Par Olivier d’Auzon
La France amorce une étape décisive dans son retrait militaire du Sahel. Le 10 décembre 2024, deux avions de chasse Mirage ont quitté la capitale tchadienne, N’Djamena, pour regagner une base en France, marquant symboliquement le début de la fin de la présence militaire française dans ce pays clé de l’Afrique centrale.
« C’est le lancement du processus de retour des équipements français stationnés au Tchad », a déclaré le colonel Guillaume Vernet, porte-parole de l’armée française.
Une coopération historique qui s’effrite
Ce départ intervient deux semaines après l’annonce choc du gouvernement tchadien de mettre fin à une coopération militaire qui a duré des décennies.
Si le Tchad souhaite préserver des relations constructives avec Paris dans d’autres domaines, son ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a insisté sur la nécessité de réévaluer ce partenariat stratégique. Jusqu’à présent, environ 1 000 soldats français étaient déployés au Tchad, un bastion pour les opérations anti-terroristes dans la région.
En parallèle, le Sénégal s’est également ajouté à la liste des pays réclamant le départ des troupes françaises. Le président Bassirou Diomaye Faye a déclaré que leur présence n’était plus compatible avec la souveraineté nationale de son pays.
Le Sahel en pleine recomposition géopolitique
Le retrait français du Tchad est l’illustration d’un bouleversement majeur dans les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines. Depuis 2020, le Sahel a été marqué par une succession de coups d’État, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, où les nouvelles juntes militaires affichent une défiance croissante envers Paris.
Cette montée du « French bashing » et de l’anti-macronisme, alimentée par des accusations d’ingérence et des frustrations populaires, a conduit à l’expulsion des forces françaises et des diplomates de plusieurs pays de la région. La France a déjà plié bagage au Burkina Faso, au Mali et, plus récemment, au Niger, où un coup d’État a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023.
Mahamat Idriss Déby Itno a renforcé ses liens avec des partenaires comme les Émirats arabes unis et la Russie
Dans ce contexte, le Tchad, longtemps considéré comme l’allié le plus solide de l’Occident dans le Sahel, explore désormais de nouvelles alliances.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2021, Mahamat Idriss Déby Itno a renforcé ses liens avec des partenaires comme les Émirats arabes unis et la Russie, marquant un tournant dans la politique étrangère du pays.
Le départ des forces françaises met fin à des décennies de présence militaire dans la région, où Paris a longtemps mené des opérations directes contre les groupes islamistes armés.
Un calendrier détaillé pour le retrait complet des troupes et des équipements est en cours de finalisation entre N’Djamena et Paris. Ce désengagement marque non seulement la fin d’une époque, mais ouvre aussi une nouvelle ère d’incertitudes pour l’avenir de la lutte contre le terrorisme dans cette région stratégique.
En quittant le Tchad, la France perd son dernier bastion dans une région où elle a longtemps été un acteur incontournable. Mais ce retrait souligne aussi une réalité plus vaste : l’Afrique redéfinit ses alliances, et Paris devra se réinventer pour maintenir une influence dans un continent en pleine mutation.
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