Par Giuseppe Gagliano, Président du Centro Studi Strategici Carlo De Cristoforis (Côme, Italie). Membre du comité des conseillers scientifiques internationaux du CF2R.
La révélation récente du Pentagone concernant l’augmentation discrète de la présence militaire américaine en Syrie et en Irak reflète une réévaluation stratégique majeure. Officiellement, les troupes en Syrie passent de 900 à plus de 2 000, avec des renforts similaires en Irak. Ce changement n’est pas une erreur administrative mais une réponse calculée à des préoccupations militaires et géopolitiques croissantes.
Les États-Unis entendent maintenir leur influence stratégique et contrer les menaces émergentes, malgré un contexte de concurrence féroce dans la région.
La Syrie occupe une place stratégique unique en tant que point de convergence pour les acteurs globaux et régionaux. La présence américaine, concentrée dans le nord-est et soutenue par les Forces démocratiques syriennes (FDS), permet de contrôler des territoires et des ressources clés, notamment des gisements pétroliers et des infrastructures logistiques critiques. Ce positionnement offre à Washington une double opportunité : contenir les résidus de l’État islamique tout en contrant les influences de la Russie, de l’Iran et du régime syrien.
L’augmentation des troupes américaines correspond également à une montée des attaques contre leurs bases, notamment par des drones et des missiles. Si le Pentagone invoque la protection des forces sur place et la stabilisation des alliés, cette justification masque une nécessité plus large de maintenir un pied ferme dans un environnement régional en mutation rapide.
L’Irak : Un équilibre fragile
En Irak, l’envoi de nouveaux « facilitateurs » poursuit deux objectifs principaux. Officiellement, il s’agit de renforcer la protection des forces américaines face aux menaces croissantes. Officieusement, cela répond à la volonté de préserver l’influence américaine dans un contexte où l’Iran accroît son emprise sur les institutions politiques et militaires irakiennes.
Cette présence permet à Washington de maintenir une influence stratégique au sein de l’appareil de sécurité irakien et de contrer les milices soutenues par Téhéran, dont l’activisme va à l’encontre des intérêts américains. Par ailleurs, l’Irak demeure un pivot logistique essentiel pour les opérations militaires en Syrie.
Implications stratégiques
L’expansion de la présence militaire américaine reflète une stratégie nuancée :
1. Lutte contre l’État islamique : Bien que le califat ait été démantelé territorialement, des cellules dormantes subsistent et continuent de poser une menace. Maintenir une capacité opérationnelle est crucial pour prévenir une résurgence.
2. Contrôle des dynamiques régionales : La présence américaine perturbe les corridors d’influence adverses, en particulier le pont terrestre que l’Iran utilise pour connecter Téhéran à la Méditerranée.
3. Renforcement des alliances locales : Le soutien continu aux FDS et aux forces irakiennes renforce leurs capacités, réduisant la nécessité d’interventions directes des États-Unis tout en dissuadant les agressions d’acteurs étatiques ou non étatiques.
Un message géopolitique clair
Cette expansion, survenant à la veille d’un potentiel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ajoute une dimension politique. Bien que Trump ait précédemment prôné le retrait des forces américaines, cette évolution signale que l’administration actuelle cherche à ancrer des positions stratégiques avant tout changement éventuel de leadership.
En substance, la présence militaire renforcée des États-Unis en Syrie et en Irak n’est pas seulement une question de chiffres : c’est une déclaration d’intention stratégique. Washington veut affirmer qu’elle ne cédera pas du terrain dans une région où l’absence de supervision américaine pourrait rapidement être exploitée par des rivaux tels que l’Iran, la Russie ou même un État islamique renaissant.
En fin de compte, cet ajustement militaire montre que les États-Unis restent déterminés à conserver leur rôle dans un Moyen-Orient où chaque acteur, allié ou adversaire, est engagé dans une lutte constante pour l’influence et le pouvoir.
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Giuseppe Gagliano a fondé en 2011 le réseau international Cestudec (Centre d’études stratégiques Carlo de Cristoforis), basé à Côme (Italie), dans le but d’étudier, dans une perspective réaliste, les dynamiques conflictuelles des relations internationales. Ce réseau met l’accent sur la dimension de l’intelligence et de la géopolitique, en s’inspirant des réflexions de Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’École de Guerre Économique (EGE)
Il collabore avec le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) (Lien),https://cf2r.org/le-cf2r/gouvernance-du-cf2r/
avec l’Université de Calabre dans le cadre du Master en Intelligence, et avec l’Iassp de Milan (Lien).https://www.iassp.org/team_master/giuseppe-gagliano/
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