ANALYSE – Coopération russo-sahélienne : Moscou marque des points au Mali, Burkina Faso et Niger

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Influence russe au Sahel
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

La Russie intensifie son engagement en Afrique de l’Ouest. Les 28 et 29 novembre 2024, une délégation russe de premier plan, dirigée par Alexandre Novak, vice-Premier ministre en charge des affaires économiques et énergétiques, a visité successivement le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette tournée stratégique, inédite par son envergure, reflète assurément l’ambition de Moscou de consolider son influence au Sahel, sur fond de réorientations géopolitiques majeures, révèle Igor Delanoë dans sa Newsletter Afrika (bulletin de l’Observatoire franco-russe).

Des discussions économiques et sécuritaires au cœur des échanges

La visite a débuté à Bamako le 28 novembre 2024, où Alexandre Novak, accompagné d’un groupe influent de responsables politiques, militaires et d’affaires, a rencontré les autorités maliennes. La délégation comprenait notamment Iounous-Bek Evkourov, vice-ministre de la Défense, Andreï Averianov, chef du renseignement militaire russe (GRU), et Mikhaïl Bogdanov, envoyé spécial du président russe pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Des représentants d’entreprises russes, dont le géant nucléaire Rosatom, étaient également présents, indiquant une forte composante économique à cette mission.

À Bamako, l’accent a été mis sur la coopération énergétique et économique, mais aussi sur les questions de sécurité. Depuis le retrait des forces françaises, la Russie a renforcé sa présence militaire au Mali, notamment à travers le groupe Wagner, bien que ce dernier semble en déclin depuis les troubles internes de juillet 2024.

Le lendemain, à Ouagadougou, les discussions se sont recentrées sur la formation des forces armées burkinabè et l’installation prochaine d’une mission de défense russe au sein de la nouvelle ambassade. Cette initiative marque un tournant dans les relations entre Moscou et Ouagadougou, alors que le Burkina Faso s’éloigne de ses anciens partenaires occidentaux.

Le Niger, un maillon clef pour la Russie

La visite s’est poursuivie au Niger, où la délégation a atterri à Niamey, quelques heures après l’arrivée d’un avion militaire russe An-124 transportant des munitions pour les forces nigériennes. Ce geste fort témoigne de l’engagement croissant de Moscou auprès du gouvernement nigérien, qui cherche à diversifier ses alliances après avoir mis fin à sa coopération militaire avec la France.

Selon des sources proches des négociations, les discussions à Niamey ont porté sur des projets d’infrastructure énergétique et la sécurisation des corridors de transport. Alexandre Novak, qui effectuait sa première visite dans ces trois pays, aurait souligné l’importance d’une coopération mutuellement bénéfique entre la Russie et les États du Sahel.

Un volet militaire qui redéfinit la présence russe

La présence de figures telles que Iounous-Bek Evkourov et Andreï Averianov dans la délégation confirme l’objectif sécuritaire de cette tournée. Evkourov, qui venait de visiter la Syrie et la Libye, a multiplié les déplacements en Afrique, témoignant d’une offensive diplomatique et militaire sans précédent. Selon des analystes, le vice-ministre de la Défense travaille à la mise en place d’une alternative au groupe Wagner dans la région, avec le déploiement du Corps africain du ministère russe de la Défense.

L’engagement militaire russe pourrait également s’intensifier au Niger, à en croire la présence du chef du GRU, Andreï Averianov. « La Russie semble vouloir formaliser et élargir ses accords de défense au Sahel, dans un contexte où les besoins sécuritaires sont criants », estime un expert en géopolitique de l’Université de Moscou.

Une réorientation des alliances en Afrique

Cette tournée, qualifiée de “visite la plus importante d’officiels russes au Sahel depuis des années”, pourrait marquer un tournant dans les relations entre la Russie et l’Afrique de l’Ouest. Elle intervient alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, réunis sous un axe de coopération, affichent une volonté commune de s’émanciper de l’influence occidentale.

Outre les enjeux militaires, la dimension économique de la visite est tout aussi cruciale. La Russie ambitionne de devenir un partenaire stratégique dans des secteurs clés comme l’énergie, l’exploitation minière et la formation des forces locales. « La Russie saisit une opportunité unique dans une région en quête de nouveaux alliés », analyse une source diplomatique africaine.

Alors que la tournée se poursuit vers le Togo et la Guinée équatoriale, cette offensive russe dans le Sahel pourrait remodeler durablement les équilibres géopolitiques en Afrique, au moment où l’Occident perd de son influence dans cette région stratégique

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