Edoardo Secchi est un entrepreneur et un analyste économique italo-français, reconnu pour son engagement à renforcer les liens entre l’Italie et la France, notamment dans les domaines économique et culturel. Fondateur du Club Italie-France, une plateforme influente qui promeut le dialogue et la coopération entre ces deux pays, il œuvre à rapprocher les mondes des affaires, de la diplomatie et de la culture. Le Club Italie-France organise régulièrement des événements, des conférences et des rencontres professionnelles visant à favoriser les échanges bilatéraux et à renforcer les collaborations dans divers secteurs stratégiques, notamment l’innovation, l’industrie et les énergies renouvelables.
Dans ce grand entretien exclusif pour Le Diplomate, il revient sur les réalisations du Club Italie-France et l’actualité franco-italienne.
Propos recueillis par Angélique Bouchard
Le Diplomate : Pouvez-vous nous raconter la genèse du Club Italie-France ? Quelle a été votre vision initiale et comment celle-ci a-t-elle évolué au fil des ans ? Et quelles sont vos principales réalisations ?
Edoardo Secchi : Après avoir travaillé pendant plus vingt ans à cheval entre l’Italie et la France, je sentais le besoin de créer une société qui porte ma signature, qui reflète au mieux ma vision, mon expérience et ma double culture. Je voulais créer une sorte « d’ambassade privée », où je pouvais créer et développer des projets impliquant des personnalités d’exception, le tout en totale indépendance et liberté. J’ai donc fondé le Club Italie-France à Paris en 2011 avec l’objectif d’écrire un nouveau chapitre dans les relations entre l’Italie et la France.
Depuis sa naissance, le Club Italie-France s’est développé sur deux fronts : la création de la plateforme www.clubif.com et les activités de relations publiques. Grace à cette approche, pendant que le Club réalisait les différentes activités dans les deux pays, le public pouvait le suivre directement sur notre plateforme et entrer en contact avec nous. C’est ainsi que nous nous sommes développés et atteint deux importants résultats : le premier, c’est d’avoir développé l’une des plus importantes audiences entre les deux pays. Le deuxième concerne la réalisation de 57e rencontres bilatérales Italie-France, 200 interviews, plus des 100 missions entrepreneuriales/économiques réalisés.
Aujourd’hui le Club Italie-France représente le meilleur de ce qu’on peut trouver en termes de personnalités et des projets réalisés entre l’Italie et la France. Je suis fier des résultats atteints jusqu’à aujourd’hui mais encore plus de rendre unique chacune de nos initiatives. Nous sommes convaincus des grands points en commun et du grand potentiel existant entre nos deux pays. Et le Club en est la preuve.
LD : Vous avez un parcours personnel et professionnel atypique. Vous êtes né en Italie mais vous grandi en France. Pourriez-vous nous raconter votre parcours ?
ES : Oui, vous avez parfaitement raison ! J’ai eu un parcours personnel et professionnel atypique pour plusieurs raisons. La première raison vient du fait qu’en tant qu’Italien en France j’ai dû intégrer les codes culturels et l’esprit français. La deuxième, qui a littéralement forgé mon parcours professionnel, vient du fait que j’ai exercé dans divers secteurs industriels et de services, allant de l’automobile à l’aérospatiale, en passant par le secteur du luxe et aux nouvelles technologies. Ce parcours plein d’expériences a été crucial car il m’a permis de comprendre et de maitriser non seulement le secteur dans lequel je travaillais mais aussi la culture entrepreneuriale de chaque entreprise pour laquelle je travaillais. Depuis plus de 30 ans, je continue de vivre et travailler dans ce laboratoire exceptionnel d’idées, de compétences et d’expériences qui m’ont permis de développer plus de mille projets entrepreneuriaux et missions économiques entre l’Italie et la France.
LD : Quels sont, selon vous, les principaux défis que doivent surmonter l’Italie et la France pour renforcer davantage leur coopération économique et culturelle ?
ES : Le traité du Quirinal, voulu par Emmanuel Macron a été une excellente initiative. Il faut toutefois rappeler que sont bien les acteurs économiques et culturels qui apportent la plus importante coopération. L’Italie et la France tournent à 30% de leur capacité et ils pourraient s’accroitre davantage, encore plus que le couple Franco-Allemand. Et pour cela il faut une vision claire des atouts et aussi des limites structurelles de nos deux pays.
LD : En tant qu’entrepreneur et conseiller économique italo-français, comment percevez-vous les différences culturelles et économiques entre les deux pays dans le domaine des affaires ?
ES : Les entrepreneurs ont tous les mêmes caractéristiques psychologiques, le même esprit et ils parlent le même langage. Disons qu’il y a une méthode différente dans la gestion de l’entreprise sur le plan humain. Moi j’ai eu la chance de travailler à côté des plus grands groupes français et américains et plutôt des PME italiennes et donc je peux ainsi résumer, par mon expérience, que l’environnement humain, le secteur d’activité, la taille de l’entreprise et la maîtrise du dirigeant, conditionnent la culture de l’entreprise. Dans les PME italiennes, souvent familiales, le rapport avec la hiérarchie est forcément plus direct par rapport à une multinationale où souvent le PDG n’est presque jamais le propriétaire et j’ajoute, est lui aussi soumis à la volonté des actionnaires.
LD : Le Club Italie-France met un accent particulier sur l’innovation et la technologie. Quels secteurs spécifiques voyez-vous comme les plus prometteurs pour la coopération franco-italienne dans les prochaines années ?
ES : L’industrie comme l’innovation sont fondamentaux pour être compétitifs dans le monde actuel Mais il ne faut pas oublier les secteurs liés à la culture, l’art de vivre, la gastronomie, qui ont un fort pouvoir d’attraction et qui sont représentatifs de notre histoire commune, que d’ailleurs tout le monde nous envie. Il faut donc les préserver et les renforcer davantage.
LD : La géopolitique actuelle, avec ses tensions économiques et énergétiques, impacte-t-elle les relations entre la France et l’Italie ? Comment le Club Italie-France contribue-t-il à faire face à ces défis ?
ES : Le Club Italie-France représente le premier écosystème économique, institutionnel et culturel entre les deux pays. Cela se traduit par une commune volonté de partager non seulement nos idées, nos visions, mais aussi par la réalisation d’importants projets et initiatives. A travers nos différentes rencontres nous analysons l’actualité et nous essayons d’y répondre en apportant nos contributions d’hommes de terrain.
LD : Quels sont les projets ou initiatives futurs du Club Italie-France que vous aimeriez mettre en lumière, en particulier dans le cadre de la relance économique post-COVID ?
ES : Le développement des nouvelles synergies économiques et culturelles sont indispensables pour sortir de la stagnation ambiante, voir un certain pessimisme répandu en Italie comme en France. Dans ce contexte nos avons amplifié nos activités dans les deux pays avec des rencontres entrepreneuriales et/ou culturelles entre les deux pays. Nous organisons régulièrement des délégations françaises en Italie et italiennes en France.
LD : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes générations qui souhaitent poursuivre une carrière indépendante ?
ES : Ceux qui choisissent de travailler seuls sont animés par un sentiment de liberté et d’indépendance. Cependant, cette voie nécessite un état d’esprit et une résilience beaucoup plus forte face aux situations auxquelles vous êtes confrontés dans la vie. Sur la base de mon expérience, je peux certainement recommander de développer, en plus des compétences techniques nécessaires, une attitude ouverte et curieuse, un profond dévouement à ce qui se fait, de la flexibilité, de l’adaptabilité, de l’intelligence sociale et de l’apprentissage continu. Ce sont des facteurs cruciaux pour survivre dans un monde en constante évolution, instable et précaire. Il s’agit d’un parcours d’apprentissage long mais inévitable si vous souhaitez poursuivre avec succès une carrière indépendante.
LD : C’est bien connu, le président français, Emmanuel Macron, et la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, ne s’apprécient guère… Pourquoi et est-ce un frein à de bonnes relations entre la France et l’Italie pourtant si proche ?
ES : L’Italie et la France représentent un vieux couple marié depuis toujours. Il y a des moments de crises, d’énervements, de condescendance, puis à nouveau de rapprochements et l’envie de redémarrer ensemble. Si on regarde les faits, c’est bien Emmanuel Macron qui a voulu le Traité du Quirinal. Et puis j’ajoute, les échanges économiques entre les deux pays s’accroissent depuis 2014 en dépassant les 100 milliards d’euros. Sur le fait l’entente est parfaite, sur le côté politiques, elle est instable…
LD : Justement, comment jugez-vous, après deux années, le bilan de Giorgia Meloni notamment dans les domaines de la sécurité, la crise migratoire, l’Europe ou l’économie (qui semble reprendre son souffle, l’Italie étant devenu récemment le quatrième exportateur mondial) etc… Sa coalition gouvernementale est-elle toujours solide et elle-même est-elle encore populaire notamment dans l’électorat de droite ?
ES : Personnellement, j’ai été un des premiers à critiquer une certaine forme de populisme chez Meloni, qui, au lieu de guider le peuple vers des choix intelligents, peut le suivre sur des idées parfois négatives… Résultat ? Là où le populisme s’est affirmé, soit il crée plus de dégâts économiques, soit il a viré vers la dictature…
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Diplômée de la Business School de La Rochelle (Excelia – Bachelor Communication et Stratégies Digitales) et du CELSA – Sorbonne Université, Angélique Bouchard, 25 ans, est titulaire d’un Master 2 de recherche, spécialisation « Géopolitique des médias ». Elle est journaliste indépendante et travaille pour de nombreux médias. Elle est en charge des grands entretiens pour Le Dialogue.