Par David Saforcada
Du plus loin que je m’en souvienne, Hafez el-Assad puis son fils Bachar n’ont été des amis de la France, nos armées au Liban et nos rues en ont fait les frais … Je pourrais donc me réjouir de la chute du régime de Damas, je pourrais me réjouir de la liberté retrouvée du peuple syrien mais non je n’y arrive pas.
Comment y arriver lorsque, comme le titre avec sérieux Le Parisien, “Un radical pragmatique” prend le pouvoir. Nous avons tous vu ce que les radicaux pragmatiques Talibans ont fait de l’Afghanistan … Abou Mohammad al-Jolani, le nouvel homme fort de Damas est passé par toutes les cases de Abou Moussab al-Zarqawi à Ayman al-Zawahiri avant de rompre avec al-Qaïda pour s’acheter une “virginité” et tenter de passer pour un gentil résistant. On pourrait presque y croire … Combien de temps avant que son organisation ne déborde sur le Liban, sur la Jordanie et ne mène des actions contre Israël ? Juste le temps de recevoir la bénédiction d’un occident aveugle.
En Iran, le Shah est tombé, le Monde s’est réjoui. On a eu, et on a toujours, l’Iran des Mollahs. En Irak, Saddam Hussein est tombé. Le Monde s’est réjoui. On a eu Daech. En Afghanistan, Ashraf Ghani est tombé. Le Monde s’est réjoui. On a eu, et on a toujours, la charia des Talibans. En Syrie, Bachar Al-Assad est tombé. Le Monde se réjouit. Qu’aura-t-on ? Personnellement, j’ai déjà ma petite idée.
Les dirigeants occidentaux sont-ils condamnés à ne jamais retenir leurs erreurs ? On peut en douter lorsqu’on lit les propos de Jean-Noël Barrot « La chute du régime d’Assad est une bonne nouvelle pour la liberté et pour le peuple syrien, qui doit désormais prendre son destin en main. »
Les Israéliens ont eux réagi avec rapidité, en bombardant certains dépôts de munitions et d’armements syriens afin qu’ils ne tombent pas entre de mauvaises mains mais aussi et surtout en prenant le mont Hermon en Syrie même mettant ainsi Damas à 40km de l’artillerie israélienne et surtout en permettant à l’état hébreu de disposer d’une véritable couverture au nord du pays en pouvant détecter toutes intrusions aériennes et en interceptant les communications de ses ennemis.
Concernant la France, celle-ci doit se préparer rapidement à apporter son aide au Liban afin que ce pays retrouve la stabilité et la probité politiques, ainsi qu’une armée digne de ce nom, capable de faire face à son voisin. La France doit aussi montrer à la Turquie qu’elle n’est pas maître du jeu au Levant et que notre pays ne laissera plus la stratégie frériste se développer. La France doit aussi apporter un soutien clair aux combattants kurdes, aux minorités et au syriens opposés aux islamistes. Notre pays ne doit pas non plus prendre à la légère la libération de nombreux prisonniers djihadistes français qui se trouvaient dans les geôles d’Assad qui vont rejoindre les combattants de Hayat Tahrir al-Sham et donc potentiellement être en mesure de rentrer en France afin de prendre la relève des tueurs du Bataclan ou de Charlie …
L’affaiblissement de l’Iran et de son proxy Hezbollah qui n’avait sûrement mesuré l’impact de la riposte d’Israël à l’attaque du 7 octobre, la non intervention de la Russie engluée dans la guerre ukrainienne, doivent profiter à la France qui en s’appuyant sur des partenaires comme la Grèce et l’Égypte doit relancer sa politique de la Méditerranée et son positionnement au Levant. Comme je l’écrivais déjà il y a quelques semaines, la France et cette région ont une histoire commune multiséculaire prenant racine dans les Croisades, dans les différentes alliances ou interventions de François Ier à Napoléon III pour se continuer à la chute de l’empire ottoman. Cette histoire nous oblige.
La France, dans cette région et sans pour autant être à la roue des États-Unis de Trump, doit aussi soutenir les accords d’Abraham tout en défendant l’idée d’une Jérusalem ville internationale et neutre devenant le siège des Nations Unies.
Les opinions exprimées ici n’engagent que leur auteur
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David Saforcada, est un ancien militaire des Troupes de Marine, formateur dans les métiers de la sécurité privée et membre de plusieurs associations souverainistes et patriotes. Il est actuellement Secrétaire général du Centre d’Études et de Recherches sur le Bonapartisme et Président du mouvement, L’Appel au Peuple.