Trahisons, Sanctions et Renaissance : L’Incroyable Destin de Niels Troost

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Niels Troost
Montage Le Lab Le Diplo

Par Patrick Lancier

Le Financial Times publie, ce 14 décembre 2024, l’affaire qui avait été révélée le 8 mars 2024 par Le Diplomate.

Contre la raison et le Droit, l’Union Européenne s’apprête à inclure Niels Troost au nombre des personnalités sanctionnées par le 15eme train de sanctions, la

Lloyds ayant faussement rapporté qu’un navire appartenant à l’homme d’affaire aurait convoyé du pétrole russe après les sanctions. Or, il n’en est rien, le “Livna”, vaisseau incriminé, a été vendu par Troost en 2018 et la sanction envisagée repose sur une erreur manifeste.

En février 2022, le monde entier assiste, incrédule, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Parmi les nombreux acteurs économiques pris dans la tourmente, Niels Troost, négociant en pétrole russe et président-directeur général de Paramount Energy & Commodities SA, voit sa carrière basculer. Cet homme, établi à Genève et reconnu pour ses relations solides dans l’industrie pétrolière, devient malgré lui la victime des bouleversements géopolitiques et des manipulations habiles d’un escroc.

Une entreprise prospère mise à l’épreuve

Depuis près de trente ans, Niels Troost bâtit une entreprise rentable et circonscrite, axée sur le commerce de pétrole russe. Avec une équipe restreinte de dix-sept personnes, Paramount repose entièrement sur ses relations personnelles. Cependant, l’invasion russe déclenche une avalanche de sanctions économiques. Tandis que des entreprises plus importantes, comme Trafigura, se retirent du commerce du pétrole russe, Troost choisit de poursuivre ses activités pour honorer ses contrats avec ses clients chinois, tout en demeurant conforme aux règles internationales, se désengageant progressivement de toutes entreprises négociant le pétrole russe avant les sanctions. Il cède ainsi, à prix coûtant, sa participation dans le terminal pétrolier « Ruby » en Turquie et, à vil prix, sa participation dans Paramount Energy & Commodities à Dubaï.

Une manipulation orchestrée

Srivastava, surnommé « G » ou « chairman G », promet à Troost un accès privilégié aux autorités américaines, incluant une licence spéciale de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), véritable « sésame » du commerce international, permettant de poursuivre légalement ses activités en dollars. En échange, Troost accepte de céder cinquante pour cent de Paramount pour le montant symbolique de cinquante mille dollars. L’apparente aisance de Srivastava à naviguer dans les cercles de pouvoir, de la CIA au gouvernement américain, séduit Troost, qui ignore les signaux d’alarme.

L’effondrement

Lorsque la vérité éclate grâce à l’enquête d’une collaboratrice de Troost, Susanne, assistée du détective Jonas Rey, il est déjà trop tard. Les sanctions internationales s’intensifient et Paramount se trouve mécaniquement exposée à suspendre ses activités. En mai 2023, Troost tente de rompre son partenariat avec Srivastava, mais ce dernier réagit par des diffamations ciblées en direction de journalistes en vue, à l’instar de Tom Wilson du Financial Times, qui publiera une dizaine d’articles à charge contre Niels Troost avant de l’entendre enfin et de rendre aussitôt témoignage à la vérité, le 14 décembre 2024, dans le Financial Times.

Seule une poignée de médias, au nombre desquels Le Diplomate, Transitions et Énergies, Citizenkane, avaient déjà révélé l’affaire au public. Des tentatives d’intimidation aux chantages impliquant des vidéos compromettantes, jusqu’aux calomnies proférées contre l’épouse de Troost et ses enfants, « G » ne semble connaître aucune limite pour dénigrer l’homme d’affaires.

En novembre 2023, le mal est fait, Troost est officiellement sanctionné par le Royaume-Uni, désinformé par un ancien diplomate et accusé de faciliter le commerce du pétrole russe en contournant les restrictions internationales. Son entreprise est mise en liquidation, ses comptes gelés, et sa réputation brisée. Pire encore, les sanctions affectent directement sa famille : son fils est exclu de son université britannique, les paiements étant jugés non conformes aux règles bancaires, un comble de mauvaise foi.

La leçon tragique et le règne de l’hypocrisie

Le cas de Niels Troost met en lumière les dangers auxquels font face les acteurs économiques dans un monde instable. Pris entre les tensions géopolitiques, des régulations complexes et des manipulateurs opportunistes, Troost incarne une tragédie moderne. Son histoire soulève des questions essentielles sur les impacts des sanctions, la transparence dans les affaires et la vulnérabilité humaine face à la manipulation.

En réalité, les sanctions contre Troost relèvent de l’aveuglement et de l’hypocrisie : le pétrole russe, en effet, se négocie quotidiennement, mondialement, au vu et au su de tous acteurs petits ou grands, via les raffineries cosaques notamment, une fois affiné en « Jet A1 » pour les aéronefs et en « EN590 » pour le diesel, sans lesquels trente pour cent du transport aérien et par voie terrestre seraient gelés en Europe.

Ainsi, le prononcé de sanctions aveugles contre des acteurs du commerce des hydrocarbures s’est non seulement révélé parfaitement inefficace contre l’économie russe mais affecte, en réalité, l’économie et la sécurité de l’Europe : l’espace laissé libre par Niels Troost, entre autres victimes des sanctions, est aussitôt rempli par les écuyers du terrorisme islamiste au nombre desquels le Hezbollah, AQMI et désormais le nouveau maître de Damas, le HTS (Hayat Tahrir al-Cham) de Jolani. Il ne fait aucun doute que les circuits de financement des massacres du 7 octobre auraient été immédiatement tracés par les services de renseignements occidentaux si les sanctions d’Ursula von der Leyen n’avaient abouti à effacer les traces et offrir le marché de l’or noir en tribut aux financiers invisibles de la terreur.

Briser les blocus et assurer la sécurité alimentaire

Au cœur des bouleversements de 2022, Niels Troost a démontré une résilience logistique remarquable en abandonnant le marché du transport des hydrocarbures pour celui des céréales ukrainiennes, essentielles pour la sécurité alimentaire mondiale. Odessa, ville portuaire stratégique de l’Ukraine, a été confrontée à des défis logistiques et sécuritaires sévères en raison du conflit.

Le blocus des ports ukrainiens avait entraîné une crise alimentaire majeure, affectant des millions de personnes dans le monde, notamment dans les régions fortement dépendantes des céréales ukrainiennes. Troost, mettant son expérience logistique au service de la sécurité alimentaire, a organisé les premiers convois de navires pour transporter les céréales depuis les ports ukrainiens assiégés. Cette opération complexe nécessitait une planification minutieuse, des négociations avec de multiples parties prenantes et le respect de protocoles de sécurité stricts. Le succès de cette mission témoigne du leadership, de la prévoyance et de l’engagement humanitaire de Troost qui a recueilli les plus vifs remerciements du Parlement ukrainien.

L’impact économique de la crise alimentaire

La crise alimentaire exacerbée par le conflit en Ukraine a eu des répercussions économiques significatives à l’échelle mondiale. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’interruption des exportations de céréales ukrainiennes a contribué à une augmentation de vingt pour cent des prix mondiaux des céréales en 2022. Cette hausse des prix a eu des conséquences désastreuses pour les pays en développement, où une grande partie de la population consacre déjà une part importante de ses revenus à l’alimentation.

Les efforts de Niels Troost pour transporter les céréales ukrainiennes ont permis de stabiliser les marchés alimentaires mondiaux, réduisant ainsi la pression sur les prix et aidant à prévenir une crise alimentaire encore plus grave. Ses actions ont été cruciales pour éviter des pénuries alimentaires massives et des famines dans certaines des régions les plus vulnérables du monde en investissant dans les infrastructures capables de contribuer à la sécurité alimentaire : Troost a investi dans la construction de silos à grains dans le port d’Izmail en Ukraine. Ces infrastructures visent à améliorer le stockage et la distribution des céréales, renforçant ainsi la capacité de l’Ukraine à exporter ses produits agricoles malgré les perturbations causées par le conflit. Cette initiative a également créé des emplois et apporté des devises étrangères dans la région, soutenant l’économie locale.

Ventures en Afrique

Au-delà de son implication dans le transport des céréales ukrainiennes, Troost a appliqué ses efforts en Afrique, notamment en Angola. Troost y a établi un partenariat avec le Carrinho Group pour construire une usine de transformation alimentaire. Cette usine est dédiée à la production de divers produits alimentaires, notamment des huiles végétales, des farines et des céréales transformées. Le projet vise à renforcer l’industrie agroalimentaire locale, à promouvoir la sécurité alimentaire et à créer des milliers d’emplois. Ses investissements dans la région visent à renforcer les économies locales grâce au développement des infrastructures et à des pratiques commerciales durables. Ces investissements en Angola et dans d’autres régions d’Afrique se concentrent sur l’amélioration des infrastructures logistiques, permettant une meilleure intégration des marchés locaux dans l’économie mondiale.

À lire aussi : Trahison Or Noir : Opération fictive de la CIA sur le commerce du Pétrole


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