Tribune – Trump : J-3

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Trump réélu président
Réalisation Le Lab Le Diplo

Par Marc Fromager

Deux mois et demi après sa réélection – il faudra un jour que nos amis Américains nous expliquent la pertinence de ce délai – Donald Trump emménage à nouveau dans la Maison Blanche.

Compte tenu de sa personnalité et des déclarations qu’il a déjà faites ces dernières semaines, le monde s’attend à une période mouvementée, certains arguant même d’une nouvelle ère. Effets de la communication électorale ou réel agenda réformiste, nous ne tarderons pas à être fixés. MAGA le retour, attachez vos ceintures !

Avant de se lancer dans une prospective très aléatoire au vu des velléités de changement que le nouveau Président a annoncées, on peut déjà se référer à son premier mandat (2016-2020).

Que l’on apprécie ou pas la personne, force est de reconnaître que la majorité des médias, aux Etats-Unis mais également chez nous, auront passé leur temps à le descendre virtuellement pendant ces huit dernières années, les quatre de son mandat et les quatre suivantes, ce qui aura sans doute suscité chez certains le projet de l’éliminer pour de bon.

Même si c’est de bonne guerre, Obama – son prédécesseur – lui aura largement savonné la planche et les Démocrates ne lui auront rien épargné en termes de poursuites judiciaires et d’obstruction pour l’exercice de son mandat.

Dépeint comme un anticonformiste arrogant, résolument indépendant des codes de la vie politique, l’analyse de son bilan donne pourtant un éclairage différent.

Au niveau international, Trump n’aura pas initié de nouvelles guerres, ce qui est suffisamment rare au regard de l’histoire des États-Unis. Les Accords d’Abraham lui auraient largement valu un Prix Nobel de la Paix, mais c’est à Obama, à peine arrivé à la Maison Blanche et qui en huit ans aura déclenché un nombre impressionnant de conflits, que l’on remettra la très honorifique récompense.

Si l’on se réfère à son action passée et aux premières déclarations concernant notamment son désir de mettre un terme à la guerre en Ukraine, nous pourrions raisonnablement être dans une expectative plutôt optimiste.

Trump souhaite renverser la table et remettre l’Amérique au centre du monde. Force est de reconnaître que le chantier s’avère colossal.

La population américaine est en mauvaise santé – 80% des jeunes ne sont pas aptes (obésité, dépendance aux drogues, fragilité psychique) à servir dans l’armée et le wokisme finit d’achever les autres.

Malgré son apparente hyper-puissance, les États-Unis perdent du terrain dans un monde redevenu multipolaire avec le développement des BRICS et le renforcement de la Chine, le vrai concurrent qui sera l’enjeu principal du XXIème siècle.

Dans ce contexte, il est probable que Trump voudra aller vite et fort et que nous risquons d’être passablement surpris. À la différence des Démocrates contrôlés par l’État profond, Trump ne goûte pas à la guerre perpétuelle et au pillage méthodique du reste de la planète. Une certaine indépendance vis-à-vis du complexe militaro-industriel le rend apparemment moins lié à cet agenda de destruction auquel le pays nous a habitués ces dernières décennies.

Peut-il pour autant s’en extraire totalement ? Et le veut-il ? Trump comprend évidemment que la relative hégémonie américaine repose aussi sur sa puissance militaire mais il semble remettre en cause le bien-fondé – on pourrait dire le retour sur investissement – des ces expéditions post-coloniales coûteuses et le réel profit qu’en retirent les USA.

Cela ne fait pas de lui un philanthrope et on peut même imaginer qu’il n’hésitera pas à tordre le bras de ceux qui pourraient s’opposer ou même ralentir la mise en œuvre de ses objectifs.

Prenons la guerre en Ukraine. On l’a dit, il semble vouloir y mettre un terme mais de quoi s’agit-il réellement? La guerre en Ukraine a été une guerre américaine contre la Russie et l’Europe.

Conscient que l’opération contre la Russie (sanctions, effondrement économique et politique, fragmentation du pays) a échoué, Trump souhaite redéfinir les relations avec Poutine. Contre la Chine, les États-Unis auraient plutôt intérêt à se mettre les Russes dans la poche.

Contre l’Europe en revanche, l’opération a parfaitement fonctionné : la destruction du Nord-Stream a fait exploser le coût de l’énergie, accéléré la désindustrialisation et la vassalisation du continent au profit des États-Unis.

Les élites européennes ont accepté leur soumission. Pourquoi diantre Trump souhaiterait-il modifier cette rente inespérée ? Il évoque ainsi le désir de réduire considérablement l’implication financière américaine au sein de l’OTAN, bras armé de l’occupation politique de l’Europe mais il n’a jamais dit qu’à l’instar du Pacte de Varsovie, l’OTAN serait dissous.

Simplement, ce sont les Européens qui devront se saigner davantage pour financer cet outil de domination américaine et bien entendu augmenter considérablement leurs commandes d’armement américain.

Dans ce sens, l’élection de Trump est sans doute une bonne nouvelle pour les Ukrainiens qui ne seront plus obligés de mourir en masse – Biden disait qu’on (les Américains) « se battrait jusqu’au dernier Ukrainien vivant ».

Pour les Européens en revanche, rien ne dit que la dépendance volontairement acceptée et son corolaire franchement désavantageux pour nous seront remis en cause.

Les USA : un ami qui nous veut du bien. L’Europe n’existe plus sur la scène internationale et nos politiques en redemandent. Ce n’est pas le problème de Trump. Et on le comprend.


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