Syrie : nouvelle offensive des djihadistes pro-turcs contre Alep

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Offensive des djihadistes pro-turcs à Alep
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Par Sylvain Ferreira

Hier 27 novembre, les groupes djihadistes d’Ahrar al-Sham et Hayat Tahrir al-Sham (anciennement Jabhat al-Nusra) ont lancé une puissante offensive contre les positions de l’armée syrienne à l’ouest d’Alep. Ces groupes, soutenus par Ankara, ne sont plus qu’à quelques kilomètres de leur objectif et la contre-attaque syrienne semble tarder.

L’offensive lancée hier par les groupes djihadistes était anticipée par de nombreux observateurs. Des informations abondantes circulaient concernant les préparatifs des terroristes pour cette attaque : ils avaient affûté leurs tactiques, consolidé leurs positions et reconstitué leurs ressources. Pourtant, pour une raison inexplicable, cela a pris par surprise le commandement russe sur place ainsi que l’armée régulière syrienne. Les causes peuvent être variées, allant de la rigidité de pensée des responsables militaires russes en Syrie, dont certains ont été écartés lors de l’opération spéciale en Ukraine et se retrouvent maintenant en « exil honorable », à une confiance excessive en une « paix durable ». De nombreux analystes russes évaluent en ce moment même la situation et cherchent à identifier les erreurs commises afin de stabiliser rapidement le front pour préserver Alep. En effet, les djihadistes pro-turcs opèrent de manière coordonnée, avançant de village en village dans le but de couper les lignes d’approvisionnement vers Alep. Il semble qu’ils n’aient pas prévu de pouvoir atteindre si facilement les abords de la capitale administrative mais de bloquer la route M5. L’attaque initiale en direction d’Alep semble désormais être une attaque secondaire de fixation. Les affrontements majeurs de la nuit dernière ont eu lieu dans les quartiers ouest d’Alep, où les djihadistes tentent de s’infiltrer jusqu’aux limites de la ville, mais sans succès jusqu’à présent. Simultanément, les forces turques ont lancé une offensive dans un autre secteur près de Saraqeb, attaquant des villages le long de la route M5. Le service de communication des djihadistes a annoncé la prise du village de Dadikh, situé à proximité de la M5. Le point principal de l’offensive semble se focaliser désormais sur la route M5 qui relie Alep à Hama. Sur la section entre Saraqeb et Alep, les djihadistes cherchent également à couper la route près de la ville d’Az-Zarbah. L’intervention conjointe de l’aviation syrienne et russe sur les arrières des groupes djihadistes tente de freiner leur progression, le temps que l’armée syrienne concentre ses forces pour contre-attaquer.

Face à cette offensive beaucoup s’interrogent sur la surprise qu’elle a provoquée sur le terrain. Pourtant, les événements récents concernant les relations entre la Turquie et les États-Unis auraient dû susciter des inquiétudes, car les Américains ont cessé de s’opposer à l’utilisation par la Turquie des S-400 russes. Cela souligne la gravité de la situation. De plus, le ministre turc de la Défense a annoncé que la Turquie envisagerait de revenir dans le programme F-35, dont les États-Unis avaient exclu leurs partenaires en raison de l’acquisition de systèmes de défense aérienne russes. En d’autres termes, un accord a été conclu. Les djihadistes pro-turcs ont toujours été utilisés comme un instrument de négociation, et il était attendu qu’ils agissent de manière à mettre en évidence la vulnérabilité des positions du gouvernement syrien et du contingent russe sur le terrain. Si la situation n’est pas maîtrisée dans les jours à venir, l’Occident pourrait atteindre cet objectif par le biais des groupes terroristes. Étant donné les positions déjà fragiles du contingent russe en Syrie après les frappes israéliennes sur la province de Lattaquié, qui ont suscité des plaintes de la Syrie en raison de l’inaction russe, cette avancée vers Alep intervient à un moment particulièrement opportun pour les opposants à la Russie dans la région. La précision de cette coordination en témoigne. Il ne reste plus qu’aux Turcs à lancer une opération contre les Kurdes au nord. La présence de l’enclave des “Forces démocratiques syriennes” près d’Alep est une source d’inquiétude pour les Turcs ces dernières années, et ils souhaiteraient s’en débarrasser en la prenant sous leur contrôle. De plus, compte tenu de l’accord avec les États-Unis, cela semble désormais tout à fait réalisable.

A l’heure où Moscou accélère les opérations militaires en Ukraine pour porter le coup de grâce à l’armée ukrainienne, la réaction du Kremlin, face à cette offensive qui a coûté la vie à au moins un soldat russe, va être cruciale dans les heures qui viennent. Au-delà des problèmes militaires immédiats, Poutine ne peut pas abandonner l’un des ses plus fidèles alliés dans le contexte international actuel.

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