ANALYSE – La Turquie cherche à rejoindre les BRICS alors que l’espoir d’adhésion à l’UE s’amenuise

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RéalisationLe Lab Le Diplo

Par Olivier d’Auzon

La Turquie a officiellement exprimé son intérêt à rejoindre les BRICS, le bloc économique des marchés émergents, dans le cadre de sa stratégie plus large visant à diversifier ses partenariats internationaux. 

À la recherche de nouveaux horizons économiques

Le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, Hakan Fidan, a confirmé cette ambition, soulignant que le président Recep Tayyip Erdogan cherche à élargir les options économiques du pays après des décennies de négociations infructueuses avec l’Union européenne.

« L’UE était notre premier choix », a déclaré Hakan Fidan à Bloomberg TV le 22 février 2025 « Si nous ne pouvons pas faire partie de l’UE, alors d’autres alternatives seront toujours envisagées.»

Ses propos illustrent la frustration de longue date de la Turquie face au processus d’adhésion à l’UE, entravé par des désaccords politiques, économiques et culturels.

De l’UE aux BRICS : un changement de stratégie

La candidature de la Turquie à l’adhésion à l’UE est en suspens depuis 1987, avec des avancées bloquées à plusieurs reprises en raison de préoccupations liées aux droits de l’homme, à la gouvernance démocratique et aux différences culturelles. Bien qu’Ankara reste officiellement attachée à l’adhésion à l’UE, le manque de progrès l’a poussée à explorer des alliances alternatives, en particulier avec les économies émergentes du Sud global.

En rejoignant les BRICS, la Turquie espère renforcer ses relations commerciales et économiques avec des puissances comme la Chine, la Russie et l’Inde. Une place au sein du bloc permettrait aux entreprises turques d’accéder plus facilement à ces marchés stratégiques et de favoriser une coopération économique renforcée.

Des progrès limités dans la candidature aux BRICS

Malgré l’enthousiasme d’Ankara, les BRICS n’ont pas encore proposé une adhésion pleine et entière à la Turquie. Pour l’instant, le pays s’est vu accorder un « statut de pays partenaire », ce qui reste en deçà de ses attentes.

Lors du sommet des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, Fidan a reconnu que bien que la Turquie soit intéressée par une adhésion aux BRICS, le processus restait incertain. « Nous sommes intéressés, mais nous n’avons pas encore reçu d’offre d’adhésion », a-t-il déclaré.

Les BRICS, qui rassemblent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ont récemment élargi leur cercle en intégrant de nouveaux membres tels que l’Iran et l’Indonésie. 

Toutefois, bien que le bloc gagne en influence sur la scène économique mondiale, il demeure moins structuré et cohérent que l’Union européenne.

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Un défi à la domination occidentale ?

Les ambitions turques vis-à-vis des BRICS interviennent à un moment où le bloc cherche à s’imposer comme un contrepoids aux institutions financières dominées par l’Occident. Avec sa Nouvelle Banque de Développement et son influence croissante dans le commerce international, les BRICS attirent l’attention et les critiques des États-Unis et de l’Union européenne, notamment en raison de leur potentiel à remettre en cause l’hégémonie du dollar.

Pour Ankara, les BRICS ne représentent pas seulement une opportunité économique, mais aussi un changement géopolitique en accord avec sa politique étrangère de plus en plus indépendante et son engagement croissant envers les économies non occidentales.

Un rôle croissant en Afrique

L’intérêt de la Turquie pour le multilatéralisme se reflète également dans son implication croissante sur le continent africain. Ankara a renforcé ses relations avec plusieurs pays africains, notamment en matière de coopération contre le terrorisme avec des nations comme la Somalie.

« La Turquie offre une opportunité à certains pays africains », a déclaré Fidan, mettant en avant les partenariats stratégiques noués sur le continent.

Quel avenir pour la position internationale de la Turquie ?

Alors que la candidature de la Turquie à l’UE demeure bloquée et que son adhésion aux BRICS reste incertaine, Ankara poursuivra probablement ses efforts pour diversifier ses alliances afin de renforcer sa résilience économique. Fidan a souligné la nécessité d’une coopération multilatérale, affirmant que « si nous pouvons institutionnaliser le multilatéralisme, il serait plus facile de résoudre les problèmes liés à la géopolitique, à la guerre et à la paix, ainsi qu’aux défis économiques ».

Dans un contexte de réorganisation des alliances économiques mondiales, la position de la Turquie—que ce soit au sein des BRICS, de l’UE ou ailleurs—sera un facteur clé de son influence future sur la scène internationale

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