Par Olivier d’Auzon
Depuis février 2024, la Mauritanie préside l’Union africaine (UA) dans un contexte marqué par des tensions régionales majeures. Ce choix, favorisé par la neutralité de Nouakchott et l’impasse des autres candidats nord-africains, incarne l’espoir d’une médiation efficace face aux crises au Sahel, en Libye ou encore dans les Grands Lacs. Le président Mohamed Ould Ghazouani mène des initiatives diplomatiques, comme en Libye et sur la scène internationale, notamment au sommet des BRICS et au G20. Malgré des attentes élevées, la Mauritanie s’efforce d’assumer un rôle stratégique pour promouvoir les intérêts africains, commente Guy-Alexandre Le Roux dans la Revue Conflits.
Depuis février 2024, la Mauritanie occupe la présidence tournante de l’Union africaine (UA), un rôle stratégique au cœur d’un continent traversé par de multiples crises. Ce mandat, assumé pour la deuxième fois par Nouakchott, reflète les attentes élevées des membres de l’UA, qui espèrent voir le pays incarner un médiateur neutre et promouvoir les intérêts africains sur la scène internationale.
Une désignation dans un Maghreb divisé
La nomination de la Mauritanie résulte de tractations complexes au sein du bloc nord-africain. L’Algérie et le Maroc, empêtrés dans une rivalité historique, ont vu leurs candidatures mutuellement invalidées. La Tunisie, affaiblie par des controverses diplomatiques, et la Libye, toujours en proie à une instabilité chronique, ont été écartées. Quant à l’Égypte, qui avait assumé la présidence en 2019, elle ne s’est pas positionnée cette fois-ci.
Selon Guy-Alexandre Le Roux, analyste pour La Revue Conflits, la neutralité de la Mauritanie et l’absence de rivalités régionales majeures ont facilité son choix. Le président Mohamed Ould Ghazouani, perçu comme un dirigeant pragmatique et équilibré, « incarne un interlocuteur crédible dans une région marquée par des antagonismes persistants ».
Une présidence sous tension
L’accession de la Mauritanie intervient à un moment critique pour l’Afrique. En Afrique de l’Ouest, les tensions autour du retrait de trois régimes militaires (Mali, Niger et Burkina Faso) de la CEDEAO divisent la région. Dans les Grands Lacs, les conflits entre le Rwanda et la République démocratique du Congo exacerbent les instabilités. Parallèlement, au Soudan, la guerre civile s’enlise, aggravant les crises humanitaires.
Ces défis posent la question de solutions endogènes. « Ces conflits illustrent l’urgence de trouver des solutions africaines à des problèmes africains », rappelle un rapport de l’International Crisis Group.
Une diplomatie active pour relever le défi
Depuis le début de son mandat, Mohamed Ould Ghazouani a multiplié les initiatives. En Libye, où les divisions politiques et militaires paralysent le pays, il a conduit une délégation de l’UA pour soutenir une charte de réconciliation nationale, visant à organiser des élections et unifier les institutions. Une mission à Benghazi, dans l’est libyen, est également en préparation, selon des sources diplomatiques.
Sur la scène internationale, la Mauritanie s’affirme comme une voix forte pour l’Afrique. Lors du sommet des BRICS en octobre 2024 à Kazan, Nouakchott a plaidé pour des mécanismes de financement des infrastructures africaines, une démarche saluée par plusieurs pays du Sud global. Au sommet arabo-islamique de Riyad, en novembre, Ghazouani a appelé à une réponse collective face aux crises régionales, témoignant de l’ambition de l’Afrique de jouer un rôle plus influent dans les grandes négociations internationales.
Une tâche ambitieuse et délicate
Selon Guy-Alexandre Le Roux, la présidence mauritanienne cherche également à consolider la position de l’Afrique dans des forums stratégiques comme le G20, où l’UA a récemment été admise. Parmi les priorités figurent le développement numérique, la gestion des dettes et le renforcement des infrastructures sanitaires. Toutefois, comme le souligne une analyse de la Banque africaine de développement, « l’Afrique ne représente que 4 % du PIB mondial, ce qui limite son influence dans les débats internationaux ».
Pour relever ce défi, la Mauritanie devra préserver sa neutralité tout en adoptant une diplomatie proactive et inclusive. « La Mauritanie a tout à prouver, mais elle part avec un capital de confiance inédit », conclut un expert cité par Le Monde Afrique.
Alors que les attentes sont élevées, le mandat mauritanien à la tête de l’UA apparaît comme une opportunité unique de démontrer sa capacité à influencer des décisions cruciales pour l’avenir du continent.
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