène et de l’actualité géoéconomique et géostratégique, notamment en tant que fournisseur alternatif de gaz et pétrole, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Cela permettra certainement d’acter, au passage, combien la donne géopolitique et climatique mondiale a pu évoluer depuis les flamboyants accords de Paris de la COP 21, encore présente dans le souvenir de nombreux français.
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Et demain ?
Pourtant la vraie question qui nous intrigue tous, désormais, est de savoir si, la longueur d’avance historique en matière de pétrole et de gaz de l’Azerbaïdjan s’appliquera en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Le pays saura-t-il être à la hauteur d’une COP 29 dont on attend de vrais gages pour promouvoir la construction d’un nouveau paradigme éco-énergétique mondial ?
A l’instar de ce qui s’est passé à Abu Dhabi lors de la COP 28 où, pour la première fois, la nécessité de sortir des énergies fossiles a été reconnue, on pourrait, par exemple, espérer que lors de cette nouvelle COP, la nécessité de promouvoir en priorité la sobriété et l’efficacité énergétique, soit enfin prise sérieusement en compte. Le sujet reste encore trop marginal alors qu’il devrait être, enfin et, une bonne fois pour toutes, reconnu comme socle fondamental de la transition énergétique.
Rappelons que la Directive Européenne sur l’Efficacité Énergétique (DEE -ou EED Energy Efficiency Directive en anglais-), adopté pour la première fois en 2012, composante essentielle du “Paquet Climat” de l’Union européenne (UE) vient d’être révisé en septembre 2023. Conçue pour promouvoir l’amélioration de l’efficacité énergétique à l’échelle européenne, elle ambitionne de renforcer les objectifs de réduction de la consommation finale d’énergie d’au moins 11,7% d’ici à 2030 par rapport à 2020, soit environ 30% de réduction par rapport à 2012. Cela signifie double le rythme attendu d’économies d’énergie en passant à une moyenne de réduction de 1,5% par an contre 0,8% actuellement ( avec un système de paliers de 1,3 % pour la période 2024-2025,1,5 % pour la période 2026-2027, et 1,9 % pour la période 2028-2030), (pour la France, à titre d’exemple, cela se traduit par une réduction de 22, 25 et 32 TWh, respectivement) dans un principe de « pollueurs-payeurs » puisque ce sont les distributeurs d’énergie et de carburants qui sont directement impliqués dans l’opérationnalisation et le financement des économies.
Il serait tout à fait bienvenu, pour l’Azerbaïdjan, dans son nouveau rôle de fournisseur privilégié d’aborder cette problématique centrale à l’occasion de cette COP 29, d’autant qu’elle s’applique autant pour les pays gros consommateurs d’énergie que pour les pays en croissance, aujourd’hui contraints de penser en termes d’optimisation de leur intensité énergétique, s’ils souhaitent être compétitifs sur le plan de la neutralité carbone.
Comment ne pas souhaiter, en écho au fameux « primum non nocere » bien connu des médecins du monde entier, comme principe de base dans le domaine de la santé, que les politiques énergétiques mondiales visant à atteindre le « net zéro » dans les années à venir ne puissent envisager en priorité la réduction de la consommation d’énergie ? A fortiori pour les pays producteurs qui eux-mêmes doivent s’inscrire comme faisant partie de la solution. À cet égard, il convient certainement de rappeler que l’énergie que nous ne consommons pas est aussi celle qui évite les émissions de gaz à effet de serre, lesquels sont les principales responsables du changement climatique.
Pendant trop longtemps, on a probablement considéré à tort que le prix et/ou la disponibilité de l’énergie étaient les principaux déterminants en termes de sobriété ou d’efficacité énergétique. Depuis, l’aggravation des événements météorologiques extrêmes qui se succèdent et n’épargnent plus aucune région du monde, mobilisent de nombreux pays pour parvenir à construire de nouveaux modèles de croissance qui devront d’une façon ou d’une autre prendre en compte le prix du CO2.
Bref, il sera intéressant de voir comment la question de la sobriété et de l’efficacité énergétique sera adressée à Bakou.
Comment un pays qui dispose des 20èmes réserves mondiales de pétrole, des 25èmes réserves de gaz, comptant pour près de 35% de son PIB et pour moitié du budget de l’Etat, saura-t-il se positionner pour promouvoir les économies d’énergie face à son premier client européen ? Les pétrodollars, tirés de ce « cadeau des dieux » -pour reprendre l’expression qu’utilisait le Président Ilham Aliev, en fonction depuis 2003, encore récemment-, sont aujourd’hui, encore, plus utilisés pour armer le pays (on en a eu la démonstration récente lors de l’opération de dépeuplement du Haut Karabakh, -qui semble avoir acquis la vocation récente de devenir un hub d’énergies renouvelables-) et pour booster les capacités de production et d’exportation de gaz notamment vers l’Europe, devenue l’acheteur privilégié des énergies fossiles azéries (3/4 des exportations énergétiques de pays sont destinés à l’Europe) depuis la guerre en Ukraine, pour réduire sa dépendance au gaz russe. Ces ambitieux projets d’expansion énergétique de l’Azerbaïdjan (dont la mise en production de la plateforme ACE en 2023 devrait permettre la production de 100 000 barils/jour supplémentaires) propulsant à 781 millions de tonnes les émissions annuelles de CO2 du pays, soit le double de celles du Royaume-Uni, selon les estimations de l’ONG britannique Global Witness. On se dit qu’allouer des moyens à la sobriété et à l’efficacité énergétique serait un must sans doute apprécié par l’UE qui se rêve moins gourmande en énergie. D’autant que le potentiel d’économie d’énergie est immense, mais a du mal être accepté et reconnu, et est donc souvent ignoré.
Bakou, saura-t-il adresser ce sujet, assez contre-intuitif à promouvoir les économies quand on a du pétrole et du gaz ? Le pays saura-t-il enclencher une réflexion qui suppose de bousculer nos modèles de raisonnement actuels et de concevoir de nouveaux modèles économiques en apprenant à donner de valeur à quelque chose que l’on ne consomme pas… et, qui suppose de faire évoluer des logiques de consommations en logiques d’investissements ?
Cela suppose de prendre notamment en compte le rôle des citoyens en tirant les leçons des apprentissages récents. Avec le recul on s’aperçoit ainsi, que la fameuse feuille de route des 3X20 (20% de réduction des émissions de CO2, 20% d’énergies renouvelables et 20% de réduction des consommations) qui a accompagné les réflexions énergético-climatiques pendant la décennie passée était un peu comme jouer le tiercé dans le désordre. Il va falloir rétablir une pensée logique pour la décennie à venir en massifiant les économies d’énergie, et toutes les initiatives et acteurs qui pourront accompagner le mouvement « from well to wheel » selon l’expression consacrée (du puits à la roue) seront les bienvenus. Le champ des possibles s’élargit de jour en jour, impliquant les chercheurs, les entreprises, les institutions et, bien sûr, les citoyens. Ce sont en fait ces derniers qui pourront faire bouger les lignes et jouer leur rôle d’éco-consommateurs et acteurs – « consomm’acteurs » – à part entière, à condition d’être pris en compte à leur juste mesure. Ces derniers, le feront d’autant plus que la bonne maîtrise de leur consommation d’énergie impliquera non seulement une réduction des émissions – permettant à chacun de « faire leur part » – mais aussi, et surtout, dans un contexte géopolitique qui se traduit par une forte volatilité à la hausse des prix de l’énergie, une réduction des consommations et une meilleure maîtrise du budget énergétique, une amélioration du leur confort, et, désormais, en France et en Europe, au moins, une préservation de la « valeur verte » de leurs logements, dont les prix ont commencé à accuser des pertes de 5 à 30% liés aux écarts d’efficacité énergétique mesurés par les DPE de A à G (cette dernière catégorie étant déjà devenue interdite à la vente et à la location dans notre pays).
La course mondiale pour transformer les économies industrielles d’hier, les plus énergivores, en « superpuissances vertes » ou pour permettre aux challengers de relever les défis de l’économie verte du futur, nécessite un impératif simple : décarboner pour réduire au minimum les émissions de CO2. Un objectif simple à énoncer mais qui reste encore très complexe dans sa mise en œuvre.
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La décarbonation, un enjeu environnemental majeur
Cette décarbonation, on l’a compris, commence par une consommation réduite d’énergie. Au-delà de l’efficacité énergétique constitue un socle évident de la révolution climatique, elle n’est qu’une condition nécessaire mais pas suffisante. Le graal de la neutralité carbone passe, en effet, par la construction d’un nouveau paradigme économe en énergie -nouveau paradigme éco-énergétique- qui nécessite d’actionner simultanément 4 leviers.
Le premier de ces leviers est celui de la transition énergétique à proprement parler.
Plus facile à dire qu’à faire puisqu’il s’agit, en même temps, d’une part, (i) de réduire drastiquement la consommation d’énergies fossiles de la plus émettrice (charbon) à la moins émettrice (gaz naturel), de développer, d’autre part, (ii) l’efficacité énergétique (dont on a longuement parlé ci-dessus), en optimisant les mix énergétiques basé sur un accroissement des renouvelables (en incluant, bien sûr, les questions de stockage et de flexibilité) et enfin (iii) de maximiser l’absorption de CO2, soit à la source (CCU et CSC), soit, plus généralement par des puits de carbone naturels (forêts, terres agricoles, mers et océans) qu’il faut aussi préserver et régénérer en déployant de véritables politiques de biodiversité.
Il va être intéressant de voir comment l’ensemble de ces thématiques vont être abordées à Bakou.
Le deuxième levier consiste à prendre en compte et à valoriser les externalités négatives (transformation des déchets en ressources, récupération du CO2 encore insuffisamment présent dans les équations de coût à son juste prix), mais, également les externalités positives, c’est-à-dire celles qui vont contribuer à réparer ce qui a été endommagé.
Là encore, le travail à accomplir est immense… Il s’agit d’abord de réduire le niveau actuel de déchets générés et, de transformer ces déchets produits en ressources. Pour se rendre compte de la mesure de la problématique, il suffit de rappeler, à titre d’exemple, qu’on produit en seuls déchets solides, à l’échelle du monde, de quoi remplir 822.000 piscines olympiques. L’humanité généré, en effet, aujourd’hui près de deux milliards de tonnes de déchets solides par an, de la Chine (avec ses 395 millions de tonnes) aux Etats-Unis (avec ses 265 millions de tonnes). Cela représente une moyenne de 812 kg par résident américain, derrière Monaco, la Moldavie, la Mongolie, le Liechtenstein et le Danemark. En France, la quantité de déchets municipaux produite par habitant s’élève actuellement à 548 kg par an… et si on ne s’attaque pas à ce problème ça va empirer car, selon les prévisions de la banque mondiale, entre 2016 et 2050 la production mondiale de déchets généré sur la Terre sera amené à augmenter à mesure que la population mondiale continue de croitre.
Si on prend l’exemple des déchets plastiques, -issus de l’industrie pétrochimique-, dans le monde, on se rend vite compte qu’il y a, également, urgence à gérer leur production. En à peine deux décennies, cette dernière a doublé, passant de 180 millions à plus de 350 millions de tonnes, selon le rapport Global Plastics Outlook de l’OCDE. À l’échelle mondiale, près du quart de ces déchets (22 %) atterrit dans des décharges à ciel ouvert ou se retrouve dispersé dans la nature. Seulement 9 % sont recyclés, alors que le reste (69 %) est soit incinéré, soit enterré. Aujourd’hui plus d’une centaine de pays interdisent désormais, totalement ou partiellement, les sacs en plastique à usage unique, et nombre d’entre eux interdisent également d’autres objets en plastique jetables (pailles, couverts, bâtonnets mélangeurs, etc.) sachant que ces emballages représentent près de 40 % du poids total des déchets plastiques générés mondialement. En s’accumulant sous forme de continents de plastiques dans nos mers et océans, ces plastiques s’attaquent directement aux écosystèmes et à la capacité d’absorption des puits de carbone naturels que constituent les mers et océans.
Le diagnostic est suffisamment clair pour comprendre qu’il va falloir mettre les bouchées double pour limiter la production de déchets, mais également promouvoir l’économie circulaire, permettant de transformer ces déchets en ressources, d’une part, et « nettoyer », « régénérer » les espaces pollués, d’autre part.
L’économie circulaire et régénérative supposent de développer un nouvel état d’esprit et de faire émerger massivement les compétences requises. Là encore, l’étape Bakou, 1 an avant la COP 30 qui se profile à l’horizon au Brésil saura-t-elle relever le défi d’une réflexion à peine amorcée ?
Le troisième levier consiste à élaborer et opérationnaliser les politiques globales à l’échelle territoriale, en prenant en compte les spécificités en termes de risques et de ressources locales. Il est fondamental de caler les priorités en fonction des problématiques locales spécifiques. Ainsi dans un même pays, un territoire côtier va exiger des investissements différents d’un territoire de montagne, ou d’une zone argileuse qui génère, on le constate, à grande échelle, dans notre pays des risques de RGA (Rétractation-Gonflement des Argiles) qui concernent plus de 10 millions de logements. Bref, les politiques à venir vont devoir intégrer, plus précisément, de nouveaux risques climatiques géolocalisés, et à adresser de façon spécifique. Cela est d’autant plus vrai qu’il va falloir revenir sur les meilleures façons de gérer la dette climatique des pays historiquement développés par rapport à ceux qui ont peu émis. Là encore, il va être intéressant de voir si et comment le débat pourra avancer lors de cette COP à venir, d’autant que la proximité croissante avec son voisin et client européen rendrait pertinent une diplomatie locale ad hoc pour articuler les enjeux d’économie des uns avec les ambitions de vente de fossiles des autres.
Le quatrième levier, enfin, consiste à monter dans le train à grande vitesse des innovations énergie-climat. Depuis quelques années, il ne se passe pas une semaine sans que des innovations techniques, technologiques ou industrielles ne remplissent le pipeline de solutions à déployer dans le futur. Certaines auront vocation à rester anecdotiques, d’autres seront largement mises à l’échelle. Cela implique de pouvoir à la fois suivre les très grandes entreprises leaders dans les activités en lien avec l’économie verte, mais également les start-up, PME et ETI qui sont dans une phase intense d’innovations à forte valeur ajoutée dans la lutte contre le changement climatique, pour certaines fortement aidés par l’IA. Cela signifie de grandes opportunités et de grands changements à venir. Cela ne signifie certainement pas de se positionner dans une logique « techno-solutionniste » mais bien de savoir capter les logiques de changements majeurs à l’œuvre partout dans le monde.
Est-ce que Bakou qui a très bien su capter les innovations requises pour accélérer les avancées de l’industrie pétrolière saura se pole-positionner en matière de lutte contre le changement climatique et d’industrie verte ?
Affaire à suivre avec attention dans les jours, les semaines et années à venir.
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