Par Olivier d’Auzon
Dans un article publié dans les colonnes de Asia Times, Basil Germond, professeur de sécurité internationale à l’Université de Lancaster, analyse les implications géopolitiques de la perte de la base navale Russe de Tartous en Syrie pour la Russie.
La perte de la base navale de Tartous, le seul avant-poste outre-mer de la Russie, remet assurément en cause ses ambitions militaires et diplomatiques en Méditerranée.
Tartous : un atout stratégique perdu ?
Depuis 2013, la Russie utilise la base navale de Tartous pour ravitailler et entretenir ses navires de guerre dans la région. Pour Basil Germond, cette base constitue un élément central de la stratégie de Moscou pour maintenir une présence militaire face à l’influence de l’OTAN en Méditerranée.
Or pour le Kremlin, les chances de négocier un accord avec un éventuel nouveau gouvernement syrien sont extrêmement minces ; autant dire que la base militaire de Tartous est bel et bien perdue.
Une quête historique vers les « eaux chaudes »
Basil Germond rappelle que depuis la création de la marine impériale russe par Pierre le Grand en 1696, Moscou a cherché à accéder à des ports en eaux chaudes pour contourner les contraintes géographiques. Tartous représentait pour la Russie une solution stratégique excellente, offrant un accès direct aux routes maritimes mondiales et une opportunité de défier la suprématie navale occidentale.
Conséquences géopolitiques majeures
La perte de la base navale de Tartous Russie serait par voie de conséquences :
- La réduction de la capacité navale en Méditerranée : Privée de cette base, la Russie devra soit dépendre de ports temporaires, soit rapatrier ses navires vers des ports éloignés comme Sébastopol ou Novorossiïsk ou encore établir de nouvelles bases navales soit en Algérie, au Soudan ou encore en Libye (le port Tobrouk fut déjà évoqué dans d’anciennes négociations toujours en cours et devenues dès lors plus que jamais d’actualité). La fermeture des détroits turcs aux navires de guerre russes, décidée en vertu de la Convention de Montreux après l’invasion de l’Ukraine, aggraverait cette situation.
- L’affaiblissement au Moyen-Orient : La base de Tartous permet à la Russie de soutenir ses opérations terrestres dans la région. Sa perte affaiblirait la capacité de Moscou à influencer les dynamiques géopolitiques locales.
- Impact sur la crédibilité russe : Symboliquement, perdre Tartous minerait encore davantage l’image de la Russie en tant que puissance mondiale. Selon Germond, cette situation s’ajouterait aux revers déjà subis par la flotte russe de la mer Noire pendant le conflit en Ukraine.
Des enjeux logistiques et commerciaux
La marine russe joue également un rôle essentiel dans la protection des routes maritimes et des navires sous pavillon russe. Basil Germond souligne que les sanctions occidentales limitent déjà les opérations commerciales de la Russie, rendant le maintien de sa flotte marchande encore plus crucial. La perte de Tartous fragilise davantage cette chaîne logistique.
Un tournant critique pour Moscou
La capacité de la Russie à s’adapter à cette nouvelle donne sera déterminante pour maintenir sa présence en Méditerranée et préserver son rôle de puissance mondiale dans un contexte international de plus en plus complexe.
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