
Par Olivier d’Auzon
En juillet 2024, la France a officiellement rétrocédé sa base militaire de Libreville aux autorités gabonaises, marquant une étape clé dans la révision de sa présence en Afrique. Mais loin d’un départ total, Paris a choisi de maintenir un contingent réduit de 70 soldats dans la capitale gabonaise, sous le commandement d’un colonel depuis août 2024. Cette réorganisation illustre une volonté plus large de la France de repenser son dispositif militaire en Afrique, un continent où sa présence est de plus en plus contestée.
Une transformation symbolique et stratégique
Selon Africa Intelligence, cette nouvelle configuration vise à préserver une coopération militaire avec Libreville, tout en adaptant le format de l’engagement français. Le Camp de Gaulle, ancienne base militaire française, est ainsi devenu une installation partagée avec l’armée gabonaise, marquant un passage progressif d’une présence française dominante à une collaboration renforcée avec les forces locales.
Cette transition s’inscrit dans une dynamique plus large amorcée par Paris, qui cherche à repenser sa posture militaire sur le continent africain. Après les retraits de plusieurs bases au Sahel et la montée d’un sentiment anti-français dans certaines capitales africaines, la France privilégie désormais un modèle de partenariat « sur mesure », plus discret et moins intrusif, en adéquation avec les demandes des États souverains.
Une réduction assumée des effectifs militaires français
L’enjeu de cette réorganisation dépasse le simple cadre du Gabon. En novembre 2024, un rapport de Jean-Marie Bockel, envoyé spécial du président Emmanuel Macron pour l’Afrique, a préconisé une réduction significative des troupes françaises sur le continent. Selon Africa Intelligence, ce document stratégique propose de ramener les effectifs militaires français au Gabon de 2 300 à environ 600 hommes, une diminution qui s’accompagne d’un repositionnement de la coopération militaire sur la formation et l’appui logistique plutôt que sur la présence permanente de troupes opérationnelles.
Cette refonte du dispositif militaire répond à un double impératif : répondre aux attentes des États africains, qui revendiquent une autonomie accrue dans la gestion de leur défense, et adapter la présence française à un contexte régional en pleine mutation.
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Un tournant dans les relations franco-gabonaises
Le choix de Paris de réduire sa présence militaire au Gabon intervient également dans un contexte de rééquilibrage des relations diplomatiques entre les deux pays. Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema, arrivé au pouvoir après le coup d’État d’août 2023 ayant renversé Ali Bongo, a exprimé sa volonté de diversifier les partenariats stratégiques du Gabon.
Dans cette perspective, Libreville cherche à renforcer ses liens avec d’autres puissances, notamment la Chine et la Russie, tout en conservant une coopération pragmatique avec la France. La présence réduite mais maintenue des forces françaises pourrait ainsi être perçue comme un gage de continuité, garantissant un soutien stratégique sans empiéter sur la souveraineté nationale.
Vers un nouveau modèle de présence militaire française en Afrique ?
Ce repositionnement militaire au Gabon illustre la nouvelle doctrine française en Afrique : une présence plus légère, moins visible et axée sur des collaborations « coconstruites », selon les termes du rapport Bockel cité par Africa Intelligence. La France entend ainsi répondre aux critiques d’ingérence tout en maintenant un rôle sécuritaire dans des régions stratégiques.
Reste à savoir si cette approche suffira à dissiper les tensions et à redéfinir durablement les relations militaires franco-africaines. Une chose est sûre : la coopération entre Paris et Libreville entre dans une ère nouvelle, où l’équilibre entre soutien militaire et respect de la souveraineté nationale sera la clé de son succès.
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