ANALYSE – Gaza : Une trêve sans vainqueurs ni vaincus, le nœud non résolu du Moyen-Orient

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Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie). Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R.

La trêve en cours de négociation dans la bande de Gaza ne laisse place à aucune illusion : il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. Israël n’a pas atteint son objectif déclaré d’éliminer militairement le Hamas, et le mouvement palestinien a résisté, en payant un prix exorbitant, sans pour autant obtenir une victoire décisive. C’est un équilibre instable, reflet davantage de l’échec des stratégies militaires et politiques que d’un réel progrès vers la paix.

Israël : un objectif manqué ?

L’objectif de Tel Aviv était clair dès le départ : anéantir le Hamas, non seulement en tant que force militaire mais également comme entité politique. Une ambition non nouvelle, maintes fois annoncée par le passé, mais jamais réalisée. Malgré des mois d’opérations, Israël n’a pas réussi à démanteler la structure organisationnelle du Hamas, qui continue à fonctionner, démontrant une résilience surprenante.

Le Hamas a subi des pertes énormes : des milliers de combattants et tous les anciens et principaux cadres tués et une destruction sans précédent dans la bande de Gaza. Pourtant, selon des sources israéliennes, le mouvement conserve une capacité opérationnelle significative. Il y a seulement quelques jours, les Forces de défense israéliennes (IDF) ont affirmé avoir frappé plus de cinquante objectifs. Cela confirme que la menace du Hamas est loin d’être éradiquée, mettant en lumière l’échec de l’opération militaire israélienne.

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Hamas : la « résistance » comme victoire ?

Pour le Hamas, survivre à l’assaut israélien constitue déjà une forme de victoire. Après l’attaque dévastatrice du 7 octobre et les opérations israéliennes qui ont suivi, le mouvement s’est réorganisé, recrutant des milliers de nouveaux combattants au sein d’une population exaspérée par les destructions. Ce fait souligne que, bien qu’affaibli comme jamais mais loin d’être éliminée totalement, la structure du Hamas reste profondément ancrée dans la société palestinienne.

Si la « résistance » à Gaza a montré sa ténacité, l’avenir reste cependant incertain. Israël n’acceptera jamais une trêve laissant le Hamas au pouvoir, et les conditions pour une stabilisation à long terme semblent encore lointaines.

Le rôle de l’Iran et des proxys régionaux

Sur le plan géopolitique, la question s’élargit au rôle de l’Iran et de son système d’alliances régionales. Malgré les coups durs subis par le Hamas et le Hezbollah, le réseau de proxys iraniens n’a pas été démantelé. Le Hezbollah continue d’opérer au Liban, tandis que les Houthis au Yémen revendiquent des succès géopolitiques importants, comme la menace sur le trafic maritime en mer Rouge.

L’élimination de plusieurs dirigeants du Hamas et du Hezbollah, bien qu’ayant un fort impact symbolique, n’a pas changé la dynamique du conflit. Ces mouvements sont préparés à gérer des remplacements internes et à maintenir le contrôle de leurs bases opérationnelles.

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La pression internationale : les États-Unis et l’Égypte en action

La trêve, si elle est obtenue, sera le fruit des pressions conjointes des États-Unis et de l’Égypte. L’administration Biden a beaucoup investi dans le processus, mais l’impulsion décisive pourrait venir du retour de Donald Trump, qui promet d’aborder les conflits mondiaux avec une approche pragmatique. Trump, ami de Netanyahu, pourrait jouer un rôle déterminant, équilibrant son inclination pour Israël avec la nécessité de stabiliser la région.

L’Égypte, pour sa part, a été un médiateur clé, insistant sur le retrait israélien du corridor de Philadelphie, à la frontière avec le Sinaï. Ce secteur est stratégique pour le contrôle de la contrebande, mais sa présence militaire israélienne est perçue comme une violation de la souveraineté égyptienne.

Une guerre inutile ?

Après plus d’un an de conflit, la question fondamentale demeure : à quoi a servi cette guerre ? Si un Hamas, bien que moribond, reste fermement au pouvoir et que les tensions dans la région persistent, le risque est que ce conflit n’ait été qu’une accumulation inutile de destruction et de souffrance.

La trêve actuelle représente une pause, pas une solution. Gaza reste un nœud non résolu du Moyen-Orient, le symbole d’un équilibre impossible entre la sécurité d’Israël et les aspirations palestiniennes. Mais peut-être, comme le suggère le possible retour de Trump, est-il temps d’imaginer une nouvelle voie, où une ferme mais intelligente diplomatie prendra enfin la place des armes.

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