Par Jean Daspry, pseudonyme d’un haut fonctionnaire, Docteur en sciences politiques
« Le courage est le juste milieu entre la peur et l’audace » (Aristote). Cette maxime n’a pas pris la moindre ride. Alors que le désordre mondial s’étend, il ait des combats, plus difficiles que d’autres à mener, qui nécessitent une sacrée dose de courage. Nous pensons à toutes ces femmes qui, d’Afghanistan à l’Iran, luttent pour retrouver leur dignité d’être humain avec pour seule arme de destruction massive, leur courage, leur foi en une cause qui les dépasse. Reçoivent-elles un appui, a minima verbal, de celles que l’on qualifie de « féministes » si promptes à dénoncer les discriminations, supposées ou réelles, dont elles seraient victimes en Occident ? Montent-elles au créneau pour dénoncer le sort réservé à leurs alter ego iraniennes ? Que nenni. De Conrart, elles imitent le silence prudent. Y compris pour celles qui brandissent en étendard la fameuse « diplomatie féministe ». Alors que la peur est à Téhéran et les femmes y font preuve d’un courage incroyable, la nonchalance est à Paris où les féministes se retranchent dans une timidité de bon aloi.
LA PEUR EST À TÉHÉRAN : FEMMES COURAGE
« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de la peur, mais la capacité à la vaincre » (Nelson Mandela). Qui de mieux placé que l’ancien prisonnier de Robben Island sous le régime de l’apartheid (1964-1982, puis à Pollsmoor jusqu’en 1988) devenu président de la République sud-africaine (1994-1999) pour nous livrer sa définition du courage ! Ce courage sans limite qui inspire le combat de toutes ces femmes iraniennes pour la levée du voile sur toutes les discriminations insupportables dont elles sont les victimes. Que dire du prix Nobel de la paix 2023, la militante des droits de l’homme Narges Mohammadi, emprisonnée depuis 2021. Plus de 20 ans de lutte pour les droits des femmes ont fait d’elle un symbole de liberté et un porte-étendard dans la lutte contre la théocratie iranienne ? Elle vient d’être libérée pour trois semaines pour raisons médicales. Que dire de cette étudiante arrêtée, en novembre 2024, après s’être mise en sous-vêtements, pour protester contre le harcèlement des agents de sécurité qui lui reprochaient de ne pas respecter le strict code vestimentaire islamique ? Que dire de la chanteuse interpellée, en décembre 2024, pour avoir chanté sans porter le voile ? Et de tant d’autres femmes anonymes qui croupissent dans les geôles iraniennes. Dans le village planétaire, leur calvaire est bien documenté en dépit de la censure imposée par le régime. Une sorte de crime contre l’humanité qui ne dit pas son nom. La femme iranienne sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même, sur sa volonté des mettre quelques cailloux dans la babouche des Mollahs pour les conduire à résipiscence. Son courage est impressionnant tant elle affronte le danger avec une certaine insouciance du lendemain qui déchante. Elle sait que la victoire contre l’obscurantisme n’est jamais un long fleuve tranquille. Mais, elle est au bout du chemin ! Si noble soit-elle, sa cause ne semble pas soulever les foules en dehors du territoire iranien. En Occident et dans la patrie auto-proclamée des droits de l’homme, elle prêche dans le désert de l’indifférence des féministes, préoccupées par d’autres causes.
LA NONCHALANCE EST À PARIS : FÉMINISTES TIMIDES
« Ceux qui manquent de courage ont toujours une philosophie pour le justifier » (Albert Camus). Du MLF à MeToo, la déferlante féministe occidentale emporte tout sur son passage. Souvent pour d’excellentes raisons, parfois pour de moins bonnes. L’idéologie l’emporte souvent sur la raison. L’excès sur une certaine retenue. Son diagnostic est sans appel. Le mâle est le mal incarné. Celui par qui l’inacceptable arrive. Celui qu’on livre – coupable ou innocent – à la vindicte populaire, à la tyrannie des médias, au lynchage de la foule sans autre forme de procès. Les dieux ont soif, comme nous le rappelle Anatole France. Qu’en est-il pour la défense de la noble cause des femmes iraniennes martyrisées au nom d’une certaine idée de la religion ? De façon incompréhensible au pays de René Descartes, la « diplomatie féministe » est aux abonnés absents. Son silence assourdissant suscite l’incompréhension des bonnes âmes, y compris masculines, pour ne pas dire machistes. Que font celles qui demandent la désignation d’une secrétaire générale de l’ONU au nom du genre et non de la compétence pour régler tous les problèmes dont souffrent en priorité les femmes dans le monde ?[1] Que font toutes les diplomates françaises qui n’ont que le mot de « diplomatie féministe » à la bouche dans tous leurs discours et les dîners en ville ? Que fait la directrice adjointe de cabinet du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée plus spécifiquement de la promotion de la « diplomatie féministe » ? Que fait Nathalie Loiseau, députée européenne, féministe bon ton, fondatrice de « l’Association femme et diplomatie » ? Elles sont silencieuses, ne semblant pas prendre au sérieux la cause des femmes iraniennes. Pour quelles raisons ? Y aurait-il des causes plus nobles que d’autres ? Dans l’affirmative, quel critère retiennent-elles pour en décider ainsi ? Tel est le grand mystère de la « diplomatie féministe » !
VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT
« Une femme qui n’a pas peur des hommes leur fait peur ». Cette citation de Simone de Beauvoir sied à toutes ces femmes iraniennes qui font trembler sur ses bases le régime machiste des Mollahs. Un jour, pas si éloigné que cela, ne parviendront-elles pas à le renverser tel un vulgaire château de cartes par leur détermination sans faille ? L’exemple de la chute du régime de Bachar Al-Assad leur redonne espoir. Or, leur combat ne trouve qu’un écho limité chez celles qui sont censées être leurs meilleures avocates en Occident. Par une pirouette de l’Histoire, n’appartiendrait-il pas aux hommes de bonne volonté de se substituer aux féministes défaillantes pour reprendre le flambeau ? Ils en sortiraient grandis. Elles en sortiraient affaiblies. Il est bien plus confortable de décrypter le réel une fois que les faits se sont produits. À savoir que les Iraniennes remportent leur juste combat pour la liberté. De Téhéran à Paris, n’assistons-nous pas incrédules à une sorte de voyage au bout de la nuit opposant femmes héroïques en Perse aux féministes stoïques en France ?
Les opinions exprimées ici n’engagent que leur auteur
[1] Jean Daspry, De quelques errements de la diplomatie féministe !, https://lediplomate.media/2024/11/errements-diplomatie-feministe/jean-daspry/france/ , 26 novembre 2024.
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